Les 7 fonctionnaires

Avec l’invasion des séries américaines comme West Wing, il n’y avait pas longtemps à attendre pour qu’un réplique franco-française voie le jour. L’Etat de Grace aura permis de constater qu’une fois encore, les équipes Demaerd Movies & Telefilms auront frappé fort. Plus fort encore, elles nous proposent maintenant Les 7 Fonctionnaires, un remake quasi-tarantinien des 7 samouraïs.

Antoine, 42 ans, est professeur des écoles. Au début de sa carrière il y a une petite quinzaine d’années, Antoine a inventé une méthode éducative révolutionnaire, reposant sur la disparition de l’écrit, la suppression des contraintes et la réduction permanente des inégalités par les échanges culturels à parfaite égalité entre les élèves. L’Education Nationale ne l’a pas suivi et l’a obligé à animer des cours d’informatique sponsorisés par la société Goupil. Dégoûté par l’irruption du marché à l’école, il a préféré échouer dans la ZEP de Belleuil, une commune de la couronne parisienne. Ayant des difficultés à se faire respecter dans sa classe par les jeunes de Belleuil, il traîne sa dépression chronique en compagnie de Séverine, une mère célibataire de 37 ans qui essaie d’apprivoiser cet écorché vif.

Josiane, 28 ans, est assistante sociale. Elle est en prise directe avec les inégalités sociales et la misère. Employée par le service d’action sociale de la mairie de Belleuil, elle passe son temps à dégoter des moyens afin de distribuer de maigres subsides aux familles dans le besoin. Par exemple, sa débrouillardise lui a permis de négocier un accord avec un coopérative de distribution de produits électroniques, qui équipe en appareils électro-ménagers les familles nécessiteuses de la zone HLM de Belleuil. Josiane critique souvent le maire de Belleuil, Maurice Dimstein, un homme d’affaires doublé d’un politicien sécuritaire, qui rogne sur les budgets sociaux pour distribuer des subventions aux entreprises.

Marcel, 52 ans, est un ancien ouvrier reconverti en éducateur. Les ravages du capitalisme, Marcel les a vus de près lorsque son usine de pièces mécaniques pour les camions de l’armée française a mis la clé sous la porte en 1988, le laissant sur le carreau, lui et 2400 collègues. Au chômage pendant 3 ans puis au RMI dès la création de ce dernier, il finit par sortir la tête hors de l’eau grâce à un programme de solidarité créé en commun par la mairie de Belleuil, la CGT et le Ministère de la Ville. En suivant les cours du soir pendant deux ans, il est devenu éducateur pour les jeunes en difficulté, “à la force du poignet” comme il le dit lui-même. Sa femme, qui l’avait quitté avec leurs deux enfants pour un cadre supérieur de l’industrie chimique, est revenue dans leur foyer, après 8 ans de séparation. Mais Maurice Dimstein menace de fermer le service où travaille Marcel, prétendûment pour faire des économies et rembourser la dette publique de Belleuil.

Olivier, 26 ans, est quant à lui employé EDF. C’est un fervent partisan du service public à la française. La privatisation de l’électricité et de l’énergie, il ne faut pas lui en parler : “c’est une mission qui doit rester au coeur de l’Etat”. Olivier est tenté par l’action politique à l’ultra-gauche mais il hésite encore “pour ne pas ouvrir un boulevard au Front National”. Il se contente pour l’instant d’assister aux meetings en se demandant comment il pourrait se rendre utile. Son engouement pour la politique et la faiblesse de son salaire l’ont amené à épouser en mariage blanc Malika, une palestino-irakienne sans papiers qui entretient des relations troubles avec le Takfir, un mouvement islamiste solidement implanté dans la zone HLM de Belleuil. Malika et Olivier vivent ensemble pour ne pas s’attirer les foudres de la police mais font chambre à part. Récemment cependant, Malika a montré de l’intérêt pour les livres de la bibliothèque politique d’Olivier. Un rapprochement entre ces deux êtres que tout oppose est-il possible ?

François-Jacques, 31 ans, est chargé de mission au Ministère de la Culture. Major de sa promotion à l’ENA, apôtre de la diversité culturelle, il est en charge du contrôle budgétaire des aides au spectacle vivant de rue. Toujours tiré à 4 épingles, François-Jacques ne quitte sa calculatrice et son agenda que pour s’émerveiller des résultats de l'”exception culturelle”, une politique consensuelle entre la droite et la gauche. Lorsqu’il lève son regard vers une statue vivante de Jean Jaurès incarnée par un intermittent du spectacle ou vers une scène de la Comedia Dell Arte Revendicative du Festival de Culture Alternative de Vierzon, ses yeux brillent. “Tout ça, c’est grâce à moi”, se dit-il. A la recherche du grand amour, François-Jacques papillonne entre comédiennes et théâtreuses, sans jamais trouver l’âme soeur. Il est justement de passage dans la région afin de superviser le financement du Slam Dingue, un championnat de slam citoyen organisé par un collectif de la cité HLM de Belleuil.

