Tu mangeras quand tu seras un bon citoyen.

En discutant sur liberaux.org, qui est devenu mon repaire et repère préféré, je me suis dit que l’étatisme, dans toutes ses variantes, socialisme, néolibéralisme, néoconservatisme, communisme, tiers-mondisme, est une forme d’infantilisation, de condescendance, voire une forme de racisme inversé. Je vais essayer de vous faire comprendre ce que je veux dire.

Il y a quelques temps, j’ai vu une affiche qui m’a profondément choqué. Il s’agissait d’un Noir, manifestement Africain et visiblement dans la misère. C’était du moins ce que son expression dépitée semblait vouloir signifier. Le slogan de cette affiche était: “Tu mangeras quand tu seras compétitif”. C’était une critique masquée du libéralisme et du libre-échange, se réduisant pour l’inventeur de ce slogan à l’idée que seuls les plus compétitifs mangent à leur faim, les autres étant réduits à poser sur des affiches pour que les riches puissent leur faire l’aumône. L’alternative à ce libéralisme triomphant était bien évidemment un programme d’aide. Je dois dire que je ne suis pas sûr que cette affiche était l’oeuvre d’une organisation étatique. Il pouvait s’agir d’une ONG ou peut-être même d’une association ne touchant pas un sou de l’état. Mais elle m’a fait comprendre le ressort de l’action étatique.

Ne remarquons même pas que le slogan de cette affiche est complètement faux, que l’agriculture africaine est très compétitive et que c’est au contraire l’agriculture et des pans entiers de l’industrie européenne qui ont besoin de subventions, de barrières douanières et de protections en tous genres pour continuer à supporter la concurrence des “pays à faibles coûts de main d’oeuvre” (comprendre “pays plus compétitifs que nous”). Ne remarquons pas que les famines s’expliquent non par le libre-échange, mais souvent par l’intervention d’un état: dumping agricole, guerre, famine organisée, corruption, détournement des aides, etc…

Demandons-nous simplement ce que cette affiche nous dit des personnes qui ont rédigé ce slogan et qui le croient vrai.

D’après ces tristes sires, ce pauvre Africain n’est pas assez compétitif pour pouvoir se nourrir correctement. Dans ce cas, pourquoi a-t-il choisi la profession qu’il exerce? S’il ne peut même pas se nourrir en exerçant ce travail, pourquoi ne change-t-il pas de métier, pour exercer une autre profession qui lui rapportera plus d’argent? Il n’y a que deux réponses possibles. La première est qu’il y a effectivement des emplois mieux payés dans son pays mais cette personne n’est pas suffisamment douée pour les exercer ou n’est pas capable de déterminer où se trouve son intérêt. C’est une personne peu qualifiée, peut-être même est-ce un idiot congénital. L’autre réponse possible est que cet Africain exerce ce métier parce qu’il n’a pas le choix, plus précisément, il n’a rien trouvé de mieux à faire que cette activité misérable. Dans les deux cas, puisque le mieux qu’il a pu trouver ne lui permet même pas de se nourrir, il faut que l’homme blanc, riche, intelligent et gras sorte son porte-monnaie pour lui faire l’aumône. En résumé, l’idée que cet Africain n’est pas compétitif et qu’il faut (c’est à dire que l’état doit) lui payer à manger équivaut à infantiliser cette personne, en lui niant la capacité de se sortir d’affaire toute seule, comme un parent qui dirait à son enfant: “Tiens, voilà ton argent de poche”. Et encore, je reste gentil, l’expression de racisme inversé ne me paraît pas extravagant pour qualifier une telle illusion de supériorité condescendante.

Prenons maintenant l’exemple du marxisme. Le marxiste tient un raisonnement similaire, à l’endroit du prolétaire cette fois-ci. L’analyse marxiste du monde, c’est la théorie de la plus-value, à savoir que le capitaliste est un exploiteur qui paie ses ouvriers moins cher que la valeur réelle du travail qu’ils fournissent. Pourquoi les ouvriers ont-ils accepté de se faire exploiter? Ou bien, grands enfants qu’ils sont, ils ont accepté ce travail dans l’ignorance de leur propre exploitation, ou bien ils n’avaient pas le choix, ce qui prouve que laissés à eux-mêmes, ils n’aboutissent qu’à se faire exploiter. Dans les deux cas, la solution à leur problème, c’est “l’édification des masses et l’appropriation collective des moyens de production”, c’est à dire une intervention de l’état pour mettre fin à leur ignorance et à leur malheur. On retrouve ici le thème de “Vous êtes des enfants ignorants et faibles mais moi, je sais comment vous aider car je suis tellement plus intelligent que vous que j’ai déjà calculé tout cela”.

