Une petite guerre, une bonne déflation et c’est reparti comme en 23

On a un peu de mal à sortir du purement économique actuellement. La crise fait surface dans à peu près tous les sujets et il devient difficile de l’évacuer sous le tapis, malgré les efforts désespérés des politiciens pour occuper l’attention en débitant des âneries pas joly joly ou en préparant doucement l’opinion publique à une bonne guerre avec la Syrie…

En effet, si l’on se tourne du côté international, on remarque que les sommets, mini- ou méga-, se succèdent à un rythme difficile à suivre, même s’ils ne débouchent jamais sur grand-chose et le dernier petit déjeuner entre potes confirme la tendance : le couple Merkozy, tentant même un Fool Monti audacieux, aura débouché sur un petit bruit de fond qu’on peut résumer à une vague volonté de modifier les traités et … c’est tout.

Pendant cette vigoureuse non-action souplement médiatisée, la BCE a fait savoir qu’elle réfléchissait au fait d’étendre ses facilités de crédits (normalement temporaires et réduites à quelques mois) à des périodes allant jusqu’à deux voire trois ans.

C’est évidemment bon signe puisque cela veut dire — ahem — que les banques font très attention à qui elles prêtent ou empruntent de l’argent. D’ailleurs, à force, ça ressemblerait même à un joli crédit-crunch des familles mais on ne va pas s’étendre sur le sujet, ça va plomber les déjeuners entre potes. Et de toute façon, en plus de la BCE, on peut toujours aller demander au FMI de nous filer des ronds. Il est gentil, le FMI, il le fera sans problème, n’est-ce-pas ?

Toujours à l’international, et toujours dans cette discrétion typique des gens de pouvoir, la Belgique a décidé de demander de l’aide à sa population. Emprunter sur les marchés, c’est has been (et trop cher). Là encore, c’est un très bon signe et je vous encourage à liquider rapidement votre assurance-vie dont l’essentiel est garanti sur des bons du trésor dont on sent nettement qu’ils se rapprochent de plus en plus des Emprunts Russes du début XXème, odeur comprise.

Quant au Portugal, il toussote dans son coin. On s’en fiche, c’est un petit pays.

Tout ceci est bien beau, mais occupons-nous rapidement de la France, phare du monde moderne. Eh bien il faut le dire haut et fort : le pays se porte bien. Baroin l’a redit récemment : on a notre triple-A. C’est du solide.

Brazil / Tuttle, pas ButtleEt les difficultés de certaines administrations — comme l’EdNat, par exemple — à trouver des sous pour payer les bourses étudiantes, c’est un problème purement technique, y’a une mouche qui a fait contact sur la carte mère du PC qui produit les ordres de virement, c’est bête mais ça arrive. Oui, je sais, en novembre et au moment où tous les crédits se resserrent, c’est une fâcheuse coïncidence. Mais n’y voyez pas plus que ça. L’Etat s’en sort très bien.

Et l’immobilier aussi. Il n’y a pas de bulles. Le m² parisien dépasse tous les records, mais c’est grâce aux divorces et à la recherche mécanique de sûreté dans un monde où tout bouge très vite. Voilà voilà. Et il y a pénurie, aussi, n’oubliez pas.

DeflationTout ces éléments, à l’international et de façon plus locale semblent tous s’aligner pour la phase suivante décrite avec son brio habituel par Loïc Abadie dans son dernier billet.

Le credit-crunch auquel nous assistons montre clairement l’aversion de plus en plus forte de la population et des banques au risque de défaut lors d’un prêt et on se doute que la situation de l’Euro ne s’améliorant en rien, cette tendance ne va pas changer rapidement.

On peut donc logiquement s’attendre à un début d’année 2012 assez tendu sur les marchés et dans la zone euro au fur et à mesure que les populations vont réduire leur consommation et leurs crédits, augmenter leur épargne, et sortir leur argent des options devenues risquées que sont la bourse et les assurances-vies adossées aux bons d’état.

Combien de temps durera cette déflation ? Probablement assez peu de temps. Qu’y aura-t-il ensuite ? Probablement de l’inflation.

C’est … hyper-probable.

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Commentaires69

  1. Joe

    En quoi la déflation serait problématique ? Elle encourage l’épargne et la formation de capital, ce qui accélèrerait le deleveraging, donc tout bénéf non ?

    1. Je suis pour la déflation, mais comme elle est la bête noire des keynésiens, ils vont tout faire pour reflater. Avec les excès qu’on imagine déjà.

