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Politique

En 2007, Bayrou soutenait que "personne ne devrait pouvoir intervenir sur les médias"

François Bayrou

François Bayrou - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Il y a dix ans, le président du MoDem se posait en défenseur de l'indépendance des journalistes. La semaine dernière, le garde des Sceaux appelait Radio France pour se plaindre d'une enquête de la rédaction sur son parti.

Charité bien ordonnée commence par soi-même... Après le coup de fil du garde des Sceaux à Radio France, mécontent que nos confrères du service public enquêtent sur d'éventuels emplois fictifs d'assistants parlementaires européens au sein de son parti, le MoDem, Le Huff Post a exhumé une archive datant de 2007, dans laquelle François Bayrou se pose, contre Nicolas Sarkozy, en champion de la liberté de la presse.

"Des interventions directes sont faites auprès des rédactions, sont faites auprès des chaînes de manière que l'information se trouve verrouillée, s'émouvait alors le Béarnais sur RTL. Je n'accepterai jamais que dans mon pays on verrouille l'information."

"On a besoin de médias libres, dans un pays libre. Personne ne devrait pouvoir intervenir sur les médias, comme cela se fait tous les jours, en faisant craindre quelque chose aux journalistes […] C’est la pratique quotidienne en France. Et bien, il faut que cela cesse", lançait alors celui qui, selon le directeur de la cellule investigations de Radio France, fait planer aujourd'hui la menace de poursuites pour harcèlement sur les journalistes enquêteurs.

Un coup de fil comme simple "citoyen"

Dix ans plus tard, toujours sur RTL, François Bayrou a nettement changé de discours. Mercredi, le ministre de la Justice a ainsi déclaré:

"Les responsables politiques sont appelés par des journalistes dix fois par jour, dans des conversations que vous appelez ‘off’. Pourquoi est-ce qu’il n’y aurait pas parfois, quand ça s’impose, la réciproque, et que des responsables politiques puissent dire en privé leur analyse sur des méthodes utilisées?"

Il ne s'agissait pas de pression selon le ministre d'Etat, qui soutient avoir appelé la rédaction de Radio France en tant que simple "citoyen". Il se justifie ainsi: "Cette enquête où des personnes appelaient sur leurs téléphones privés des collaborateurs en dehors des heures de travail, j’ai trouvé que c’était un peu excessif. Je l’ai dit sans pression, peut-être un peu vivement."

Louis Nadau