Un dernier exemple d’intervention étatique est à nouveau de la même engeance: la lutte contre le chômage, si bien incarnée par les aides aux entreprises en difficulté ou l’action de l’état contre les délocalisations. Peu importe que ces interventions soient complètement à côté de la plaque, car le chômage résulte de la faiblesse de la création d’entreprise en France et n’a rien à voir avec les licenciements et les délocalisations, qui ne sont pas pires que dans les autres pays. Ce qui compte, c’est ce que ces actions révèlent de l’étatiste. Réfléchissons un peu en prenant l’exemple d’une entreprise en difficulté, qui menace de licencier plusieurs centaines de personnes. Craignant pour sa réélection, l’homme politique obtient des subventions ou des exonérations de l’état, prélève sur le budget de fonctionnement de son administration et verse une somme conséquente à cette entreprise, ce qui lui permet de continuer son activité, au moins jusqu’à la prochaine alerte (après les prochaines élections, normalement). Pourquoi un investisseur ou un groupe d’investisseurs n’a-t-il pas fait la même chose? Comment se fait-il que le patron de l’entreprise n’ait trouvé personne pour remettre de l’argent dans son capital? Pourquoi les salariés de l’entreprise eux-mêmes n’ont-ils pas rassemblé la somme nécessaire? Le message de l’homme politique est ici: “Moi, je sais mieux que vous, patron incompétent, investisseurs ignares et bêtes salariés ce qui est bon pour votre entreprise, votre capital, vos emplois”.

Je pourrais ainsi multiplier les exemples. L’idée centrale de l’étatisme est que quelqu’un, quelque part dans un ministère ou une administration, sait mieux que vous ce qui est bon pour vous-même. Cette personne a fait l’ENA, a été élue, a la science infuse et souvent, ce sont les trois options en même temps! Etant tellement supérieure, elle se permet de vous traiter de haut, de vous abreuver de conseils, voire même de vous asperger d’argent, comme un milliardaire le ferait avec les gueux qui l’assaillent.

Lorsque vous étiez un enfant, vous vous disiez que vos parents, plus expérimentés au point que ce sont eux qui payaient pour vous, savaient mieux que vous-même ce qui vous convenait. Encore respectaient-ils un minimum vos choix et ne vous imposaient-ils pas de prendre des cours de danse si vous préfériez faire du judo, par exemple. Comment justifier qu’un autre adulte puisse vous imposer un choix en prétendant savoir mieux que vous ce qu’il vous faut? C’est pourtant ce que fait l’étatiste, sous des prétextes divers et variés, mais toujours en vous infantilisant car lui a la solution du problème où vous vous êtes bêtement fourré.

“Vous comprendrez quand vous serez enfin devenus adultes”. Là est le message suprême de l’étatiste.

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Commentaires16

  1. dko

    Ahhhhh ! je me souviens de cette affiche qui m’avait plus qu’attiré l’oeil dans le métro parisien il y a quelques temps. Je suis content de voir que je ne suis pas le seul à m’être interrogé sur le fond de ce message… A l’époque, je m’étais dit que l’endoctrinement existait toujours et que les méthodes de l’ex-URSS allaient revenir en force !

  2. Sous-Commandant Marco

    CCFD qui, d’après son rapport d’activité 2004 touche environ trois millions d’euros d’argent public par an:

    http://www.ccfd.asso.fr/e_upload/pdf/faits_chiffres_clefs2004.pdf

    Ce n’est pas eux que je critique, c’est surtout la logique du “don obligatoire” rendu nécessaire par l’inéquité du commerce mondial, alors que cette dernière et les problèmes du tiers-monde en général sont en grande partie causés par l’interventionnisme et le protectionnisme des états. D’ailleurs, au lieu de s’élever contre l’inégalité d’ouverture des marchés et les politiques protectionnistes comme la PAC, qu’ils dénoncent pourtant fort justement, le CCFD milite activement pour l’augmentation du protectionnisme:

    http://www.ccfd.asso.fr/ewb_pages/d/doc_557.php

    Ce sont les pays riches qui faussent la concurrence, mais c’est au pays pauvres de faire du protectionnisme, c’est à dire de s’appauvrir encore plus. C’est tout de même paradoxal, non?

  3. A.Volt

    Bonjour,

    Je ne sais pas si vous lisez encore des les commentaire sur des articles plus anciens comme celui ci…

    D’abord, pour vous eviter l’amalgame, je suis un liberal comme vous, je suis totalement d’accord sur la critique de cette afiche…

    J’ai remarque, en surfant regulierement sur le web liberal francais, que nous avons tendance à nous radicaliser avec le temps, en réaction à la connerie generale qui regne dans ce pays et pas seulement…

    Par contre,et c’est sur ce point que je pense que vous egarez un peu, a moins d’avoir mal compris, quand vous critiquez la notion d’aide dans son sens global. En particulier, doit on critiquer le fait qu’une association essaie de rassembler des fonds pour aider des enfants qui ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins?,et la , je ne parle pas de l’association en question qui fait certainement plus de mal que de bien en transmettant un message si mensonger.enfin…

    Un marche veritablement libre tirerait probablement assez vite ces peuples de la misere, mais d’ici la, et si il existera, peut on dire que toute aide est inutile?

