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GIEC : à chaque nouveau rapport, des mises en garde plus incontestables

L'inaction accroît les risques de changements brutaux et irréversibles liés à l'élévation des températures, selon les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat réunis à Copenhague.

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Publié le 02 novembre 2014 à 16h56, modifié le 19 août 2019 à 14h25

Temps de Lecture 4 min.

Pour garder le cap des 2 °C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites de 40 à 70 % entre 2010 et 2050, et disparaître totalement d'ici à 2100.

Les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ont envoyé un nouveau coup de semonce aux gouvernements, dimanche 2 novembre, avec la publication de la synthèse de leur cinquième rapport sur le changement climatique. Si le document – comme son nom l'indique – n'apporte pas d'éléments nouveaux par rapport aux trois volets publiés depuis septembre 2013, il confirme la gravité de la situation et souligne la responsabilité des Etats dans la réponse qu'il est encore temps d'apporter pour écarter les risques les plus sévères liés à l'élévation des températures.

« La science a parlé. Il n'y a aucune ambiguïté sur son message. Les gouvernements doivent agir. Le temps joue contre nous », a résumé Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies. Sans mesures supplémentaires pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement pourrait atteindre 4 °C d'ici à la fin du siècle, alors que les Etats, sur les recommandations du GIEC, se sont en 2009 engagés à mettre en place des politiques qui permettent de contenir la hausse des températures à 2 °C.

Le travail du GIEC établit le socle scientifique des négociations internationales sur le climat, qui doivent reprendre au début de décembre à Lima, la capitale du Pérou, et devraient aboutir en fin d'année prochaine à Paris à la signature d'un accord mondial engageant pour la première tous les grands pays pollueurs. « Ce rapport de synthèse fournit aux décideurs une feuille de route à partir de laquelle nous espérons qu'ils trouveront le chemin vers un accord global qui permette de contenir le changement climatique, a déclaré Rajendra Pachauri, le président du GIEC. Il nous fournit les connaissances qui permettent de faire des choix éclairés et de mesurer les conséquences de l'inaction. »

« NE PAS AGIR SERAIT COMMETTRE UNE FAUTE»

Le résumé pour les décideurs rédigé en quarante pages dans un langage accessible a été approuvé ligne par ligne par les représentants des gouvernements présents à Copenhague. Il constitue donc aussi un diagnostic entériné au plus haut niveau politique, à partir duquel les pays signataires de la Convention des Nations unies sur le changement climatique s'engagent à agir pour « stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique », comme le prévoit le texte de la convention adoptée en 1992.

Depuis vingt-cinq ans, les mises en garde du GIEC se font à chaque nouveau rapport plus précises et plus incontestables. En 1990, le GIEC indiquait que l'augmentation des températures était conforme avec ce que prévoyait les modèles climatiques et restait comprise dans un ordre de grandeur comparable à la variation naturelle du climat. Dans le deuxième rapport en 1995, les scientifiques jugeaient peu probable que la hausse des températures au cours des cent dernières années soit « entièrement d'origine naturelle».

Dans le troisième, en 2001, ils soulignaient l'existence de « preuves nouvelles et robustes indiquant que l'essentiel du réchauffement des cinquante dernières années était attribuable aux activités humaines ». En 2007, le travail pour lequel le GIEC s'est vu décerner le Nobel de la paix affirmait qu'il existait un consensus scientifique d'un « très haut degré de confiance » – c'est-à-dire avec une probabilité supérieure à 90 % – attribuant le réchauffement climatique à des causes anthropiques. « Aujourd'hui, le nouveau rapport du GIEC fixe ce niveau de certitude à 95 %. Ne pas agir serait commettre une faute au regard de la raison et de notre responsabilité », a rappelé dimanche Christiana Figueres, la directrice exécutive de la convention climat chargée, entre autres, de convaincre les gouvernements de collaborer entre eux pour définir une riposte commune face au changement climatique.

« ÉVITER LES CONSÉQUENCES LES PLUS SÉRIEUSES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE »

Toutefois, le GIEC ne se contente pas seulement d'accabler les gouvernants pour leur aveuglement. Il leur rappelle qu'il est encore temps d'agir. « Les solutions sont entre nos mains. Des progrès énormes ont été réalisés en matière d'énergies renouvelables. Il nous reste assez de temps pour éviter les conséquences les plus sérieuses du changement climatique », encourage Rajendra Pachauri.

A Lima, dans un mois, il sera temps de voir si les négociateurs ont entendu ce nouvel appel à la raison émanant du GIEC. Cette échéance est en effet déterminante pour préparer l'accord de Paris. C'est dans ce petit pays d'Amérique du Sud où la fonte des glaciers andins donne déjà une réalité très concrète au changement climatique qu'il est prévu que soit adopté le cadre du compromis sur lequel devront s'engager les 195 pays signataires de la convention climat.

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Si cette étape est franchie, il faudra encore trouver le juste équilibre entre les efforts que les uns et les autres – vieux pays industrialisés et nouvelles puissances économiques émergentes – devront accomplir pour orienter leur développement vers des économies décarbonées et aider les pays les plus vulnérables à s'adapter aux conséquences du changement climatique. Un an ne sera pas de trop pour y parvenir.

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