Tagada, voilà les rodéos des Daltons

Dans un récent tweet qui n’a probablement pas eu tout le succès qu’il méritait, le Parisien interrogeait ses lecteurs d’un “Vous connaissez les «Daltons» ?” avant d’introduire un article sur un intéressant phénomène lyonnais.

Non, ici, il ne s’agit pas de la fratrie criminelle historique ni sa version humoristique des albums de Lucky Luke, mais d’un collectif de rappeurs lyonnais qui, pour d’habiles raisons marketing, se sont illustrés à la fois en portant les tenues caricaturales des personnages fictifs de Morris et à la fois en multipliant les troubles, comme par exemple en s’introduisant sur le terrain lors du match de foot OL-Sparta Prague.

Ce groupe, comme nous l’explique l’article du Parisien, est un habitué des rodéos urbains quasi-hebdomadaires dans les rues de la métropole lyonnaise, dans le but (réussi) de narguer la police. Cependant, pleins de mansuétude, les membres de ce groupe ont compris qu’effrayer la population lyonnaise n’était probablement pas un argument marketing assez pertinent et s’est donc empressé de proposer une trêve à leurs exactions en échange d’une opération musicale conjointe avec la chanteuse belge Angèle(qui doit être ravie d’être ainsi mêlée à ce genre d’affaires interlopes).

Oui, vous l’avez bien compris : un groupe de délinquants multirécidivistes propose donc un marché entre eux et les autorités.

On ne pourra pas enlever un certain toupet au collectif de rap qui, par cette proposition, démontre la déliquescence avancée de l’État français : tout se déroule en effet comme si ces individus étaient, finalement, inconnus des services de police ou que celle-ci se retrouvait devant un fait accompli impossible à réguler ou sanctionner, et que les agissements des Daltons étaient sinon impunis, au moins impossibles à empêcher.

Cette situation, dans laquelle les autorités sont tournées en ridicule et dont l’impuissance est maintenant médiatisée, est en partie expliquée dans un petit article de presse locale : alors que des individus, costumés comme les Daltons, se font arrêter lors de leurs exactions, tout indique que les têtes pensantes restent prudemment en retrait et ne manquent pas de relève à chaque fois que les autorités font des petites prises. Ces dernières – du menu fretin pas toujours majeur et dont le casier est commodément vierge – constituent un vivier facile à remplacer d’autant plus que les peines prononcées et appliquées sont, très manifestement, fort légères, malgré la flagrance.

Et s’il y a bien flagrance, c’est surtout celle de l’inadéquation entre les peines auxquelles les Daltons ont été putativement condamnés et les exactions dont ils sont coupables, à répétition : apparemment, effectuer des rodéos ne semble pas motiver beaucoup les juges pour des peines de prison fermes et longues, ce qui, dans un contexte de sécurité routière devenue maintenant rabique sur tout le territoire, laisse plutôt songeur.

Avec et sans Daltons, les rodéos semblent en effet se multiplier sur le territoire. Et s’il l’on peut éventuellement se consoler d’apprendre que, parfois, les responsables sont effectivement mis sous les verrous, la réalité reste bien que le phénomène se reproduit de façon croissante : chaque mois, une nouvelle affaire défraie l’une ou l’autre chronique locale ou régionale, parfois nationale lorsque les choses terminent vraiment mal avec quelques cadavres au bilan, mais force est de constater, régulièrement, la faiblesse des peines prononcées comme dans cet exemple où les coupables écopent de six mois de prison dont trois avec sursis.

La peine totale étant inférieure à un an, ceci veut dire qu’ils ne verront pas les murs d’une cellule de prison et seront donc dehors, ce qui pourrait leur permettre assez facilement de continuer leurs petites courses mécaniques et autres démonstrations motorisées sans grande inquiétude. Tout juste suffira-t-il de ne pas se faire prendre, ce qui semble finalement assez simple vu le nombre réduit de peines distribuées et réellement appliquées, la faiblesse des moyens humains effectivement sur le terrain et surtout le peu d’intérêt (ou l’aversion claire) des uns et des autres de s’occuper de cette délinquance routière bien particulière.

En somme, les autorités apparaissent parfaitement impuissantes devant ces rodéos et ces bandes organisées qu’elles soient de rap, de trafic de drogue, d’armes ou de toutes les activités bigarrées dans lesquelles elles se sont spécialisées ces dernières décennies.

Ici, le mot “impuissance” n’est pas une exagération : l’impunité ou, au moins, la décontraction avec laquelle ces exactions sont perpétrées ne surprend plus personne.

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de constater le succès médiatique du moindre politicien ou de tout individu qui, sans même prétendre apporter une solution, essaye d’aborder le problème, d’ouvrir le chapitre douloureux à la fois de l’impuissance de la police et de la déconnexion de la justice.

Du reste, les solutions existent déjà dans les lois, qu’on refuse en réalité d’appliquer car cela voudrait dire renoncer, au moins temporairement, au calme des quartiers émotifs dans lesquels ces rodéos ont le plus souvent lieu, et dont une partie de la population serait la première concernée par l’application stricte des lois. Il apparaît en effet assez clair que, à l’instar des Daltons qui font des marchés (plus de rodéo en échange de faveurs médiatiques, par exemple), ces quartiers bénéficient d’autres marchés, discrets mais connus, où les autorités laissent s’organiser ces zones de façon indépendante des lois du reste du territoire en échange d’une paix relative et d’une limitation des débordements connus.

Soit, les stigmates de 2005 sont probablement très importants : alors que ces émeutes auraient pu être le point de départ d’une reprise en main de ces quartiers et d’un nettoyage effectif de la racaille qui y sévit, les seize années qui ont suivi ont été l’occasion d’un abandon et d’un recul toujours plus loin des autorités républicaines. Mais les dérives constatées sont maintenant si grossières, si visibles, si répétitives que même ces marchés crapoteux ne tiennent plus.

La déliquescence du pays n’a jamais été aussi forte et aussi visible que dans ces quartiers qui démontrent chaque jour à quel point l’État obèse, distendu et étiré sur tant de domaines bien au-delà de ses compétences est présent partout et n’est plus compétent nulle part. Fort avec les faibles et respectueux, faible, vil et gluant avec les forts qui le méprisent, cet État ne mérite plus le soutien des citoyens honnêtes qui, pourtant, le financent de plus en plus chèrement.

Forcément, ceci va bien se terminer.

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