[Redite] La mémoire médiatique

Billet paru initialement le 07.03.2007

En 2007, j’établissais le constat qu’internet apportait une mémoire là où la presse n’apportait qu’un instantané, et en déduisait qu’un changement de paradigme serait à l’œuvre dans les années à venir, en modifiant de façon profonde le rapport des individus à l’information, à la presse et aux médias. 10 ans plus tard, le constat reste le même et le début de cette révolution est déjà en place : en 10 ans, les gens se sont habitués à rechercher ce qui se dit, à comparer, à étalonner leurs informations en fonction de leurs préférences, de leur ressenti, de leurs biais mais aussi en usant de leur esprit critique. Le bilan est sans appel : la confiance dans la presse et les politiciens s’est effondrée partout dans le monde, et tout indique que la presse telle qu’on la connaît vit ses dernières années.


L’humain a, soyons honnêtes, une mémoire assez médiocre. Ou, disons plus précisément, très sélective. Allez comprendre pourquoi, l’homme par exemple retient beaucoup plus facilement les numéros de téléphone des jolies femmes que celui de sa belle-mère ; la femme, quant à elle, mémorise bien mieux les aléas conjugaux de Tom Cruche ou Brav Pittr que les trajets routiers exceptionnels ou les résultats de foot. Pour aider – enfin – les femmes à se rappeler des performances des équipes sportives et retrouver – enfin – les clés des hommes, les inventeurs de tous les âges se sont escrimés sur des techniques diverses et variées pour conserver et reproduire l’information. Grâce à quoi, la politique ne sera jamais plus la même…

On reconnaît un insondable crétin quand, le nez mis dans le caca, ce dernier ne se démonte pas et utilise tous les moyens possibles, dont une mauvaise foi en béton armé précontraint, pour nier l’évidence et ne pas reconnaître ses fautes.

Au fur et à mesure que l’humanité à cheminé sur le sentier périlleux des technologies de l’information, la chasse au crétin est donc devenue de moins en moins compliquée. Par réaction et grâce aux merveilleux mécanismes d’adaptation que la nature leur a donné, les crétins se sont progressivement mis à niveau pour que leur repérage n’en soit pas trop aisé. Mais à chaque nouvelle avancée technologique marquante, il est devenu de plus en plus difficile au crétin de passer au travers des mailles du filet de détection.

Ainsi, avant l’ère de l’écrit, n’importe quel guignol se lançant dans la politique de l’époque pouvait faire valoir n’importe quel argument et prétendre son contraire quelques jours plus tard. Encore plus simple : la mémoire étant ce qu’elle est, le guignol politicien de Néanderthal pouvait par exemple faire valoir que si son plan de relance de l’activité économique de chasse du bison avait lamentablement foiré, c’est essentiellement parce que – et il nous avait prévenu dans son discours, rappelez-vous – des éléments météos capricieux avaient favorisé la migration du bétail bien au-delà des zones de chasses de la tribu et non par sa décision – discutable mais mis en débat et acceptée, rappelez-vous, autour du feu dans la caverne, y’a gnagna jours – de munir les guerriers de flèches à pointes de calcaire (taillées par son frère et – très bien – rétribué en conséquence) au lieu des pointes silex pourtant éprouvées jusqu’alors. Bien malin, à l’époque, celui qui se rappelait effectivement ce qui avait été dit ou décidé.

Les hommes de l’époque ont probablement dû se faire entuber généreusement un certain nombre de fois jusqu’à ce qu’un petit malin décide de graver dans le marbre, presque littéralement, les décisions importantes qui étaient prises, pour pouvoir, le cas échéant, ressortir les tablettes et les balancer à la tronche du menteur. Ok, je sais, au début, ce n’était pas du marbre, mais plutôt de la terre cuite, et le but était surtout de compter les têtes de bétail et donc d’assurer que la richesse des uns et des autres était correctement évaluée (eh oui : même loin dans le temps, les petits malins qui voulaient échapper au fisc de l’époque devaient faire bien attention à leurs déclarations – et je n’évoquerai pas les pitreries de Marie-Ségolène ou Nicolas pour illustrer mon propos).

Lorsque la presse est apparue, elle a permis deux choses assez fondamentales : augmenter de façon exponentielle la distribution du message initial d’une part, et, d’autre part, permettre une transmission plus fiable du contenu du message en lui-même.

