Drôle de gauches

Un Français, ayant toujours vécu à l’étranger et arrivant en France maintenant, aurait bien du mal à comprendre la scission politique qu’on présente traditionnellement entre la Droite et la Gauche. A mesure que les programmes des uns et des autres s’étalent sur la place publique comme les intérieurs fumants de volailles fraîchement ouvertes pour un festin à venir, la distinction traditionnelle entre les partis s’efface…

Pour qu’un candidat dit de droite se revendique de Jaurès comme Sarkozy l’a fait récemment, il faut que l’ensemble des politiciens soient déjà bien à gauche. De façon plus claire, il apparaît que la gauche actuelle est décidément la plus vieille et la plus extrême des gauches possibles sans sombrer dans le communisme primaire et caricatural d’un facteur-marmotte et que, par un curieux déplacement du curseur général, tout les principaux partis se retrouvent imbibés de collectivisme et/ou d’interventionnisme louche.

On se rappelera à bon escient une petite saillie de ce même Jaurès pour s’en convaincre :

“Dans quelques années quand la plupart des écoles nécessaires auront été construites demain, quand les maîtres seront payés par l’État, quand le souvenir des sacrifices consentis par les communes et des droits que ces sacrifices leur conféraient aura disparu, que verrons-nous ? Je le crains : insouciance des communes et arrogante tutelle de l’État. À l’avenir, les programmes seront discutés bien loin des familles, tout contrôle leur échappera et, même, jusqu’à la pensée d’en exercer un. Le peuple sera obligé de subir passivement un enseignement qu’il n’aura pas préparé. Lorsque la commune aura pourvu à toutes ces obligations envers l’État, lorsqu’elle aura créé le nombre d’écoles publiques exigé par celui-ci, qu’elle ait encore le droit, à ses frais et sans sortir de la laïcité, d’instituer des écoles d’expériences ou des programmes nouveaux, que des méthodes nouvelles puissent être essayées, ou des doctrines plus hardies puissent se produire. Laissez au contraire à quelques municipalités la gestion de quelques écoles indépendantes, et les municipalités mettront, tous les jours, les familles en face de l’éducation !”

Evidemment, sans faire de Jaurès un chantre du libéralisme (qu’il n’a jamais été) ni même quelqu’un doué d’une fine analyse sociale (il était imbibé de la vision des classes marxiste), on peut noter, et cela est fort révélateur, que ce genre de citation le ferait passer, dans cette France sclérosée en ce début de XXIème Siècle, pour un “ultra-libéral” bon teint, ou, en tout cas, on admirerai la lucidité du propos, parfaitement d’actualité.

Il faut se rendre à l’évidence. La gauche française, opposition traditionnelle à une droite républicaine et pro-patronat, n’existe pour ainsi dire plus : l’idéologie collectiviste, présente de tous les côtés de l’hémicycle, n’est plus un déterminant fiable du classement Droite/Gauche tel qu’il pût vaguement l’être il y a encore quelques temps.

L’UMP, défendant l’état en voulant défendre les grosses entreprises de façon mécanique, n’a rien à envier au PS qui défend l’état en voulant défendre les classes ouvrières de façon tout aussi mécanique. Ces deux groupements politiques amorphes sont devenu des parti de petit boutiquiers, d’affairistes chafouins et pervers, de piètres magouilleurs de la chose politique, plus en phase avec les ors de la république qu’avec le peuple qu’ils sont sensés représenter.

Pour le PS, à force de branchitude et de moraline, les principes prétendûment humanistes sont devenus l’alibi de toutes les torsions de sens favorisant l’accroissement des dépenses pour des projets constructivistes tous plus farfelus et délétères les uns que les autres. Quand ce n’est pas le droit au logement opposable, c’est la mort de l’automobiliste par asphyxie dans des bouchons de plus en plus longs, ou l’ISF, la CSG, etc… Et pendant qu’on entasse les lois idiotes et les règlements amphigouriques, on se passe en coulisse d’appliquer le droit, se sentant au dessus de la mêlée.

Pour l’UMP, à force de corruption et d’abus de pouvoir, la défense de la République, les intérêts patriotiques bidons et une image sépia, surannée et complètement hors de propos d’une Fraônce qui, au fond d’elle-même, s’en fiche comme de l’an 40, auront servi là encore de bonnes excuses à toutes les petites compromissions, les petites lâchetés et les abandons en rase campagne de toute fermeté, toute rigueur intellectuelle, de gestion ou de plannification, dont ses représentants n’ont jamais été, de toute façon, fort bien pourvus.

Au bilan, que reste-t-il ?

Une sensation étrange, qui va croissant à l’approche du 22 avril, que la politique française, de plus en plus folle et de plus en plus creuse, ne nous réserve rien du tout. Pas même un petit pêt de lapin. Finalement, quelque soit le candidat élu (probablement par une minorité de Français, la plupart ayant été à la pêche), la politique menée sera définitivement sociale-démocrate, ciselée sans finesse dans le roc du collectivisme et d’un égalitarisme en époxy.

En effet, passées les amusements du 22 avril et du 6 mai et les probables atermoiements d’une classe politique amnésique – “Oh, mais quoi!?, Le Pen au second tour !?, Mais comment cela est-ce possible ? Snif snif !” – le candidat-élu sera confronté aux mêmes problèmes que la brochette d’inutiles asticots qui nous parasitent actuellement. A ces problèmes, ils répondront par les mêmes recettes moisies : ainsi, les contribuables assujettis à l’ISF continueront à fuir, de plus en plus nombreux. D’un côté comme de l’autre, la dépense publique sera relancée à gros bouillons : aucune chance, à ce rythme, de voir une diminution de la dette de l’Etat dans le prochain million d’années.

