PS : pile il perd, face il perd

Rude semaine sur les marchés où les cours font subir aux investisseurs les plus chevronnés des montées et des descentes qu’on peut qualifier de cardiaques ! En ces temps délicats où l’analyse fondamentale des cours semble vouée à l’échec et entraîne pour tous un véritable vol à vue, la multinationale Demaerd Corp. nous offre, au travers de sa filiale Demaerd Stocks Trends, une analyse pertinente sur un tracker précis. Investisseurs, à vos portefeuilles !

Le tracker utilisé a pour mnémonique “PS”, et calcule en temps réel la Crédibilité du Parti Socialiste. Comme on pourra le constater sur l’analyse graphique fournie ci-après, on note une tendance globale à la baisse assez aigüe.


PS Credibility Index

Manifestement, le scénario d’un retour sur les plus bas du 22 avril 2002 se précise.

La baisse s’est amplifiée en fin de séance vendredi, et les actions en coulisse de ce week-end ne laisse pas augurer d’une reprise à la hausse ce lundi à l’ouverture.

Avec une clôture en baisse de plus 78%, l’indice Credibility-PS a fait voler en éclats le support des 2960 points sur lequel il s’était stabilisé depuis octobre. Les derniers indicateurs politiques ont plombé le moral des adhérents, et la menace d’une rechute de 20% dans les prochaines semaines se précise pour le Credibility-PS. Le spectre de la scission sauvage refait surface après l’annonce samedi du resserrement encore plus problématique des votes des militants, a un plus bas depuis plus de 20 ans.

Dans ce contexte, l’indice Credibility-PS a enchaine les séances de baisse. Il s’expose désormais à un retour sur les plus bas de mai 2002, autour de 2400 points, avec 2600 comme refuge intermédiaire, soit une baisse potentielle de 19%. Un rebond permettrait de renouer avec la borne haute du couloir construit depuis octobre à 3770 points. Pour l’heure, tous les indicateurs sont au rouge en dessous de 3380 points. Comme on peut le constater sur le graphique, l’utilisation malhabile du support rouge-coco accroît d’ailleurs ce risque de scission qu’on évoquait plus haut.

Sur le moyen terme, la configuration de fond reste négative : le PS semble infichu de se trouver autant une direction qu’un sens. Cela prendra sans doute encore plusieurs mois, peut-être plusieurs années et certainement plus d’un(e) premier(e) secrétaire avant qu’une nouvelle tendance haussière durable se dessine.

Il faut dire que la confusion règne depuis les votes des adhérents ce vendredi. La situation n’avait déjà pas le mérite d’être apaisée depuis le premier tour du scrutin qui avait donné l’occasion à chacun des candidats de pratiquer la guerre politicienne la plus basse, les calculs les plus sordides et les manœuvres les plus félonnes pour aboutir ce week-end à un véritable bricolage voix par voix pour déterminer qui aura le douteux privilège de cornaquer le mammouth.


Aubry vs Sego : il va y avoir des bouts de barbaque partout

L’historique récent laisse 42 voix sans voix ébahi : au début, Aubry semblait se détacher très légèrement, à une phalange d’activistes près. Avec un vote serré comme un string brésilien, il était impensable que la pudibonde du Poitou conserve sa calmitude. S’ensuit donc logiquement une bataille au sommet, digne d’Alien vs Predator ou, disons, des élections US de 2000, avec un développement en justice possible et crêpage de chignon en sus. Engagées dans un véritable dialogue de lourdes gourdes sourdes, les deux candidates refusent de lâcher prise ; Aubry s’accroche au poste convoité du bout de ses petits doigts boudinés et du haut de ses 42 voix d’avance, pendant que Ségo, à nouveau deuxième et dans un rôle d’offusquée qui lui colle au personnage comme un sac poubelle humide sur des doigts chargés d’électricité statique, s’échine à récupérer, avec les dents (qu’elle a fort longues) chaque voix d’écart.

Les heures s’égrainent et ne se ressemblent pas : pendant que le cours du ticker Credibility-PS s’effondre dans des spasmes aux variations fortement vomitogènes, le recompte est lancé et les paris sont relancés. A chaque nouvelle remise en cause des points, l’ensemble de l’appareil politique vacille d’un côté ou de l’autre du ridicule, se rapproche à chaque fois un peu plus de l’abîme de consternation, sans jamais vouloir tomber définitivement.


Tout ceci ne sent pas très bon

On peut en tout cas parier que nos deux concurrentes auront la présence d’esprit de nous fournir des solutions intelligentes et originales.

Tout ceci est en fait assez représentatif de la classe politique française, et pas seulement du PS.

Regardons les choses en face : d’un côté, nous avons une ex-candidate présidentielle qui s’est mangé une baffe mais qui en redemande et dont l’attitude générale entièrement basée dans le moulinet de bras et le discours creux n’a pas évolué d’un cachou depuis son échec de 2007. De l’autre, les caciques calculateurs ont propulsé en rival une vieille éléphante qui n’en peut plus de porter sur ses épaules un bagage mitterrandien déjà suranné en 81.

