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Chanson francophone : les radios montent le ton contre le durcissement des quotas

Un amendement adopté en commission oblige les stations à diffuser une plus grande diversité de titres en français.

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Publié le 24 septembre 2015 à 20h25, modifié le 25 septembre 2015 à 10h17

Temps de Lecture 2 min.

NRJ fait partie des radios remontées contre le projet d'imposer une plus grande diversité de titres francophones sur les ondes.

C’est un simple amendement adopté discrètement en commission à l’Assemblée nationale qui a amené les patrons de RTL, de NRJ, du pôle radio de Lagardère Active et des Indés Radios à signer ensemble une lettre rendue publique le 24 septembre par Les Échos. Un fait rare pour des hommes plutôt habitués à s’affronter à fleurets mouchetés. Dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17, la Commission des affaires culturelles et de l’éducation a inséré dans le projet de loi relatif à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine un article qui prévoit de durcir les règles des quotas d’œuvres françaises que les stations doivent suivre.

Selon ce texte, lorsque plus de la moitié des œuvres françaises diffusées se concentre sur dix titres, les passages intervenant au-delà de ce seuil ne seraient plus comptabilisés pour les calculs de respect des quotas de chansons françaises. La quarantaine de députés qui a signé l’amendement juge que l’exposition de la musique francophone en radio n’a cessé de se dégrader. « Sur certaines radios, à l’heure actuelle, dix titres francophones peuvent représenter jusqu’à 75 % des diffusions francophones mensuelles », écrivent-ils dans l’exposé sommaire qui justifie leur proposition.

« Tutelle artistique » et « atteinte à la liberté éditoriale »

Mais les patrons de radios ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, cette mesure porte « gravement atteinte à la liberté éditoriale » de leurs stations. « Ce n’est pas aux Parlementaires de nous dire ce que nous devons diffuser. C’est nous mettre sous tutelle artistique », ajoute en crescendo, Emmanuel Rials, président de station rock Oüi FM. Les signataires de la lettre ouverte considèrent que ce texte n’est pas dicté par un souci de la défense de la chanson française, mais par « des intérêts bien compris de l’industrie du disque qui cherche à détourner les auditeurs de leurs radios gratuites pour les diriger vers des plates-formes payantes et dont ils sont, pour les plus importants d’entre eux, par ailleurs actionnaires ».

En clair, les radios se plaignent de la concurrence de services comme Spotify ou Deezer qui ne sont soumis à aucune règle de quota. « À cause des quotas que nous subissons, ils passent pour des lieux où l’on est libre d’écouter ce que l’on veut », tonne Jean-Éric Valli, président des Indés Radios.

Faiblesse de la production francophone

Du côté des maisons de disques et des auteurs-compositeurs, on salue au contraire le vote de cet amendement. « C’est une avancée capitale pour la création musicale qui n’entrave en rien la liberté éditoriale des radios mais ouvre la porte de leur programmation à deux nouveaux titres par mois », expliquent dans un communiqué une dizaine d’organismes représentant les artistes et les producteurs. Un chiffre que l’on estime fantaisiste du côté des radios qui pointent un autre problème : « Entre 2003 et 2014, en dépit des dispositifs d’aides considérables dont bénéficie la filière musicale, la production française s’est effondrée de plus de 60 % ! Pis, aujourd’hui, 83 % de la production française n’est pas francophone ! » Des artistes comme Daft Punk, David Guetta ou Charlotte Gainsbourg ont préféré s’exprimer en anglais et ainsi conquérir de nouveaux marchés. « Si ce n’était pas interdit par la réglementation européenne, ce sont des quotas de production de titres francophones qu’il faudrait instaurer », estime Jean-Éric Valli.

Les radios appellent le gouvernement à rejeter l’amendement adopté en commission. Pour faire entendre leur voix, elles incitent leurs auditeurs à téléphoner à Manuel Valls en communiquant dans des spots le numéro du standard de Matignon. Les députés examineront le projet de loi à partir de lundi 28 septembre.

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