En augmentant ainsi le nombre de personnes touchées, le message d’un homme politique pouvait mobiliser plus de gens à la fois, et permettre ainsi à des idées nouvelles de trouver preneur. On peut facilement admettre que la révolution de la presse aura été le terreau qui permit le siècle des Lumières et ses avancées notables en sciences et en politique. Le libéralisme, ne crachons pas dans la soupe, a beaucoup bénéficié de cette merveilleuse invention.

En outre, la presse aura permis de fixer le message sur un support. L’homme politique s’est donc vu poursuivi, timidement d’abord puis de façon systématique, par ses écrits de jeunesse ou ses dérapages écrits. Il est devenu plus difficile pour lui de prétendre n’avoir pas écrit telle ou telle chose alors que, précisément, l’archive devenait possible. Habilement, il s’est adapté.

Il a alors laissé le soin aux autres (journalistes par exemple) de rapporter ses discours. Dès lors, il regagnait un peu d’espace pour laisser libre cours à ses mensonges et ses triturations de la réalité pour favoriser son maintien ou son accession au pouvoir : il est maintenant courant qu’un homme politique accuse la presse d’avoir tronqué son discours, ou d’avoir sorti de son contexte les saillies qui auraient été mises en exergue…

L’arrivée de la presse et son utilisation pour disséminer les idées aura coïncidé avec l’arrivée au pouvoir d’hommes politiques certainement plus malins dans l’art délicat du “Je n’ai jamais dit ceci” voire du “Je n’ai jamais écrit cela”.

Avec l’arrivée de la radio, le politique passe dans le domaine de l’instantané. Sa diction se devait d’être bonne, et ses tiques de langages devaient disparaître. Pire : la radio permettant une inter-activité plus ou moins forte avec l’auditeur, le politique a dû, là encore, s’adapter et faire encore plus attention à ses mots : le sens de la formule est devenu primordial. L’oral étant plus marqué dans l’émotionnel là où l’écrit appelle plus au rationnel, le discours s’est progressivement vidé de profondeur, de sens, pour être plus rhétorique et moins politique. Le mensonge pouvant s’entendre plus facilement, il aura été plus camouflé.

La télé aura marqué une grande étape supplémentaire. On se souviendra du débat entre Nixon et Kennedy qui débuta la montée en puissance de ce médium pour transmettre les idées et pipeauter le votant. Le débat d’idées fut balayé devant les postures, les mimiques et les comportements. Depuis, les débats politique qui se succédèrent à la télévision furent tous axés sur l’image que le politique pouvait donner, bien avant le fond du discours lui-même.

En clair, l’homo politicus aura été obligé, pendant ces derniers siècles, de s’habituer à donner toujours plus le change, et empiler les méthodes, pour conserver sa crédibilité.

Mais jusqu’à présent, une caractéristique surnageait :
– les discours écrits ne sont guère archivés que par les journalistes eux-mêmes, et encore. Rares sont les citoyens qui se donnent la peine d’aller vérifier les discours passés. L’histoire est un perpétuel oubli à ce niveau.
– les bandes radiophoniques, elles aussi archivées, ne sont que peu réécoutées et ne sont finalement accédées que par des spécialistes. Là encore, le citoyen lambda fait rarement des recherches dans les discours radios passés.
– la télévision nous propose, de façon plus notable, des bandes d’archives, notamment sur les événements importants (ou, plutôt, que ceux qui tiennent les archives ont jugé importants). Parfois, nous avons droit à une rediffusion d’un débat intéressant, ou de quelque document d’époque. Mais force est de constater que le citoyen lambda (toujours lui) est là encore tributaire du bon vouloir du médium.

En clair, les média proposés sont de plus en plus efficaces à retranscrire la dimension humaine d’un politique (son visage, son timbre de voix, ses postures, son discours, ses manies), mais ces média ne proposent que rarement un moyen simple d’aller interroger le passé, de confronter les discours actuels avec ceux d’outre-tombe, ou, pire, de renvoyer à la figure des menteurs leurs petits arrangements avec la réalité.

La situation, cependant, est en train de changer rapidement. Si rapidement, en fait, que la plupart des politiques n’en sont pas encore au courant, et que, pour la première fois dans l’histoire, les retours d’odeurs des Bullshits Galactiques qu’ils nous pondent régulièrement vont être particulièrement violents.

