Hadopi… toyable

La blogobulle s’agite : à la suite d’un billet d’Authueil, Toréador a décidé de parler d’HADOPI, bientôt suivi par CaReagit. Comme j’ai mangé mon sandwich et qu’il me reste quelques minutes à tuer, autant écrire des bêtises sur le sujet.

HADOPI est un vaste sujet. Pour ceux, déconnectés du monde et qui ne lisent ce blog qu’une fois de temps en temps, en pédalant pour fournir de l’électricité à leur portable relié à une ligne 56K vacillante, qui ne savent pas exactement de quoi je suis en train de parler, il suffit simplement de rappeler que HADOPI est le terme générique sous lequel on regroupe l’ensemble des gesticulations amères du gouvernement et des lobbies pro-majors culturels pour faire rendre gorge à leur clientèle.

HADOPI, en fait, c’est à la foi un projet de loi (dont le nom complet est Projet de Loi Favorisant La Diffusion Et La Protection De La Création Sur Internet, ou PLFLDELPDLCSI, pour faire court simple heu… bref), un ensemble de débats à l’assemblée, et bien évidemment un projet de Haute Autorité de Dépenses des Œuros Publics Inutilement, sans laquelle la République, que dis-je, le Monde s’écroulerait.

Je pourrais, par exemple, écrire sur l’aspect juridique ou légal du texte, mais, zut flûte, Eolas l’a déjà fait mieux que moi (il est de la partie, aussi, faut dire).

Je pourrais parler de l’aspect lobbyisme et petits-fours, ou du fait que certains amendements discrets au texte initial rendent les choses plus confuses encore, mais saperlipopette, Authueil l’a déjà fait.

Histoire de faire réagir méchamment mes lecteurs et les autres, je pourrais par exemple attaquer en disant que je suis pour ce machin-truc légal, en disant que Si demain, le taux de pénétration sur internet étant ce qu’il est, la quasi-totalité des consommateurs peut avoir accès librement aux supports culturels, l’économie de la musique et du film s’effondrera. Evidemment, cela reviendrait à aller un peu vite en besogne et oublier qu’entre ce qui se fait maintenant, avec un marché surprotégé, et ce qui pourrait se faire avec un vrai marché libre, forcé de s’adapter, nul ne peut prétendre prédire avec certitude un effondrement. Mais je pourrais continuer en tempérant mes ardeurs, par exemple en disant que de toute façon, ça ne suffira pas, et terminer en cassant un peu de sucre sur les agitations de La Quadrature du Net. Mais sapristi, Toréador m’a devancé avec brio.

Je pourrais aussi reprendre l’historique de ce que furent les différentes déconvenues des grands majors sur le marché du numérique et leur absence quasi-léthargique de réactions lorsqu’Internet a commencé à leur grignoter les roubignoles en toute décontraction, par exemple avec force données statistiques montrant la perte d’importance des supports, et la nécessité pour l’offre de s’adapter à la demande au lieu de lui cogner dessus par voie législative interposée. Mais, là encore, je me suis réveillé trop tard et CaRéagit a déjà troussé un billet pendant que je m’enfilais un machin au thon que je ne vous recommanderai pas (et que je vais passer l’après-midi à roter, c’est charmant).


Comment ça, booster ma fréquentation ?

Il ne me reste donc plus qu’une issue, si l’on écarte le suicide par balle ou l’immolation. C’est de noter qu’HADOPI, pour une Haute Autorité, ou pour un projet de loi, c’est tout pourri comme nom. Franchement. Nos élus sont payés assez chers pour se creuser un peu la tête et, notamment pour des raisons marketing, faire un petit effort pour vendre leurs barils de lessive un peu mieux que ça. On n’en est pas encore à tenter de nous refourguer directement deux barils de X à la place de notre baril d’HADOPI, mais on s’en rapproche.


Comment ça, il manque un H ?

Sérieusement, HADOPI, ça fleure bon le jouet pour gamin, ou la compote pour enfants en bas-âge. Et d’ailleurs, soyons parfaitement clairs : c’est un jouet pour gamin, ce truc, qui sera aussi vite dépassé qu’il sera dans les mains des juristes chargés de le faire appliquer, tant les innovations technologiques et le marché se moque bruyamment des branlouillages compulsifs de nos députés encore à la ramasse. Et c’est une compote immangeable leur texte, exemple parfait que la loi ne concerne plus finalement qu’une petite élite de la société à même capable de décrypter les salmigondis furieux qu’on nous pond au kilomètre tous les ans.

Voilà, c’est dit.

Et finalement, tout ce qui restera de ce projet : des nichons et de la compote.

Ce billet est foutu.

Note après publication : on peut aussi retrouver une analyse de la pomme d’HADOPI vue depuis les USA chez Café-Croissant 😉 !

