VTC agressées par des taxis : "Quand la vitre a été brisée, j'ai vraiment eu peur"

VTC agressées par des taxis : "Quand la vitre a été brisée, j'ai vraiment eu peur"
Le texte prévoit deux exceptions, conformément au projet gouvernemental: "les prestations de transport de VTC réservées par des exploitants d'hôtels 4 et 5 étoiles au départ de leur établissement" ou pour les organisateurs de salons professionnels. (THOMAS SAMSON / AFP)

Trois voitures de tourisme avec chauffeurs ont été agressées par des chauffeurs de taxis, en grève contre la "concurrence déloyale". Pneu crevé, vitres brisées...

Par Le Nouvel Obs
· Publié le · Mis à jour le
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Vitre brisée, pneu crevé, main blessée : la tension entre les chauffeurs de taxi, en grève, et les voitures de tourisme avec chauffeurs (VTC) a conduit à trois agressions ce lundi 13 janvier. La plus violente concerne un véhicule de la société Uber qui circulait près de Roissy.

Les deux autres ont eu lieu, l'une vers 10h30, aux abords de la gare Montparnasse à Paris, et l'autre non loin d'Orly. Le PDG de la société Chauffeur-Privé a confirmé ces deux dernières agressions dans un communiqué : "Ces agressions se font sous forme d’agressions verbales, de jets d’œufs et de pierres sur les véhicules. Mais également de coups violents cassant les vitres et rétroviseurs des voitures", explique-t-il.

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"Six ou sept hommes ont tenté d'entrer dans la voiture"

A Roissy, c'est la passagère de la voiture attaquée qui a raconté la première l'incident sur Twitter. 

"Je viens d'être agressée dans une voiture Uber par des taxis en grève près d'un aéroport parisien : vitres brisées, pneu crevé, véhicule vandalisé et mains en sang", a-t-elle raconté. Avant d'ajouter : "Les agresseurs ont tenté de pénétrer dans le véhicule mais notre courageux chauffeur a réussi à nous sortir de là, changer le pneu et nous ramener à la maison".

La jeune femme a ensuite raconté l'incident au "Nouvel Observateur". Comment a-t-elle atterri dans cette voiture ? 

Je suis arrivée à Roissy ce matin avec mon ami. Nous avons vu qu'il n'y avait pas beaucoup de taxis, donc nous avons décidé de prendre une voiture Uber. J'étais au courant qu'il y avait une grève, mais je ne savais pas que ça ressemblait à ça. Plusieurs files de voitures étaient bloquées. Ca ressemblait à un checkpoint, c'était un peu traumatisant pour moi qui viens des Philippines.

Sur l'A9, la voiture Uber est violemment prise pour cible : 

A un premier barrage, on a reçu sur les vitres une substance blanche, je ne sais si c'était de la colle ou de la peinture. D'autres voitures en ont été aspergées aussi. Puis la fenêtre côté passager a été brisée. J'ai été blessée à la main par le verre. Quelqu'un a craché dans l'ouverture.

Et ce n'est pas tout. Des chauffeurs de taxis reviennent à la charge : 

On a pu repartir, mais on a été à nouveau bloqués presque aussitôt. Là, six ou sept hommes ont tenté d'entrer dans la voiture, avant de nous crever un pneu. Le chauffeur a accéléré franchement et nous avons pu partir. Nous nous sommes arrêtés un peu plus loin et le chauffeur a changé le pneu. Au total, tout s'est passé en 5 minutes.

Une situation traumatisante pour la passagère : 

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Je ne comprenais pas ce qui se passait. Au début je pensais qu'on nous jetait des œufs, ce qui est assez classique. Quand la vitre a été brisée, j'ai vraiment eu peur. Et s'il y avait eu un bébé dans la voiture ? Puis quand ils ont essayé d'entrer, un sentiment de panique nous a envahis. Entrer pour faire quoi ? Je rentrais de Manille, qui est une ville relativement dangereuse, et je ne m'attendais pas du tout à ça en arrivant à Paris."

L'agression a été confirmée par Uber au "Figaro". La société a ensuite déclaré dans un communiqué "condamner fermement cette acte de violence". "Que les chauffeurs de taxi aient choisi la violence aujourd'hui est inacceptable, qu'ils aient choisi la grève est leur affaire", dit encore Uber.

Les taxis en grève contre la "concurrence déloyale"

Plusieurs centaines de taxis sont rassemblés depuis ce matin aux aéroports de Roissy et d'Orly à l'occasion d'une manifestation nationale contre la "concurrence déloyale" des voitures avec chauffeur.

Les manifestants entendent dénoncer la concurrence des voitures de tourisme avec chauffeurs (VTC), en pleine croissance actuellement, mais également le relèvement de la TVA sur les transports de 7 à 10%. Ils réclament aussi une "négociation nationale" sur les conditions tarifaires du transport des malades, en partie exploité par les taxis.

Sans signalétique lumineuse, les VTC peuvent être réservés pour une course mais n'ont en théorie pas le droit de prendre des passagers à la volée dans la rue. Or les taxis les accusent d'opérer sans réservation.

Anne-Sophie Hojlo, avec AFP

Le Nouvel Obs
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