Rien ne va plus pour EDF, pénalisé par la défaillance de certains de ses 58 réacteurs et soumis à des contrôles renforcés à la demande de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le groupe d’électricité a annoncé, dans la soirée du jeudi 3 novembre, une nouvelle baisse de son objectif de production nucléaire et de sa prévision d’excédent brut d’exploitation (Ebitda) pour 2016.
Quelques heures plus tôt, ses dirigeants avaient informé les marchés de l’électricité d’un report à la fin décembre du redémarrage de cinq réacteurs (Bugey 4, Gravelines 2, Tricastin 1, 3 et 4). Actuellement, 19 réacteurs sont à l’arrêt, privant le parc EDF de 30 % de sa capacité : 19 250 mégawatts (MW) sur un total de 63 200 MW.
EDF et l’Autorité de sureté nucléaire (ASN), le « gendarme du nucléaire », sont engagés dans un bras de fer sans précédent sur la sûreté. « L’ASN ne nous a pas autorisés à redémarrer certains réacteurs en dépit de notre demande, a reconnu le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, lors d’une conférence sur l’énergie organisée à Paris par le New York Times. Nous estimons que ces réacteurs peuvent être opérationnels, mais l’ASN n’est pas du même avis. »
L’opérateur public – dont l’action décrochait de plus de 4,5 % vendredi matin – a présumé de sa capacité à relancer plusieurs tranches dès ce mois-ci. Il avait soumis à l’ASN, le 7 octobre, un dossier « justifiant le fonctionnement en toute sûreté de l’ensemble des réacteurs concernés par la problématique de ségrégation carbone dans les fonds de générateurs de vapeur (GV) », indique-t-il.
Un nombre d’arrêts sans précédent
Cette trop forte concentration de carbone avait été repérée sur 47 GV forgés au Japon ou à l’usine Creusot Forge (Saône-et-Loire) d’Areva, à la suite de la même anomalie détectée en avril 2015 sur le couvercle et la cuve de l’EPR en construction à Flamanville (Manche). « En conséquence, conclut le communiqué d’EDF, le groupe revoit son objectif de production nucléaire pour 2016 » de 380-390 térawattheures (TWh) à 378-385 TWh. Et il ajuste sa prévision d’Ebitda « à 16,0-16,3 milliards d’euros » (contre 16,3-16,6 milliards), alors qu’il l’avait déjà revue à la baisse en juillet et en septembre.
L’importance de ces arrêts est sans précédent depuis que le parc nucléaire français a été construit dans les années 1970-1990, réveillant les inquiétudes sur la production électrique cet hiver. « Il est impératif qu’EDF se prépare à maîtriser la situation pour assurer la continuité de l’approvisionnement », avait prévenu la ministre de l’environnement, Ségolène Royal, dans une lettre adressée le 10 octobre au PDG du groupe, qui assure :
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