    2. hank rearden

      1/Déflation + épargne = enrichissement

      2/Déflation + dette = ruine

      3/Inflation + épargne = ruine

      4/Inflation + dette = effacement de la dette

      On comprend quelle option sera choisie par les états endettés au bout du compte.

      1. Calvin

        Je dirais plutôt : 4 => atténuation de la dette.
        Enfin, juste assez pour que les Etats continuent (un peu ??) à s’endetter…

  2. NEV

    L’état belge émet des bons d’états quatre fois par an, rien de nouveau ici…

    Par contre l’engouement que ces bons d’état engendre m’étonne un peu… Sont-ils émis en Yuan??

    1. Oui, c’est ça qui est incroyable : les gens sont-ils à ce point anesthésiés ? Acheter maintenant des bons émis par des institutions aussi douteuses que les états, c’est prendre un gros risque…

      1. NEV

        Moi j’ai sécurisé mes valeurs dans des disques durs en Septembre et j’ai fait battre l’aile d’un papillon, joli coup non?

    2. simin

      Ce matin, j’écoutais cet économiste belge, Geert Noels, répondre aux questions des auditeurs et journalistes. Exemple, ne pourrait-on pas “programmer” une inflation contrôlée? Et Geert de répondre, contrôler l’inflation c’est comme contrôler le flux de ketchup qui sort de la bouteille après qques coups portés au goulot…

      Dans l’ensemble, j’aimais bien ses réponses.

      1. NEV

        L’inflation est toujours “contrôlée”, c’est la principale mission des banques centrales… Proche mais en dessous de deux pourcent l’an tel est l’objectif.

        1. Thomas

          L’inflation, non, les chiffres oh que oui.
          Par exemple avec l’utilisation de stat un peu bancale, comme la “core inflation”, parce que vous comprenez la nourriture et l’énergie, ça a tellement peu d’impact sur les ménages on va les laisser de côté.

        2. Pandora

          L’objectif de 2% est uniquement politique : il ne repose sur aucune loi économique ou mathématique.

          La principale mission de la FED n’est pas de contrôler l’inflation mais de distribuer de la monnaie pour maintenir la croissance.

          On a vendu le contrôle de l’inflation par la BCE aux allemands pour qu’ils acceptent de perdre leur monnaie mais en ces temps d’abondance de dollar c’est difficile…

    1. DoM P

      Moi, je ne parierais pas sur le yuan à long terme non plus.
      Une économie communiste, très bullaire, très dirigée, et grandement dépendante des exportations en Europe et au EU, c’est du gros risque…

  3. NeverMore

    “Y’a une mouche qui a fait contact sur la carte mère du PC qui produit les ordres de virement, c’est bête mais ça arrive.”

    C’est arrivé dans “Brazil” (mais dans l’imprimante), film que je vous conseille et qui va vous remonter le moral, si vous ne manquez pas la fin (personnellement, je me sens une âme de plombier dissident).

  4. infraniouzes

    Otez-moi d’un doute; le monde de la finance serait-il constitué de centaines de chaînes de Ponzi qui ne fonctionnent que grâce aux nouveaux entrants ? Il suffirait que les entrées de gogos, qui amènent du bon et vrai argent (leurs économies) ralentissent ou, pire, se tarissent, pour que le système tousse et commence à donner des signes de faiblesse. Le nombre de requins qui vivent du système doit être énorme et comme tous veulent leur part du gâteau, il faut que le manège infernal ne s’arrête jamais. Comme la bicyclette révolutionnaire de Mao: si elle s’arrête de rouler, elle tombe. Le problème c’est que ce manège démoniaque est si compliqué que personne ne peut le réparer sans l’arrêter.
    Donc une énorme bulle de richesses virtuelles devrait éclater un jour ou l’autre ? Mais là, ce n’est pas une bulle de savon pour faire rire les enfants.
    Un moment j’ai pensé que la mine déconfite des traders, qu’on filme dans les salles de marchés, était dûe à l’annonce brutale, par leur médecin, qu’ils n’en ont plus que pour 6 mois à vivre ?
    Mais non ! saperlipopette ! Ils constatent simplement que les acheteurs de la merdouillasse dorée qu’ils vendent ne sont pas au rendez-vous. Quelle guigne ! On aura personne à plumer aujourd’hui. Le CAC40 va encore piquer du nez.

    1. Joe

      Quand on ne peut pas plumer ceux qui achètent, on plume ceux qui vendent. La finance de marché à ceci de beau qu’elle se fout du sens des cours.