Cette révolution, c’est la numérisation et la mise à disposition d’espace de stockage à volonté, via internet. Non seulement, n’importe qui peut venir stocker des données, c’est-à-dire enregistrer pour la postérité un morceau de vérité, mais en plus cet espace est-il accessible par n’importe qui, et, mieux encore, on peut le passer au crible de critères permettant une recherche efficace, et de trouver une aiguille politique bien pointue dans une meule de foin médiatique.

Chaque personne qui s’exprimera publiquement, en utilisant la force médiatique de la télé par exemple, devra maintenant faire preuve d’une précaution accrue.

Déjà, un Laurent Ruquier aura eut à pâtir de ce retour de bâton : on ne peut plus affirmer, dans un univers où, si les gens ne se souviennent pas, les archives internet, elles, ont une excellente mémoire, qu’on ne soutient personne…

Noel MamereDéjà, un Mamère se retrouve dans la délicate position de menteur éhonté, sans la moindre vergogne. Mieux – internet est sans pitié – : on peut même retrouver sa réponse gênée, mal fichue et dégoulinant d’hypocrisie sournoise. Et ce qu’il y a de jouissif, dans cette histoire, ce n’est pas tant d’avoir attrapé le menteur la langue ailleurs que dans sa poche. Non. C’est le fait de savoir que la casserole de Mamère est maintenant présente sur des racks de serveurs, sauvegardée régulièrement, vue par des millions d’internautes qui se sont tordus les côtes en voyant le pauvre dinosaure se débattre dans ses explications tordues. C’est le fait de savoir que maintenant, on pourra lui renvoyer dans les gencives, à chaque fois que nécessaire, que “Non, môssieu le petit doigt en l’air de l’écologie, vous n’êtes pas toujours en vélo, vous aussi vous prenez régulièrement l’avion, vous aussi, vous polluez, comme tout le monde, et pire, vous, vous mentez.”

Comme je le disais au début, on reconnaît un crétin à sa posture quand on le met devant ses mensonges, ses contradictions, ses errements logiques, ses sottises. Je crois que nous allons découvrir beaucoup de crétins dans les prochaines années. D’après Lincoln, “aucun homme n’a assez de mémoire pour réussir dans le mensonge”. Maintenant, avec internet, il va devenir facile, voire jouissif, de renvoyer les menteurs et les pipoteurs à leurs mensonges.

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Commentaires50

  1. Le Gnôme

    Bof, beaucoup de gens ont déjà oublié que Macron avait été un des principaux conseiller de Flanby Ier et son ministre de l’économie, et qu’il a contribué à la glorieuse réussite de ce quinquennat, et s’apprêtent à voter pour lui pour continuer ce bel élan (pas la bestiole).

    Le Français a une mémoire de bulot, peu importe la mémoire du net, la dernière info télé aura toujours raison. Le net possède la plus belle mémoire de l’humanité, mais l’homme est il curieux ?

    1. On verra, mais je peux vous garantir que Macron n’aura pas une majorité des votes pour lui. La majorité des Français se souviendra très bien de son passé.

      1. Mildred

        Que pouvez-vous “garantir” ? Que Macron ne sera pas élu à la présidentielle ? Ou qu’il n’aura pas de majorité aux législatives ?

        1. Quel que soit l’élu, il n’aura pas – et c’est garanti – 50% des électeurs derrière lui.

          1. Mildred

            Il me semble que là, vous enfoncez une porte ouverte, puisque de 1965 à 2012 aucun candidat, à part Chirac qui a réuni 62% des votants sur son nom en 2002, n’a réussi à passer la barre de 50% des électeurs derrière lui !
            Les scores s’étagent entre 45,3 % pour De Gaulle en 1965
            à 37,5 % pour De Gaulle en 1969 !
            Pour mémoire : en 2012 Hollande a été élu avec 39,1% des suffrages sur son nom et 24,3% d’abstention, blancs et nuls.

            1. Porte qui n’est en réalité ouverte que par un nombre restreint de personnes, et certainement pas par la presse de ce pays qui s’empresse toujours d’adouber de l’onction démocratique le président élu, quand bien même il ne représente qu’une petite minorité de Français.

            2. Calvin

              +1 avec h16

              Et pour Chirac en 2002, il n’a fait que 19,88% au premier tour (soit moins de 14% des inscrits).

            3. Mildred

              Il fallait bien sûr lire : “de De Gaulle en 1965 à… Pompidou en 1969 !”
              Avec mes excuses !