Au passage, on peut noter que si la presse se plonge avec délices dans la remontée spectaculaire du globule mou du centre, c’est probablement pour mieux tenter de contrer un Le Pen dont finalement tout le monde sent que ses chances pour le second tour s’accroissent au fur et à mesure que celles de la candidate du PS s’amenuisent. Il est d’ailleurs intéressant de constater que Bayrou est alors présenté comme Troisième Homme, dans une campagne où le deuxième homme est … une femme.

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Commentaires14

  1. Bibop

    oue c’est vrai quoi, ils sont pas tous pourris !
    y en a qui sont sympa quand meme !

    H16 tu pourrais praupauzais des solussions pour redraissais la France!
    quand on veut on peut et en se tenant par la main on peut faire un monde meilleur ou il fait plus frais sans la clim.

    ca suffit la negativitude!
    mangez bio!

    Bibop

  2. chris

    Bien au contraire. H16 fait simplement preuve de lucidité.

    Quand Bayrou annonce fièrement, en remuant la queue, qu’il pourrait nommer un PM socialiste… tout est dit.

    Un sondage affirme que le "bloc gauche", en terme de nombre de votes, est au plus bas depuis plusieurs décennies. Et esquisse cette incroyable conclusion : "la France est de droite".

    C’est l’ultime pirouette de la gigantesque inversion des valeurs qui nous pourrit le cerveau.

    H16 le montre : la "gauche" a du mal a exister électoralement, tout simplement parce que… tout le pays est de "gauche". Tout est en effet affaire de curseur.

    Dès lors… que faire comme demandait notre copain Lénine ?

    Rien.

    C’est cuit, et vous le savez très bien.

    Vous pensez encore que Sarko sera le sphinx du libéralisme et viendra nous sauver ? Dormez tranquille et n’oubliez pas d’éteindre la lumière.

  3. @Ghost : “tous” ? Non, il existe certainement un type pas pourri, dans le système, qui tente d’améliorer réellement la situation des Français. Mais si vous le connaissez, n’hésitez pas à vous servir de ce blog pour lui faire une tribune !

  4. Ghost of Mitterand

    Certes, mais vous pouvez aussi examiner les choses d’un point de vue différent : que faire ?
    -Se cramponner sur ses positions en attendant "Le Grand Soir", et devenir des guignols que l’on ressort tous les 5 ans de leurs placards ?
    -Devenir totalement désabusé, puis alcoolique, puis se suicider comme Debord ?
    -Laisser le costume de superman violet au vestiaire ?
    Il est logique que le Darwinisme Social prôné par les libéraux pour les individus s’applique également aux idées et institutions : évoluer ou périr.

  5. Pourquoi voudriez-vous que je propose une solution globale ? Pour ma part, je planifie de me tirer de ce pays dans les mois ou les années qui viennent – le plus tôt sera le mieux – mais chacun voit midi à sa porte. En outre, constater que tous les candidats sont illibéraux et dangereux pour le pays, ce n’est en rien populiste, c’est simplement du constat d’évidence. Je ne fais pas carrière dans la politique, mais rien ne vous empêche, vous, de proposer quelque chose. Quant au Darwinisme Social, c’est une formule, mais elle ne convient pas au libéralisme, même de loin.

    Note: Mitterrand, c’est 2T 2R

  6. Emma

    Vous avez parfaitement raison, h16, de répondre que les libéraux n’ont pas de solution globale à proposer sinon celle-ci : laisser la liberté aux individus de s’organiser comme ils l’entendent pour vivre ensemble. C’est évidemment le contraire que nous proposent les étatistes de droite ou de gauche qui ne rêvent que de nous imposer leurs schémas globaux.
    La liberté fait peur car elle implique la responsabilité et de cela, les citoyens français, infantilisés par quarante années de social-démocratie maternante, ne veulent pas.
    Grand bien leur fasse !

  7. Ghost of Mitairand

    @h16 : Darwinisme Social

    « La variété de rose “American Beauty” ne peut être produite dans la splendeur et le parfum qui enthousiasment celui qui la contemple qu’en sacrifiant les premiers bourgeons poussant autour d’elle. Il en va de même dans la vie économique. Ce n’est là que l’application d’une loi de la nature et d’une loi de Dieu. »
    John D.Rockefeller

  8. N’est-ce pas ? Profitez de mon autodérision, mais ceci étant, la vôtre ne m’éclaire pas plus sur vos opinions.

  9. Jesrad

    "Il est logique que le Darwinisme Social prôné par les libéraux"

    Mwarf. Encore un qui ne sait pas ce que sont les avantages comparatifs. Le Darwinisme Social est antilibéral, éééééh oui.

  10. Bob

    le Darwiblisme moral est antisocial !
    a mort les sémenteurs d’éthymosexualité !

    le sociablisme participacif ne passera pas.
    résistitude.

  11. Jospinus Mitterrandus

    "le Darwiblisme moral est antisocial !
    a mort les sémenteurs d’éthymosexualité !

    le sociablisme participacif ne passera pas.
    résistitude."
    Ho merde, il y a des bots qui passent les captcha anti-spam.

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