      Par contre, non, la finance n’est pas une chaîne de Ponzi dans la mesure où elle s’assied sur des actifs réels, des vraies générations de cash flow et de la création de richesse. Une banque prête à une entreprise qui rembourse parce qu’elle créé de la valeur. Un actionnaire souscrit une augmentation de capital parce qu’il pense que l’actif ainsi acquis prendra de la valeur car il crééera de la richesse. Le reste n’est que de la tuyauterie.

      1. infraniouzes

        Je serais prêt à vous croire et retirer ce que j’ai écrit si vous me garantissez que, depuis 30 ans, la création de monnaie à suivi exactement la création de richesses, à cours constant. J’en doute. Les U.S ont pris le mauvais chemin de créer plus vite de la monnaie que de fabriquer des richesses, suivis par d’autres banques mondiales et on voudrait aujourd’hui que la production des biens rattrape la masse monétaire qui l’a dépassé.
        D’où l’angoisse des spéculateurs devant l’activité industrielle mondiale qu’ils trouvent insuffisante. Mais il n’y a jamais eu autant de biens fabriqués, vendus et jetés à peine utilisés ! L’âne n’a plus soif et on veut, à tout prix, qu’il boive…

        1. Nord

          Mais en fait la réponse est comprise dans votre question: si la création monétaire (la fameuse Stylus souvent décrite par Maître #16) est plus importante en masse que la création de richesse, quelle la perspective de retour sur investissement est fortement diminuée, d’où perte de confiance (et pas le contraire, comme voudraient nous le faire avaler les médias).

          Exemple: vous investissez ‘x’ alors que la masse monétaire est ‘y’; la prédictabilité de votre ROI est relative à la stabilité de y mais en gros tant que ‘y’ ne croît pas (pas d’émission de monnaie) le ROI est relativement prévisible et vous aurez confiance. Mais vous savez que si ‘y’ augmente, la valeur de ‘x’ diminuera mécaniquement et donc vous n’investirez pas (sauf si vous êtes un peu fou ou très riche et que la perte de l’investissement ne mettra globalement pas à mal pas vos finances).

          Au passage, ceci explique aussi que le lien entre volume de production et valeur n’est pas celui que vous envisagez. Et enfin, qu’on jette ou non les biens produits ne joue qu’un rôle marginal: la création de valeur n’est pas une fonction directe de la production (cf. le COMECON à l’époque, qui a pourtant produit beaucoup). On ne *fabrique* pas de la richesse, c’est un raccourci certes très usité mais qui ne tient pas la route: c’est l’ensemble de ce qui est produit qui constitue la richesse qui se matérialise en biens ou en revenus. On *crée* de la richesse, et la production est l’un des éléments de la chaîne de la création de valeur, mais ce n’est pas une finalité.

          Jetez un oeil ici: http://www.wikiberal.org/wiki/Création_monétaire
          Et ici:

        2. eheime

          @nord

          il y a une erreur dans votre raisonnement. en fait vous investirez si ‘x’ assure une rentabilite superieure a la variation possible de ‘y’. Plus l’insertitude sur ‘y’ est grande plus vous exigirez un gros ‘x’ . Jusqu’a arriver au blocage totale l’invedtissement (et donc de l’economie) si ‘y’ est trop imprevible. C’est surtout l’insertitude de ‘y’ qui discrimine ‘x’ plus que la valeur de ‘y’ en elle meme.

      2. gnarf

        Je travaillais dans le temps dans la section produits derives d’une tres grosse banque hexagonale.
        A la fin du mois la consolidation des operations au niveau du back-office donnait systematiquement un bilan desequilibre…qui etait corrige par l’ajout d’une ligne magique, appellee “la constante”. Un mois dans un sens, un autre mois dans l’autre…au hasard, quelques dizaines de milliers d’euros.

        Donc quelque-part entre la salle des marches qui ordonne et le back office qui s’occupe d’executer et de comptabiliser, des operations se perdaient dans la nature…et etaient effaces par de la comptabilite creative.

        Il est bien possible que de telles pratiques aient fini par creer de la monnaie en somme non negligeable.

        1. Pandora

          La quantité de monnaie disponible dans une économie n’a aucune importance : la marché s’ajuste en modifiant le pouvoir d’achat, l’efficacité de l’unité monétaire.

          Si elle augmente, les prix augmentent (mais pas de façon uniforme) et les perdants sont ceux dont les revenus n’augmentent pas au même rythme.

