SECURITELyon: un déchaînement de violence qui s'explique difficilement

Lyon: un déchaînement de violence qui s'explique difficilement

SECURITELe centre-ville a été le théâtre d'une «guérilla urbaine» mardi, selon la police, mais peu savent en donner les raisons...
Un hélicoptère de la gendarmerie a survolé tout l'après-midi le centre de Lyon pour guider les forces de l'ordre qui, au sol, tentaient de disperser les bandes de jeunes casseurs. Ces derniers ont incendié des véhicules rue de la Ré. Et pillé une dizaine de magasins, rue Victor-Hugo (2e), après l'évacuation de la place Bellecour à coup de gaz lacrymogène.
Un hélicoptère de la gendarmerie a survolé tout l'après-midi le centre de Lyon pour guider les forces de l'ordre qui, au sol, tentaient de disperser les bandes de jeunes casseurs. Ces derniers ont incendié des véhicules rue de la Ré. Et pillé une dizaine de magasins, rue Victor-Hugo (2e), après l'évacuation de la place Bellecour à coup de gaz lacrymogène. - E. FOUDROT / 20 MINUTES
A Lyon, C.B. et F.C.

A Lyon, C.B. et F.C.

«Il y a eu des violences un peu partout en France. Mais il est vrai que Lyon a une situation particulière», a reconnu mercredi le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux en visite à Lyon après la journée de mobilisation pour les retraites qui a en partie tourné à l'affrontement entre forces de l'ordre et casseurs.

Mardi, 40% des arrestations de casseurs en France ont pourtant eu lieu à Lyon. Alors pourquoi une ville, où les conflits sociaux sont généralement modérés, a telle connue cette flambée de violence? «Je ne me l’explique pas», répond le maire PS de Lyon Gérard Collomb.

Des violences identiques en 1994 pour le CIP

Le ministre de l’aménagement du territoire, Michel Mercier, en visite mercredi aux côtés de Brice Hortefeux, a lui son idée. «Cela relève d’une sorte de tradition. Je me souviens qu’en mai 1968 il y avait déjà à Lyon des bandes de loubards qui venaient de banlieue. Il y a aussi à Lyon une forte tradition anarchiste. Et le calme observé en banlieue est toujours précaire», analyse le président du conseil général du Rhône.

En mars 1994, d’importantes manifestations de lycéens et étudiants ont lieu à Lyon contre le Contrat d’insertion professionnel, un Smic jeune très contesté. Des casseurs, venus de banlieue, se mêlent au mouvement et la police se montre très virulente face aux manifestants. Deux jeunes Algériens sont même expulsés de France pour avoir participé à la contestation, ce qui provoque l’indignation des grévistes.

Une vendeuse de vêtements de la rue Victor-Hugo, saccagée mardi, se souvient des mêmes scènes de pillage dans le centre de Lyon en 1994, lors de la mobilisation contre le CIP. «Sauf qu’à cette époque, nous étions tenus au courant des événements. Et les forces de l’ordre utilisaient les jets d’eau pour disperser les casseurs. C’était beaucoup plus efficace.»

Des «impondérables» dans les mobilisations

Jean-Paul Borrelly, représentant régional du syndicat de policiers Alliance, estime qu’il y a «un milieu de casseurs plus développé à Lyon qu’ailleurs». Et précise que «90% d’entre eux n’ont rien à voir avec le mouvement revendicatif». Thierry Clair, délégué général de l’Unité SGP Police, n’a pas d’avis tranché. Selon lui, «l’ampleur de la manifestation», a peut-être favorisé les rassemblements.

Chez les sociologues lyonnais, en revanche, «il n’y pas d’explication». «Il y a des impondérables dans les mobilisations», souligne Yves Grafmeyer, l’un des auteurs de l’ouvrage Sociologie de Lyon. «En revanche, ce qui est classique, c’est l’utilisation, par les casseurs, d’une grande manifestation en centre-ville pour commettre des dégradations sur place.»

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