Espace temps 20070302.
Quadrant alpha, stardate 3207.5.
Journal de bord du Capitaine Birk.

A la suite d’un tripotage malheureux d’un gros bouton poussoir non spécifié dans l’épaisse notice constitutionnelle du bord, et probablement sous l’emprise du punch un peu trop serré servi ce midi au mess des officiers pour fêter l’anniversaire du lieutenant Splock, le chef-mécanicien Scrotty a, semble-t-il, mis les propulseurs du warp-drive en mode Portnainwak, et nous avons subi une sévère déchirure des ligaments croisés de l’espace-temps local.

Il semblerait à la suite de cette pathétique manoeuvre que nous soyons en train de revivre des événements qui se sont déjà déroulés il y a 5 ans, presque jour pour jour, et que nous ne soyons pas en mesure, même en bidouillant les portes qui font souiche-souiche quand on s’en approche, de revenir à l’état initial.

Le doute a en effet commencé à s’installer lorsque la radio du bord nous a dégoisé des messages moisis sur les candidats aux élections présidentielles, et notamment leur nombre, sur la droite et sur la gauche, aussi ahurissant qu’alors.

Alors même que Splock me rappelait fort justement qu’il y a cinq ans de celà, tous les média s’étaient bêtement focalisés sur deux candidats majeurs parmis la brochette de 20, sans plus s’occuper des autres et avaient abouti à l’impasse pénistique lepénienne frontiste qu’on sait, les messages radiophoniques en ondes subspatiales que nous entendîmes alors semblaient définitivement coincées sur le même schéma, comme si la situation d’il y a 5 années n’avait pas évolué d’un iota.

Bizarrement, après une écoute attentive des quelques articles un peu faisandés sur les programmes (ou leur absence patente), nous fûmes convaincus d’un warp puissant : on retrouvait exactement la même vacuité stressante des discours, les mêmes manoeuvres politico-sub-abdominales visant à discréditer l’adversaire en sortant des affaires louches et sans intérêt.

On décelait la même trame, la même marche à suivre, avec d’un côté la montée fabriquée de l’insécurité, les mêmes jeux de jambes sur les programmes faisant passer les tap-dancers irlandais de Lord Of The Dance pour des empotés maladroits chaussés de sabots de plomb et de l’autre, les attermoiements des candidats sur la situation générale du pays, qu’ils ont pourtant tous contribué à créer.

Après analyse, le lieutenant Splock a pu se rendre à l’évidence : même l’enchaînement dit du “3ème Homme” était présent en filigranne avec l’augmentation artificielle des sondages pour un candidat au cerveau “différent”, et l’augmentation, bien réelle elle, pour un candidat de l’extrême, à la discrétion calculée.

Pas de doute. Le Warp de Portnainwak nous avait amené 5 ans auparavant. Chaque seconde qui passait nous apportait un peu plus de cette pénible sensation de déjà-vu, un petit aspect de rediffusion avec couleurs pisseuses et son qui pleure un peu sur les aigus, comme dans mon jeune temps, avec les craquements et le logo INA dans le bas à droite.

La situation de l’USS Hashtable est maintenant périlleuse : qui se rendra compte du déplacement spatio-temporel, en dehors de notre équipe ?

Pour sortir de cette impasse, le lieutenant Splock est formel : les warp-engines basées sur la socialdémocratie sont “encrassouillés et méritent une bonne remise à plat” (sic) ; nous savons tous, ici, que Splock, qui n’est pas un Vilpain, est assez lucide dans ses raisonnements, mais nous ne pouvons nous résoudre à abandonner ces moteurs qui nous ont si bien servis jusqu’à présent.

Et pourtant, si l’on se réfère au nombre de plantages partiels ou totaux qu’ils nous ont occasionnés, on est en droit de se poser de sérieuses questions. Scrotty nous assure que c’est essentiellement une question de réglage, d’injection notamment. Nous aimerions le croire. Mais il semble qu’une fois un peu de carburant nazionalsocializt placé dans les chambres à warp, on obtienne toujours le même résultat de repli et d’effondrement quantique généralisé.

D’ailleurs, les Federation Starships du Mexique, des USA, de l’Allemagne ont observé le même phénomène : la socialdémocratie a tendance à – comme le dit poétiquement Splock – s’ encrassouiller et ne plus permettre une évolution de la situation en offrant, au final, qu’un choix limité entre la peste et le choléra.

Au vu de cette situation, nous avons décidé, avec le lieutenant Splock, de ne pas nous laisser abattre et d’aller, avec Scrotty, et sous le contrôle du Dr. McCouy, reprendre une bonne goulée de ce délicieux punch du mess des officiers.

Nous savons pertinemment que nous sommes coincés dans ce warp pour encore un moment : mieux vaut trouver une bonne façon de passer le temps, sobre ou pas.

A la vôtre.

Fin du journal de bord du Cte. Birk.