    2. Glam

      “Ils constatent simplement que les acheteurs de la merdouillasse dorée qu’ils vendent ne sont pas au rendez-vous. Quelle guigne ! On aura personne à plumer aujourd’hui.”

      prejuges franchouilles detected

        1. Nord
      1. eheime

        Heureusement qu’il y a les allemands et l’europe. Parce que la France en roue libre c’est l’autodestruction mazochiste.

  5. MarcusVinicius

    Que penser de l’idée qui commence à suinter, de copier le Japon (ben ouais, le Japon n’a aucun problème, c’est bien connu : y a bien une dette à 200 % du PIB, mais elle est possédée par les japonais eux-mêmes. Puis d’ailleurs le PIB par habitant progresse plus vite qu’ailleurs du fait de la diminution de la population, et donc on s’en fout de la croissance atone depuis 20 ans). Je veux dire que j’ai entendu sur BFM que ça serait peut-être une idée, comme ça, de lancer un grand emprunt national sur 8 ans rémunéré à 3.5 %, comme ça on l’emm…rde la dette, on l’emm…rde le triple A). En gros si la dette reste bien au chaud chez nous, y a plus aucune crainte à avoir…

    1. BN

      Le grand emprunt, c’est une bonne idée : soit ça marche, l’état se casse la figure un peu plus tard et les gens sont durablement vaccinés contre la dette.
      Soit ça ne marche pas et les gens sont mis face à leurs responsabilités : “ah, vous ne voulez pas prêter de l’argent à l’état ? bienvenu dans “le marché”. Et pourquoi les banques auraient-elles plus envie de prêter plus ?”.

      Bon, ok, j’arrête de rêver tout haut. Si la raison devait venir dans le grand public, elle serait là depuis longtemps.

    2. Le Japon, ça allait tant que la masse démographique tenait bon, et que le nombre d’entrants dans le système était supérieur au nombre de sortants (retraités). Ce n’est plus le cas. Lorsque le pays va devoir aller chercher des sous à l’étranger (ne pouvant plus prendre sur les épargnants, qui diminuent), ils vont se retrouver avec des taux prohibitifs (200% d’endettement, ça calme). Et ça ira très vite : fini la sociale-démocratie là-bas aussi, récession franche et effondrement.

      Non, le salut ne viendra pas du Japon, et ce n’est pas un modèle à copier.

    3. Franck Boizard

      1) Le Japon est dans la merde.

      2) Si il n’est pas plus dans la merde que cela, c’est parce qu’il exporte beaucoup, ce qui, à moins qu’on m’ait menti, n’est pas le cas de la patrie-des-droits-de-l’homme avec le modèle-social-que-le-monde-entier-nous-envie.

  6. marine 2012

    la dette n’est pas l’ennemi en soit, tant qu’elle est en france.

    Bullshit. Toutes les démocraties qui ont choisi l’endettement ont toutes finies dans la merde (dictature et/ou appauvrissement de la population). Que la dette soit détenue par les gens du pays ou l’extérieur ne change strictement rien.

    Le véritable ennemi c’est :la mondialisation ultra-libérale qui
    détruit des millions d’emplois en Europe et aux USA…..dans
    l’indifférence (quasi) générale,hélas….

    blablabla ultralibérale patatipatata.

    Je vous prie de bien vouloir écouter les propositions du Front du Gauche et Front national avant de les dénigrer!

    Oui, 100 balles et un mars, aussi ? Mais ceci dit, belle honnêteté de les mettre ensemble.

    Le PS n’est pas toute la Gauche (d’ailleurs, pour ma part, il est plutôt au centre).
    On dirait que la propagande bobo-écolo droitiste s’affole face à la montée en puissance de la gauche de transformation sociale.

    Les ultra libéraux sont maintenant tellement fourbe, qu’ils veulent nous faire croire que le système actuel n’est pas ultralibéral et apatride.
    dans ce cas comment expliquer vous la mondialisation.


    a/ tu écris avec plein de fautes d’orthographe. Ceci prouve que tu as subi l’instruction estampillée EdNat, donc que ton cerveau brasse de la purée collectiviste sans queue ni tête. Bravo.
    b/ tu ne comprends pas les concepts que tu manipules. Mondialisation, ultralibéral, patati : tout ça, ce sont des mots que tu es incapable de définir, et ça se lit de façon limpide dans l’enfilage de poncifs éculés que tu présentes ici.
    c/ la France, (ultra)libérale ? Fais nous rire. http://www.contrepoints.org/2011/11/17/56032-le-bonheur-du-socialisme-de-nos-jours-pour-tous

    Bref. De la bonne bouffonnerie.