Marie-Christine, 33 ans, est infirmière. Après avoir séjourné 3 ans au Mali au sein d’une ONG spécialisée dans l’agriculture citoyenne et le développement durable, Marie-Christine est récemment rentrée en France où son désir d’aider les autres a pu se réaliser dans le service des urgences du CHU de Belleuil. Gaie mais seule à élever son petit garçon de 7 ans, Marie-Christine passe des heures supplémentaires à son travail. Le service des urgences est totalement débordé, du fait du manque de moyens et de la difficulté à recruter des infirmières et des médecins, attirés par les salaires mirobolants proposés par la clinique privée de Maurice Dimstein.

Michel, 38 ans, est policier. Alors qu’il venait de rentrer dans la police, Michel a vu son co-équipier se faire tuer par des revendeurs de drogue, sans pouvoir dégainer son arme de service. Marqué à vie par ce qu’il considère comme un échec, il a rejoint la police de proximité, qui patrouille autour de la cité HLM de Belleuil. Mais l’arrivée récente au Ministère de l’Intérieur d’un politicien sécuritaire du même parti que Maurice Dimstein a changé la donne. Il faut maintenant des résultats chiffrés et Michel a dû cesser de jouer au foot avec les jeunes de Belleuil pour faire la chasse aux revendeurs de drogue et aux incivilités. Profondément troublé par ces actions répressives, Michel rêve de rejoindre la brigade financière afin de pouvoir combattre la corruption qui gangrène le département.

Tous ces personnages sont en butte à l’implacable déliquescence du tissu social français mais voilà que se présente enfin une occasion de passer à l’action !

Ancien de l’OAS et mercenaire en Afrique au cours des années 60, obligé de revenir en France au cours des années 80 lorsque la dictature qu’il soutenait a été renversée, Jean-Raymond Loseil est le PDG de Mirador-Sentinel, une société de sécurité. Pour protéger les zones commerciales et les transports de fonds de la région, Mirador-Sentinel emploie environ 600 personnes, essentiellement des jeunes de banlieue dont la plupart viennent de la zone HLM de Belleuil. Alertée par Ahmed, l’un des ses contacts qui travaille pour Mirador-Sentinel, Malika informe Olivier que Loiseil s’apprête à annoncer un plan social, après avoir détourné des millions d’euros à son profit.

Ayant frôlé la délinquence lorsqu’il était jeune et l’un des plus jeunes embauchés de Mirador-Sentinel, Ahmed risque d’être le premier à perdre son emploi. A l’annonce de cette nouvelle, sa mère Taïfa, une maghrébine de 58 ans débarquée adolescente en France avec son père Harki, est victime d’une grave attaque cardiaque et atterrit aux urgences. Marie-Christine parvient à sauver la vie de Taïfa d’extrême justesse, en la faisant passer en priorité devant un cadre commercial victime d’un accident de la route alors qu’il se rendait à son travail. Accourue au CHU pour rendre visite à sa vieille amie Taïfa (qui lui avait offert des loukoums pour lui avoir obtenu un frigo américain de 250 l), Josiane découvre la gravité de la situation. Outrées, Marie-Christine et Josiane ont l’idée de mener une action festive et citoyenne pour mettre un terme aux agissements de Loseil. Il s’agira de dénoncer les malversations de Loseil au cours d’un spectacle de rue, devant le siège social de Mirador-Sentinel.

Pour jouer dans ce spectacle, Marie-Christine et Josiane décident de rassembler une petite équipe de militants citoyens déterminés. Le principal test qu’elles imposent aux candidats consiste à remplir une feuille de sécurité sociale sans faire de rature. Pressé d’en découdre, Olivier est le premier à se présenter mais, malgré son entraînement avec la mutuelle du CE d’EDF, il échoue pitoyablement, confondant le nom du médecin traitant avec celui de son délégué syndical. “Les ANPE sont pleines de jeunes trop pressés d’en découdre”, commente simplement Josiane.