Pour qu’un parti porte à sa tête une perdante véhémente d’un côté et un vieux machin usé de l’autre, c’est qu’il n’a plus en lui la force du renouvellement absolument nécessaire pour s’adapter aux contingences de l’actualité. On retrouve d’ailleurs ce même symptôme à droite où les quinquas se bousculent aux postes prestigieux sans qu’aucun puisse prétendre, même un soir de biture au milieu d’une campagne déserte, à une stature d’homme d’état, et encore moins de personnage providentiel, voire historique, dont le pays aurait pourtant bien besoin actuellement.

En outre, les tambouilles ignobles et puantes qui auront réussi à écarter les autres candidats, notamment Delanoë, et les bidouilles infâmes dans le compte des voix pour obtenir une légitimité en carton à la candidate victorieuse donnent une excellente mesure de l’appétit vorace de pouvoir qui se cache derrière ces politiciens, finalement prêts à toutes les veuleries pour aboutir à leurs fins.

Enfin, il est intéressant de constater que, quelque soit la potiche qui sera en place au final, aucune des deux ne pourra prétendre, sans rire, à se présenter devant les Français en 2012 ; il est raisonnable de penser qu’à ce moment, en effet, DSK reviendra du FMI paré d’une aura internationale et d’une crédibilité que le pauvre parti de gauche aura totalement perdu. Evidemment, 2012 paraît lointain et tout peut encore arriver. Mais gageons que certains vieux roublards, au PS, ont fait exactement ce calcul.

Et quoiqu’il en soit, avec Aubry ou Ségo, le PS est foutu.

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Commentaires10

  1. Emma

    Excellent, cher H16, entre la pudibonde et l’éléphante, mon coeur balance.

    Un PS français qui n’a pas encore fait son coming-out comme tous ses autres voisins pour enfin se dire social-démocrate ne mérite même pas notre intérêt mais vous, vous arrivez avec votre talent et votre humour à nous amuser avec ses déboires. Bravo !

    Je vous souhaite un bon 501e anniversaire.

  2. Jesrad

    Et si encore le phénomène d’empoignades était limité au seul Parti Socialiste…

    Au G20, personne ne bouge: Angela engueula Nicolas, et le Tchèque en balance pas mal aussi. De peur de désunir l’européenne, on ne fait rien, mais au moins on le fera Tous Ensemble.

    Entre la FED, les banques américaines et le congrès, la méfiance règne – c’est à qui tombera le pagne le premier. Les bridés de l’APEC se regardent en chiens de faïence, le premier qui ferme une frontière a perdu. On est à un cheveu du sauve-qui-peut qui garantirait un everyone-loses – sauront-ils rester zen jusqu’au bout ?

    2009 sera l’année d’Eris. La Bureaucratie touche à sa faim d’avoir eu les yeux trop gros, les fêtes de fin d’année se feront sans elle: au régime ! Il ne reste plus qu’à écrire l’Epilogue.

  3. jane

    là où la segolene est vraiment impayable, c’est qu’on finirait par la prendre presque au sérieux dans le panorama de la gauche française. alors là, bravo, les bras m’en tombent!! et le ps soit elle l’aura, soit elle le niquera, avec l’abnégation et la générosité qu’on lui connait. sacré ségo, après tout, les socialos n’ont que ce qu’ils méritent, à la hauteur de leur immense connivence.

  4. bureau du fond

    DSK candidat aux présidentielles de 2012, évidemment. Timing parfait, sauf peut-être un pb de légitimité pour être candidat du PS (sa poupée vaudou est en cours de réalisation)

    Juppe avait fait de même en partant au Québec, pour d’autres raison, espérant revenir blanchit juste à temps pour un poste de ministre… Ca s’est moins bien passé que ce qu’il espérait.

  5. Pour ce qui est de la légitimité, je suis assez d’accord avec toi, d’autant que son éloignement peut aussi être vu comme un calcul de Sarkozy. Quant à Juppé, il aurait mieux valu pour l’humanité qu’il se fasse bouffer par un ours.

  6. gnarf

    Delanoe se rallie a Aubry…il s’explique dans le canard:
    " Aubry, elle est archaique, ringarde, c’est une salope. Elle m’a tue. Mais c’est mon parti".

    En clair, elle l’a convaincu qu’il n’avait aucune chance a se presenter car elle avait un accord pour obtenir les voix de Hamon. Et c’etait pas vrai.

    Et le pauvre Delanoe est oblige de revenir lui lecher les bottes des le lendemain pour ne pas tout perdre. C’est bo la politique non?

  7. Excellente illustration de la qualité générale des gens qui forment le haut de la pyramide gouvernementale. Par la suite, quand on en vient à dire “Et vous pensez vraiment que les gens de l’Etat seront mieux à même de gouverner que d’autres, ou, a fortiori, personne ?”, il se trouve toujours un idéaliste ou deux pour dire “Mais bien sûr”, et prendre le réaliste qui dénonce ces jeux glauques d’appareils pour un lunatique rêveur…

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