    1. Theo31

      Dites Marine, rappelez-moi combien de temps a duré la transition vers le nirvana socialiste en URSS, sans jamais l’atteindre.

  7. boissoudy

    Ô blog merveilleux où l’on reprend les intervenants sur leurs défaillances orthographiques. Si la France se pète la gueule, il nous restera cet îlot de tenue et de créativité toute française, qui résistera de l’intérieur au blitzkrieg qui va déferler.

  8. BA

    Vendredi 25 novembre 2011 :

    Le Trésor italien au bord de la rupture.

    L’effet « Mario Monti » a fait long feu et l’Italie est de nouveau sous très forte pression pour financer sa dette. Au lendemain du sommet ayant réuni jeudi à Strasbourg le président français Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel et le nouveau président du Conseil italien, le Trésor transalpin a dû concéder ce vendredi un taux record de 7,81 % pour placer 8 milliards d’euros de dette à deux ans, soit plus de 3 points de pourcentage de plus que lors de l’émission réalisée le 26 octobre.

    Rome a également payé un taux record de 6,5 % pour émettre 2 milliards d’euros d’obligations à 6 mois.

    Les marchés ont sans surprise très mal réagi au résultat de ces deux adjudications. En début d’après-midi, le taux référence à 10 ans grimpait de 21 points de base, à 7,32 %.

    La différence de taux avec l’Allemagne, appelée prime de risque ou « spread », est repassée au-dessus des 500 points de base dans le sillage de l’opération pour la première fois depuis le 16 novembre. Signe de l’inquiétude des marchés, la Bourse de Milan a creusé ses pertes après cette émission et cédait 1,84 %. Sur le marché des changes, l’euro est tombé jusqu’à 1,3225 dollar, son plus bas niveau depuis début octobre.

    Outre le fait que ces taux d’emprunt sont jugés insoutenables sur la durée pour la péninsule, dont l’encours de dette atteint 1.900 milliards d’euros, soit environ 120% de son PIB, l’Italie n’a attiré qu’une demande relativement modeste des investisseurs malgré ces rémunérations très attractives. Les intervenants n’ont proposé que 11,7 milliards d’euros sur l’opération à deux ans et 3,2 milliards sur la souche à 6 mois, soit des ratios de couverture respectifs de 1,47 et 1,59.

    Pour l’heure, cela a suffi pour que le Trésor italien emprunte le maximum de 10 milliards d’euros qu’il escomptait ce vendredi, mais les marchés craignent qu’une crise de liquidité empêche à terme Rome de refinancer sa dette, même à des coûts astronomiques. Un phénomène de très mauvais augure alors que se profile lundi et mardi des adjudications à long terme.

    Dans ce contexte de tensions extrêmes, la chancelière allemande a réaffirmé jeudi son opposition aux euro-obligations, jugées par bon nombre de spécialistes comme l’une des clefs de sortie de crise. Autre piste souvent mise en avant, la monétisation des dettes par la BCE, via une création monétaire illimitée, est également au point mort. L’Allemagne et la BCE y sont en effet farouchement opposées, même si l’institution de Francfort a déjà acheté pour plus de 190 milliards d’euros d’obligations périphériques depuis le début de la crise.

    http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20111125trib000666768/le-tresor-italien-au-bord-de-la-rupture.html

  9. juni palacio

    Les pays du sud vont probablement quitter l’euro dans les tous prochains mois. La France s’y accrochera désespérément ce qui lui coûtera bonbon. Hollande après s’être longuement tâté comme à son habitude s’y résoudra. La Wallonie rejoindra la France. Il ne reste plus à savoir qui figurera sur le prochain billet de 100 FF. Nous retrouverons nos bonnes vieilles habitudes inflationnistes. Et même le rafale sera compétitif…

    1. Je ne pense pas. Ce sera plus chaotique (et les Wallons, majoritairement, ne veulent pas du tout devenir français).

      1. Théo31

        “les Wallons, majoritairement, ne veulent pas du tout devenir français”

        Même contre de l’argent gratuit des autres ?

  10. Franck Boizard

    La crise dure depuis quatre ans (même si on peut remarquer que la croissance européenne décline depuis 2000) et nous n’en sommes qu’au début.

    En effet, les solutions rapides sont combattues pied à pied par ceux qui sont au pouvoir. Ils voudraient prolonger la douleur le plus longtemps possible, ils ne s’y prendraient pas autrement.