  4. Sous-Commandant Marco

    Cher A.Volt,

    Oui, je fais un effort pour lire les commentaires sur mes billets.

    Pour revenir sur ce billet-ci, je ne critique pas l’aide en général, pas du tout. Je distingue l”aide obligatoire” de l’aide volontaire. Un bon exemple d’aide obligatoire est le dumping agricole. En effet, les contribuables européens sont obligés de payer des subventions afin que les exportateurs puissent vendre leurs produits à prix réduit sur les “marchés internationaux”. On ne peut pas nier que, pour un consommateur dans un pays pauvre, il vaut mieux payer moins cher des marchandises importées que des productions locales. Le problème, c’est que ces “aides obligatoires” détruisent les agricultures locales, puisque les producteurs locaux sont soumis à une “concurrence déloyale”. Il nous faut ensuite payer une seconde fois pour financer des programmes d’aide à l’agriculture locale. Pas très malin!

    Un autre exemple d’aide obligatoire est le prêt des pays riches aux pays pauvres, qui a engendré la dette qui les étouffe aujourd’hui. Si l’on fait un bilan, on constate que ce sont les potentats locaux qui ont engrangé les sommes d’argent déversées sur leurs pays. Et ce sont les peuples qui doivent rembourser les prêts. Encore un exemple d’obligation néfaste.

    C’est donc ce principe d’aide obligatoire que je critique. Et j’observe que le CCFD ne préconise pas l’arrêt du dumping agricole ou l’arrêt des aides d’état à état, mais propose plus de protectionnisme, c’est à dire encore plus d’interventionnisme et de contraintes. Je prédis que cela ne ferait qu’accroître la pauvreté de ces pays.

  5. juju

    L’affiche "tu mangeras quand tu seras grand" vient de l’association "CCFD" (Comité Catholique contre la Faim et le Développement).

    Elle est franchement trés touchante …
    Il faut que cette pauvreté cesse, trouver des moyens mais ce n’est pas facile …

  6. Rahhh

    "Il faut que cette pauvreté cesse, trouver des moyens mais ce n’est pas facile …"

    du moment que tu nous oblige pas a payer pour ta therapie…
    aucune pauvrete ne cessera jamais, faut vraiment etre naif.
    beurrrrrk mentalite de meeeeeerde

  7. Disons qu’au lieu de dire “il faut que cette pauvreté cesse”, il vaut mieux dire “je dois tout faire à titre personnel pour que la pauvreté d’untel ou untel autre cesse” ce qui est fondamentalement différent…

  8. colibri

    Alors les pseudos libéraux-décomplexés, est-ce que l’un de vous a déjà partagé la pauvreté (matérielle) des gens symbolisés par cette affiche du CCFD ?

    J’entend déjà la réponse négative siffler, ou alors c’est que vous n’avez rien compris à ce que vous avez vécu là bas. Ecoutez plutôt cette histoire :

    " Un gigantesque incendie ravage la forêt. Les animaux assistent impuissants à la progression inexorable des flammes. Seul un minuscule colibri s’active. Il plonge dans la rivière, recueille une goutte d’eau dans son bec, va la jeter sur le brasier et recommence.
    « Colibri, tu sais que tu ne peux rien tout seul contre cet incendie, tu sais que la goutte que tu jettes dans les flammes n’a aucune chance de l’éteindre ? » lui disent les animaux de la forêt.
    « Je le sais », répond le colibri, « mais je fais ma part ».

    Et vous les libéraux c’est quoi votre part?

  9. Sacré colibri. La fin de l’histoire est la suivante : les autres animaux s’enfuient. La forêt fini de brûler, puis repousse. Le colibri, lui, est mort brûlé. Les autres animaux auront une descendance nombreuse. Le colibri, lui, ne sera qu’un petit souvenir rapidement oublié.

    Finalement, je préfère être un libéral décomplexé qu’un esclavagiste décomplexé.

  10. Phantom

    Cet acte désespéré du colibri est inutile dans une forêt libre où les animaux ont le droit d’exporter librement des biens forestiers manufacturés et d’importer des extincteurs fabriqués par les castors de la forêt voisine.

  11. Solid’R

    ‘jour
    en tous cas, c’est une affiche qui vous donne à réfléchir !
    C’était d’ailleurs l’un de ses objectifs.
    Allez, d’autres encore (comme dirait l’autre, pendant que vous réfléchissez, vous libéralisez pas…):
    Désolé, l’eau potable est trop chère pour toi (visuel d’un môme africain avec une tasse vide)
    Tu mangeras quand tu auras remboursé les 2100 milliards de dollars (visuel: môme africain)

    A venir?
    Tu mangeras quand tu auras rempli nos réservoirs!
    Tu mangeras quand tu auras nourri nos vaches!

    Bonne cogite!

  12. Bien résumé : à chaque catastrophe que l’Etat provoque, des enfants trinquent. Et le fait de trop réfléchir empêche de libéraliser, ce qui effectivement aggrave encore les pénuries.

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