        2. kkun

          On peut garantir sans grand risque, sauf évènement majeur et bouleversant changeant la donne dans les semaines qui viennent, que Macron ne dépassera pas les 15% des votants et encore… (donc loin des plus de 25% que lui prêtent les sondages manipulateurs), ceci avec une abstention de l’ordre de 25% et des blancs supérieurs à l’habituel.

          Macron non seulement n’aura pas une majorité des votes, mais n’aura qu’une faible minorité comme soutien populaire.

          On parie?

        3. kkun

          On peut garantir sans grand risque, sauf évènement majeur et bouleversant changeant la donne dans les semaines qui viennent, que Macron ne dépassera pas les 15% des votants et encore… (donc loin des plus de 25% que lui prêtent les sondages manipulateurs), ceci avec une abstention de l’ordre de 25% et des blancs supérieurs à l’habituel.

          Macron non seulement n’aura pas une majorité des votes (ça c’est évident), mais en plus il n’aura qu’une faible minorité comme soutien populaire.

  2. carpe diem

    le net a changé la donne et la plupart des crétins qui voudraient bien gouverner ont un temps de retard, ils n’ont toujours pas compris qu’ils vivent sous un plafond de verre. tout s’y voit, tout s’y sait et ça va leur péter à la gueule. Et qui plus est, c’est très dangereux, plus personne, ne croit en rien.

    1. Aristarkke

      Dans la pratique, ils sont plutôt sur un plancher de verre avec nous en dessous qui les soutenons, nolens volens, au moins financièrement…
      Chacun à sa place et les Apaches seront bien gardés dans leurs enclos…

  3. bibi

    Concernant le débat Nixon Kennedy, il est a noté que parmi ceux l’ayant suivi à la radio ils ont trouvé Nixon meilleur alors que ceux l’ayant suivi à la Télé ont trouvé Kennedy meilleur.
    Il faut dire que Nixon souffrait atrocement du genou et que la souffrance qui se lisait sur son visage ne l’a pas servi auprès des téléspectateurs.

    1. Aristarkke

      JFK était sans conteste beaucoup plus télégénique que Nixon.
      Cela a fait pencher la balance en particulier chez la gent féminine…

      1. FaLLaWa

        Tiens je sais pas pourquoi ça me fait penser au voile musulman qui servirait à ne pas être jugé sur son physique. Peut-être les politiciens devraient-ils le porter (le voile intégral hein 😉 ) afin d’être jugé sur leur discours? Haha

      1. Lark on the Wing

        et Nixon, très brun, devait se raser deux ou trois fois par jour pour ne pas avoir cette “five o’clock shadow” qui lui donnait l’air d’un vendeur de voitures d’occasion particulièrement louche et chafouin.

        JFK, blondin élégant et beau gosse, avait cette classe naturelle du bramin de la Côte Est, bien que catholique… les femmes l’élurent (avec l’aide de la fortune paternelle et de la Mafia).

        1. Pheldge

          “les femmes l’élurent”, HB, on est content de ta résurrection, mais quand même ! je sais bien qu’on dit “l’élu” mais le verbe c’est “élire”, aux dernières nouvelles … 😉

          1. Aristarkke

            Ah bon??? ElirE est du troisième groupe… Pas du deuxième… J’ espère que ton chapeau est comestible…

  4. zelectron

    Même si cet évènement est lointain il reste curieusement ignoré voire effacé des mémoires (Wikipedia n’échappant pas au travail de sape des petites mains de gôche) il s’agit du désarmement des avions au salon international de l’aéronautique et de l’espace au Bourget quelques jours après l’installation de Mitterrand à l’Élysée qui a coûté 80 milliards de francs d’annulation de commande à l’industrie de l’armement française sans compter les dégâts collatéraux : faillites, licenciements chômage de masse et bien d’autres avanies qui se sont prolongées pendant plus d’une décennie (certaines traces existent encore aujourd’hui)
    nb. petit détail : j’étais présent ce jour là sur stand..

  5. prosper

    Que de symboles ! Ruquier (Royal), Mamère …. Après des décennies de manipulations, mensonges, lâchetés, enfumages (et j’en passe et des pires) le Français (“moyen”) qui pense avoir purgé sa peine quinquennale va en reprendre pour cinq ans ! Seul le nom du taulier changera. Les règles, non !
    Cinq ans de plus d’une vie et d’espoirs engloutis …. qui vieilliront ensemble.