    1. Pascale

      Je ne sais pas si vous visitez de temps en temps les blogs socialistes (de droite ou de gauche, extrêmes ou non), mais c’est affligeant de voir la haine irrationnelle qui se déverse contre les marchés, les agences de notations, les financiers assoiffés de profits et apatrides* (celle-là, je l’adore particulièrement). Alors que tous ces gens ne savent même pas ce qu’est un marché, à quoi il sert et bien entendu, sont absolument incapables de proposer une solution qui les remplaceraient (les marchés, les financiers et les agences de notation et j’en oublie certainement).

      À part proposer plus de réglementations, donc plus d’État donc plus de socialisme, et énoncer des “clichés” qui souvent ne veulent strictement rien dire, c’est le vide le plus total

      * formule toute faite (et indiniais) comme celle-là que j’ai lue sur un forum socialiste : Margareth Thatcher a vendu l’industrie britannique à la City (sic) !
      Il y a de ces perles de temps en temps …

      1. Stéphane

        Ils ne veulent pas les remplacer, ils veulent les supprimer.

        Physiquement.

        Après ils seront toujours dans la merde, mais cela n’a aucune importance: ils trouveront d’autres boucs émissaires. Et encore. Et encore.

  11. juni palacio

    J’admets. Les péripéties seront nombreuses et variées. Mais l’issue est fatalement celle que l’on sait.Les taux d’intérêts dans le cas français ne demandent qu’à s’emballer.Il suffit d’un doute ds marchés pour cela. Sauf à imaginer un processus de monétisation quasi-infinie. Là, le jeu est tout entier entre les mains des Allemands. A quel moment craqueront-ils ? Je connais mal ce pays.

    1. Merkel pliera. Elle a constamment plié depuis les 3 dernières années, elle continuera.
      Mais la catastrophe aura tout de même lieu.

    2. Pandora

      En Allemagne, il n’y a pas de pouvoir sans contre-pouvoir : ils ont connu la dictature et instauré des règles qui ne permettront pas le retour à un tel régime.

      Ainsi la co-gestion patronat-syndicat est une loi instaurée après la seconde guerre mondiale. Elle n’empêche pas les scandales : un syndicat siégeant au conseil d’administration de SIEMENS a été accusé de détournement de fonds en 2007. je ne connais pas la fin de l’affaire.
      Mais elle évite les dérives trop importantes.

      Les décisions d’Angela sont soumises à la Cour Constitutionnelle, que n’importe qui peut saisir. C’est arrivé lors du dernier plan de sauvetage pour la Grèce mais la Cour a validé la décision d’Angela.

      Les “gens autorisés” raillent la lenteur de ses mesures mais elle n’a pas le choix.

      Autrement dit, la politique monétaire de l’Euro est décidé à Frankfort et la Cour des Comptes siège à Karlsruhe (Cour Constitutionnelle).

  12. BA

    Lundi 28 novembre 2011 :

    Alors que des pays comme l’Italie ou la Hongrie ont de plus en plus de mal à se financer à des taux viables sur les marchés, Moody’s écrit que l’élan politique pour mettre en oeuvre une solution efficace à la crise pourrait n’être trouvé qu’après une série de chocs, ce qui pourrait mener davantage de pays à se voir privés d’accès aux marchés du financement pour une période prolongée.

    L’agence Moody’s fait là référence aux pays comme l’Irlande, la Grèce, le Portugal ou encore la Hongrie, qui ont dû bénéficier d’un ou plusieurs plans de sauvetage financier de la part de l’Union européenne ou du Fonds monétaire international.

    Selon elle, d’autres pays pourraient avoir besoin de faire appel à ce genre de solution si l’UE ne parvient pas à trouver rapidement une réponse adéquate à la crise, et ces pays verraient alors très probablement leur note abaissée à celle d’un investissement spéculatif.

    Au vu des événements des dernières semaines, Moody’s indique devoir considérer la probabilité d’un scénario encore plus négatif.

    Selon elle, la probabilité de défaillances multiples d’Etats de la zone euro n’est plus négligeable et ne cesse d’augmenter en l’absence de solution à la crise.

    Si cette probabilité devait se matérialiser, cela augmenterait la probabilité qu’un ou plusieurs pays quittent la zone euro, ajoute l’agence, pour qui ce scénario d’une fragmentation de l’euro aurait des répercussions négatives pour tous les pays de la zone euro et de l’UE.

    http://www.romandie.com/news/n/_Dette_les_notes_de_tous_les_pays_de_l_UE_sont_menacees_281120110611.asp

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