Les démarches de Josiane et Marie-Christine finissent par attirer l’attention de François-Jacques, fort intéressé par les conceptions artistiques de Marie-Christine (dont l’inspiration provient des spectacles des Dogons du Mali pour attirer la mousson). Hélas, il est trop tard pour remplir un dossier de subvention auprès du Ministère de la Culture, car la date limite de dépôt des dossiers est dépassée depuis deux jours et demi. Le spectacle de Marie-Christine et de Josiane ne pourra pas non plus bénéficier du label d’association culturelle aidée de mairie de Belleuil. Ainsi en a décidé Maurice Dimstein, trop occupé à faire installer un système de vidéo-surveillance dans les rues autour de la zone industrielle où se trouve Mirador-Sentinel. Le manque de moyens, toujours le manque de moyens…

Devant les difficultés et le petit nombre de candidats, Marie-Christine et Josiane sont obligées de chercher des participants elles-mêmes. En assistant au spectacle de fin d’année de son fils à l’école Léo Jengrange, Marie-Christine découvre les talents de metteur en scène d’Antoine, dont la chorégraphie “coq, poule et poussins” a ravi l’assistance. Après avoir longtemps hésité, Antoine accepte de mettre en scène le spectacle de Marie-Christine et Josiane, à condition d’avoir “son nom en haut de l’affiche”.

Pendant ce temps, Marcel apprend que le service où il travaille a été privatisé au profit d’une filiale de Mirador-Sentinel et son contrat de fonctionnaire requalifié en CDD non-renouvelable de 84 mois. Ne pouvant se résoudre à travailler sous les ordres d’un patron, Loseil de surcroît, victime de la précarité à 52 ans, Marcel doit trouver un moyen de payer les traites de son pavillon acheté à crédit. Avec l’aide des jeunes délinquants qu’il a sortis du ruisseau et qui sont pressés de se faire de la thune, il a l’idée de produire un DVD interactif sur les effets de l’ultra-libéralisme. Le spectacle de Marie-Christine et Josiane constituera le gros des contenus de ce DVD.

La petite troupe est suivie de près par Olivier qui tente de se rendre utile en placardant des affiches dans les rues et en utilisant les ressources du CE d’EDF pour leur faire de la publicité. Mais Marie-Christine et Josiane se méfient de lui car il est bien trop marqué à gauche.

Alors qu’il patrouille dans les rues de Belleuil, Michel surprend une rencontre entre la BMW de Dimstein et la Mercedes de Loseil. Les deux hommes semblent entretenir des relations cordiales. Ne faudrait-il pas mener une petite enquête à leur sujet? Les informateurs de Michel lui conseillent de rencontrer un responsable du Takfir, qui détient des information extrêmement intéressantes au sujet de Dimstein. Sitôt dit, sitôt fait. Rafik, le frère d’Ahmed, rencontre Michel discrètement. Il l’informe que l’une des missions du Takfir est de surveiller Dimstein, soupçonné de détourner de l’argent public au profit des partis d’extrême-droite israéliens. Quant à Loseil, ses accointances avec le Front National sont connues et les millions qu’il a détournés depuis des années ont servir à financer des dictatures d’Amérique du Sud. En guise de preuve, Rafik montre à Michel une photo où Loseil pose complaisamment avec Augusto Pinochet, Alfredo Strossner et Joseph Mengele, en 1967, au cours d’une balade dans la Cordillère des Andes. Aujourd’hui, Dimstein et Loseil sont en cheville.

Ne pouvant agir seul, Michel décide de communiquer ses informations à Josiane. En interrogeant diverses personnes dans la cité, tous deux découvrent que le père de Loseil a collaboré avec les Nazis pendant la guerre…

Si France Télévision souhaite acheter ce synopsis, merci de contacter la rédaction qui fera suivre.On pourra consulter aussi les propositions de Taranne, avec Melun Brigade Criminelle

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Commentaires4

  1. chris

    Bientôt sur les écrans de F2 ! Voire F3 (si le budget de la production est revu à la baisse).

    c’est un parfait "reality show".

    Bravo H16.

    Mais franchement, vous n’avez aucun mérite en tant que scénariste : avouez que tout vous est venu en regardant simplement autour de vous.
    😉

  2. Ton univers pitoyable

    Un soap opera!
    Apres Dallas, apres Dynasty, mieux, plus exceptionnel encore la France par la Television autorisee va produire Belleuil.

    Montrer au monde le charme national, sa cuisine, sa cuisine politico-etatico-bureacratico-economique.

    Belleuil, ton univers…

    Consacre la loi du plus…

  3. @chris : il faudra surtout féliciter SCM (contributeur irrégulier mais de qualité de la Hashtable) qui nous aura régalé de son synopsis choc !

    1. Djefbernier

      J’ai pas accroché, faut croire que je me suis américanisé, à noter peut-être une fote d’orthographe (‘oui mais jolie), délinquAnce ; un mot important.

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