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Commentaires13

  1. Toréador

    "Evidemment, cela reviendrait à aller un peu vite en besogne et oublier qu’entre ce qui se fait maintenant, avec un marché surprotégé, et ce qui pourrait se faire avec un vrai marché libre, forcé de s’adapter, nul ne peut prétendre prédire avec certitude un effondrement"

    Pour un libéral tu oublies tes fondamentaux : un marché c’est un lieu où le prix se détermine par la loi de l’offre et de la demande. Si tu n’as plus de prix, tu as une droite de demande verticale et pas d’offre !

  2. 😉 Je savais que tu réagirais…

    Ceci dit, je ne change pas un iota de ce que j’écris. En fait, tu pars du principe que les acteurs du marché ne sauraient pas s’adapter : en gros, en permettant la copie numérique libre et la diffusion gratuite, patatras, ce serait la déroute. Eh bien non. D’autre business models apparaitraient. Il existe des douzaines de logiciels gratuits, et des douzaines de sociétés commerciales florissantes basées sur ces logiciels. MySQL en est un exemple frappant. Il n’y a pas de prix, stricto sensu, sur MySQL, et pourtant, la société fait 16M€ de CA annuel. RedHat fait plus de 100 millions… Caramba, ce n’est donc pas qu’une affaire de “fondamentaux”.

    Si l’on ajoute que la plupart des artistes gagnent maintenant plus des concerts (incopiables) que des ventes de disques, on comprend que le business-models des majors est pourri, et que ces agitations juridiques n’interviendront que pour ralentir la mort du mammouth, sans pouvoir l’empêcher.

  3. gnarf

    >>En fait, tu pars du principe que les acteurs du marché ne sauraient pas s’adapter : en gros, en permettant la copie numérique libre et la diffusion gratuite, patatras, ce serait la déroute. Eh bien non. D’autre business models apparaitraient.

    C’est evident, d’autres business models apparaitraient. Ce qui me derange, c’est que ces business models sont des business models de misere… le monde du logiciel libre par exemple est d’une aridite extreme, la duree de vie moyenne des entreprises fonctionnant sur ces modeles alternatifs est ridicule.
    Ces business models ne peuvent nourir qu’un nombre limite d’acteurs…ca se voit d’ailleurs avec les chaines de TV…des que leur nombre explose comme sur le cable, ca devient des chaines a deux balles qui tournent dans une chambre de bonne.

    Les business models alternatifs ca fonctionne mais ca vivote. C’est un peu le steack de soja face a l’entrecote. On peut en vivre. Difficile d’esperer une emulation, une industrie du reve, une concentration de talents….pour se partager quelques steacks de soja.

  4. “des chaines a deux balles qui tournent dans une chambre de bonne” : je crois que voilà une phrase qui résume très bien votre opinion sur le sujet, et qui n’est évidemment pas partagée par tout le monde. Pour le reste, mis à part des pétitions de principes…

  5. Tortue joviale

    "Ces business models ne peuvent nourrir qu’un nombre limite d’acteurs…"

    Aucune importance, les sous que les gens ne dépensent pas ici le seront ailleurs. Et ça nourrira d’autres gens. A quoi bon vouloir protéger un secteur en faisant payer les gens de force pour n’empêcher qu’un déplacement d’emplois ? La richesse c’est quand les biens économiques tendent à devenir des biens libres.

  6. gnarf

    >>A quoi bon vouloir protéger un secteur en faisant payer les gens de force pour n’empêcher qu’un déplacement d’emplois ?

    Je suis liberal mais desole je ne vois pas ici de destruction creatrice simplement une destruction massive avec tres peu de creation en face.

    Vous etes un peu trop sur la defensive…ce sont des objections de bonne foi.
    Quand je fais le bilan facon Bastiat de ce qu’on voit (biens culturels pour presque rien, donc richesse accrue pour tous) et de ce qu’on ne voit pas (fort degraissement de l’industrie du divertissement), je vois une perte pour la societe.

    Car l’industrie du divertissement est la plus generatrice de valeur ajoutee et de croissance qui soit et certaines voies encore non-explorees ne pourront plus l’etre. C’est un domaine d’innovation formidable, et je doute que Jacques Bonhomme soit capable d’investir aussi bien les sommes qu’il a economisees en payant ses biens culturels moins cher.

    Vous me repetez toujours que c’est extra…mais je ne vois toujours pas comment.

  7. monsieurlibertas

    C’est un hasard du calendrier électoral, mais il est judicieux que cette loi soit débattue à l’approche des élections européennes. Elle permet à Libertas, le mouvement de Declan Ganley (celui qui a gagné le référendum du « non » en Irlande) de rappeler à ses potentiels électeurs français qu’il défend comme eux les libertés individuelles. Oui à une Europe libre !

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