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TRANSPORTSGrande région Aquitaine: Pourquoi elle veut interdire certains cars Macron

Grande région Aquitaine: Pourquoi elle veut interdire certains cars Macron

TRANSPORTSLa grande région Aquitaine a fait savoir ce mardi qu'elle avait saisi le régulateur concernant quatre ligne d'autocars dans le cadre de la loi Macron. Elle craint de devoir combler le déficit de la SNCF...
La société Flixbus assure début 2016 une trentaine de lignes en France
La société Flixbus assure début 2016 une trentaine de lignes en France - MEIGNEUX/SIPA
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

La grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes a annoncé ce mardi avoir saisi l'Arafer (Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières) concernant quatre liaisons en autocar sur le territoire. Des liaisons qui seraient assurées par des compagnies privées, suite à la loi Macron qui a libéralisé le transport interurbain des voyageurs par autocar.

Voici la carte des bus Macron en France au 25 janvier 2016:

La carte des bus Macron en France au 25 janvier 2016 - Conseil Régional

« De nombreuses compagnies développent des liaisons régulières sur le territoire régional, au risque de porter atteinte à l'équilibre économique de certaines lignes TER » indique la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Elle demande ainsi l'interdiction de la desserte Niort/Poitiers par la société Flixbus et celle de Brive-la-Gaillarde/Périgueux par la société Courriers Rhôdaniens. Elle demande aussi qu'une limitation soit mise en place pour la desserte Limoges/Brive-la-Gaillarde par la société Flixbus et pour Mont-de-Marsan/Pau par la société Starshipper.

« La région ne va tout de même pas éponger le déficit de la SNCF ! »

« Ces lignes sont en concurrence directe avec les TER, explique à 20Minutes Renaud Lagrave, vice-président de la région en charge des Transports. Or, la SNCF nous signale qu'elle risque d'être en déficit du fait de cette concurrence sur ces lignes. Faudra-t-il que la région éponge les pertes de la SNCF ? Et, encore plus inquiétant, la SNCF arrêtera-t-elle certaines dessertes s'il y a moins de fréquentation, alors que de son côté le transporteur privé qui a déposé des dossiers sur ces lignes peut lui aussi interrompre du jour au lendemain telle ou telle liaison s'il estime qu'elles ne sont pas assez rentables ? »

La région estime qu'il plane sur ces quatre lignes un « trop grand risque » et a donc demandé au régulateur de se positionner pour limiter ou interdire la concurrence en autocar. « En tant qu'élu ma préoccupation c'est l'aménagement du territoire » insiste Renaud Lagrave. « Dans ce dossier, le législateur aurait mieux fait d'empêcher la libéralisation là où il y avait une potentielle concurrence avec les TER, car on ne va tout de même pas éponger le déficit de la SNCF avec de l'argent public. C'est n'importe quoi ! »

« Nous passons déjà par Brive et Limoges, mais nous n'avons pas le droit de commercialiser cette liaison »

Du côté des transporteurs privés, l'analyse du dossier diffère. Chez Flixbus, société d'autocars allemande qui a lancé une filiale en France suite à la loi Macron, on estime que déposer des demandes pour ces nouvelles dessertes, « c'est juste du bon sens. » « Nous desservons déjà Brive et Limoges via la ligne Nantes-Toulouse, explique Raphaël Daniel, chargé de la communication chez Flixbus. Mais nous n'avons pas le droit de commercialiser une liaison entre ces deux villes. Notre demande porte sur le fait qu'à partir du moment où nos cars passent par ces deux points, nous puissions les commercialiser. C'est pareil pour Niort/Poitiers, qui seront deux villes desservies dans le cadre de la ligne La Rochelle-Paris que nous lancerons en mars, mais que nous ne pouvons pas encore commercialiser. »

Concernant l'éventuelle concurrence aux TER, Flixbus estime « choquant que la SNCF fasse autant pression auprès de la région. La SNCF ferait mieux de réfléchir à son réseau, au confort des trains, aux tarifs... Sur les longues distances, les cars n'ont pas tué les TGV que je sache... »

L'Arafer dispose d'un délai de deux mois pour rendre son avis. La ligne Brive-Limoges pourrait être la première sur laquelle elle se prononce.

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