    1. Pat

      Et Ruquier continue sa propagande (à nos dépens) et Royal continue de trôner (à nos dépens aussi). L’un et l’autre ont-ils rendu officiel leur soutien à Macron ?

  6. zelectron

    puisque nous y sommes
    Retraite à 60 ans ( 58 ? voire même 56 ! )
    La statistique de la brusque accentuation de mortalité des “nouveaux” retraités priés (suppliés), chassés de leurs emplois, pour laisser la place aux jeunes, est introuvable

  7. Lark on the Wing

    Je note surtout que Monseigneur a fort bien vieilli : cette chronique d’il y a dix ans est certes intelligemment caustique, mais reste encore dans le style “bien élevé” du billet d’humeur classique, qui ne le singularisait pas de quelques dizaines d’autres auteurs.

    Les actuels billets du “blogueur-phare”, avec ce style destroy et faussement débraillé, sont infiniment supérieurs quant à l’efficacité obtenue et à la fidélité du lectorat ainsi obtenue : j’en suis un exemple. Si j’avais découvert le H16 en ces temps éloignés, j’aurais souri et passé mon chemin. Depuis 5 ans, il n’y a guère de jours où je ne rends pas visite à ce Blogue…

    Et je gage que je ne suis pas seul en cet état d’esprit…

    1. Aristarkke

      “Depuis 5 ans, il n’y a guère de jours où je ne rends pas visite à ce Blogue…”

      Sauf la période où je t’imaginais, avec quelques autres inquiets du Lord Quiet, gésir dans un sous-bois, fortement plombé ou largement evisceré par un maraud de sanglier, servant de sustentation à quelques charognards infâmes…

      A bien duré un bon trimestre largement secouée, comme mesure remplie…

      1. Lark on the Wing

        Cépafo ! mais bon… la brebis égarée est revenue…. estoit sans doute le stress de la pension et le changement de vie….

        1. Calvin

          Brebis ?
          Je pensais plutôt au fils prodigue, tellement nous étions contents de te revoir hanter ces lieux.

          1. Gosseyn

            S’il dit qu’il est en cet état d’esprit, vous vous empressez d’ajouter qu’il revient hanter ces lieux. C’était pour enchaîner ?

  8. René-Pierre Samary

    Il me semble que l’une des caractéristiques majeures de notre époque, en raison de l’omniprésence des médias, est la perte de mémoire. Je parle de la mémoire longue. Le flux continuel d'”informations”, en privilégiant par définition le court-terme, occulte les mises en perspective et le sens historique. La plus grande partie de ce qui fait le fleuve médiatique est totalement inutile quant à la compréhension du monde dans lequel nous vivons ; et, partant, néfaste quant à notre capacité des prendre des décisions. Au contraire, nos contemporains soumis à un bombardement médiatique assourdissant perd la capacité de penser et d’agir.
    Pour Nietzsche; l’homme supérieur est l’être « à la plus longue mémoire »
    Les capacités de stockage de notre cerveau sont plus ou moins limitées – même secouru par des capacités de stockage externe évoquées dans ce billet, Pour faire appel à l’un comme aux autres, il faut trier, et surtout éliminer le “bruit de fond” de l’information en continu.
    Dans ce contexte, l’internet offre la possibilité d’une information non pas subie, mais choisie, quitte à accepter un inconvénient : on ne cherche souvent que ce que l’on a envie de trouver. Là encore, il s’agit de faire appel à nos capacités critiques, qui ne peuvent que s’affiner en se dotant d’une “longue mémoire”, et même au-delà de l’histoire humaine.

    1. Bonsaï

      Intéressante analyse.
      Encore faut-il que cette “mémoire longue” soit en mesure de s’appuyer sur une vaste culture, afin de disposer de multiples points de référence…

      1. Quiet Desperation

        Privilège de l’âge, chère Lady B…. peu enviable d’un certain coté, sans doute… mais la culture s’acquiert tout au long de la vie… j’achète toujours des livres, au désespoir de ma femme qui les voit, prétendûment nids à poussière, s’étaler un peu partout…

        Mais c’est irremplaçable : si l’Internet est un outil devenu indispensable pour retrouver une référence (même avec une mémoire devenant lacunaire, il subsiste toujours quelques mots-clés permettant d’identifier l’ensemble sur un moteur de recherche) et même avec les livres scannés par Google, ces recherches donnent trop souvent des résultats superficiels.

        Alors, n’est-ce pas…. outre l’Internet, un honnête homme n’a jamais trop de livres, de munitions et de vin rouge….

        Il est vrai que l’Internet est aussi un stock de munitions, comme disait Monseigneur. Dommage quant au vin rouge…

        1. Quiet Desperation

          Livres, munitions et vin rouge, c’est une citation de Kipling, hein ?

          Je dis ça pour les reloux qui penseraient que, parmi les commentateurs du Blogueur-Phare, c’est plein de fafs qui bouleraient de la Columbine… genre avinés brandissant “Mon Combat” avec des bandoulières plein leurs torses de Rambo…

          Non pas…. j’aime Kipling, voilà tout… surtout des poèmes comme “Tommy” qu’Orwell citait contre la “Pansy Left”, toujours si actuelle,

          “Yes, makin’ mock o’ uniforms that guard you while you sleep
          Is cheaper than them uniforms, an’ they’re starvation cheap;”

          1. Lark on the Wing

            “Columbine”… c’était aussi le nom de l’avion présidentiel US, au temps d’Eisenhower…

            moins arrogant que “AF One”, n’est pas ?… j’ignore le nom de celui de Normal : “Pizza Uno” ?

          2. René-Pierre Samary

            Mais qui est ce “blogueur-phare” dont vous faites votre miel ? J’ai dû rater un épisode, fort occupé que j’étais avec les aventures de “La Mouche” et mon prochain bouquin.
            (avis à la population – roulement de tambour – Le docteur Knock, je veux dire le Docteur Samary, expert en maladies conjugo-génitales, offre, dans un esprit philanthropique, une consultation gratuite chaque fin de semaine, réservée à l’ensemble de la population)

            1. Lark on the Wing

              ‘Tain…. yen a qui suivent pas, hein?… c’était une citation/délation de Deconnex, à propos de la Fachosphère en gros, où Monseigneur était ainsi qualifié…

                1. Bonsaï

                  Je constate que pour nos vaillants Chevaliers du Verbe la journée est fort bien partie, les montures piaffent déjà dans la cour et la poussière s’élève sous les sabots…

      2. René-Pierre Samary

        Une “vaste culture” et des “multiples points de référence”, c’est assez vague. Placés comme nous le sommes devant une accumulation gigantesque de savoirs disponibles, notamment scientifiques, l’ambition de tous les posséder même grossièrement est évidemment illusoire. Nous en sommes réduits, devant ce foisonnement, à suivre les guides qui nous paraissent les plus fiables -souvent, parce que leurs écrits n’ont pas été complètement démentis, à la lumière du feed-back historique. Munis de la lanterne du principe scientifique de réfutabilité, nous éliminons tout ce qui ressemble à une idéologie pleinement constitué, y compris les croyances (pas de nouveau débat merci), par nature irréfutables.
        Quand nous ne sommes pas abrutis par l’immédiateté, nous disposons, pour trouver un chemin dans l’épais taillis des connaissances, d’un instinct imparfait mais indispensable, qui s’appelle le bon sens. Celui-ci nous défend contre tout ce qui peut ressembler à des interdits et des injonctions de principe. Après ce tri que la prudence impose, notre curiosité naturelle (propre à l’homme) nous dit où il est plus fructueux de creuser.

    1. Lark on the Wing

      J’en suis resté au merveilleux vieil “Historia”, celui de Vivie, qui m’a donné le goût de l’Histoire, avec G. Lenötre et autres, dans une optique “dérangeante” de nos jours.
      Au milieu des années 60, par exemple, il y eut des sondages publiés là, qui absolvaient, à plus de 75%, le Maréchal Pétain de l’imputation de “trahison” : il est vrai qu’à cette époque, nombreux étaient encore les anciens de 14/18 et pratiquement tout le monde avait connu la Déroute de 40, les 2 millions de prisonniers et l’Occupe….

      Autant dire qu’avec la disparition de ces générations, et le formatage des jeunes esprits par l’Ed Nat, depuis, il est patent que le père Philippe s’est vu pousser des sabots et des cornes de bouc. Il ne se parfumait pas au soufre, mais c’est tout juste…

      On passa ensuite à plus élaboré, avec la prise de contrôle par A. Adler, ancien communiste devenu néo-con, et maintenant Perdriel, dites-vous ? La Muse Clio, elle va prendre cher…

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