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Barrage de Sivens : Ségolène Royal se pose en médiatrice

La rencontre organisée mardi au ministère de l'écologie s'est soldée par une amorce de négociations à venir.

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Publié le 04 novembre 2014 à 20h58, modifié le 05 novembre 2014 à 10h19

Temps de Lecture 4 min.

Le 2 novembre, plusieurs milliers de personnes se sont réunies sur le site du projet de barrage de Sivens pour une marche blanche en hommage à Rémi Fraisse.

Photo: Ulrich Lebeuf / M.Y.O.P

« Ce ne sera pas tout ou rien », avait prévenu Ségolène Royal quelques heures avant de réunir mardi 4 novembre au ministère de l'écologie les principaux protagonistes du projet de barrage dans le Tarn, devenu « l'affaire de Sivens » depuis la mort d'un jeune opposant touché par une grenade.

La rencontre s'est donc soldée par des pistes de travail plutôt que par des annonces radicales. La ministre ne s'est prononcée ni pour la reprise du chantier ni pour son abandon. « Il y aura un ouvrage », a-t-elle assuré. Mais s'agira-t-il d'un barrage aux dimensions plus modestes installé sur le même site ou bien un ouvrage alternatif en aval complété par des « bassines plus conformes à ce qu'on construit aujourd'hui » ?

Ce sera à ses invités du jour d'en décider ensemble dans les prochaines semaines, « peut-être d'ici à la fin de l'année », a envisagé la ministre, qui s'obstine à vouloir laisser le dernier mot aux élus locaux.

« DES DIVERGENCES DEMEURENT »

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Le défi du jour consistait à faire venir ensemble, et non pas les uns après les autres comme prévu initialement, des élus du Tarn et le président de la région Midi-Pyrénées, les préfets concernés, des représentants de l'agence de l'eau, des associations de défense de l'environnement et des agriculteurs. Ségolène Royal a salué leur « qualité d'écoute durant des échanges francs : chacun a pu exprimer son exaspération, sa souffrance, ses attentes... »

Mais après le traumatisme causé par la mort de Rémi Fraisse, « il faut encore que les choses mûrissent, a-t-elle reconnu, « des divergences demeurent ». Autrement dit, chacun s'est exprimé à son tour sans invectiver son voisin, mais sans dialoguer pour autant. Seul point d'accord : les parties semblent prêtes à discuter d'un « projet de territoire », qui pourrait englober les questions du développement agricole dans cette partie du Tarn, mais aussi environnementales.

Après une année de lutte obstinée des associations et deux mois de violences dans la forêt de Sivens, la ministre suggère la création d'un « comité de l'usage de l'eau, une démarche démocratique pour que les gens se réapproprient leur territoire. » Elle s'engage à envoyer d'ici à quelques jours une nouvelle mission d'expertise sur place, composée de trois spécialistes de l'hydrologie, de l'agrologie et de la biodiversité.

Et profite de cette amorce de discussion pour réclamer, en se tournant vers les associatifs, « l'évacuation immédiate du terrain ». Comme s'il suffisait de le décréter pour que les « zadistes » lèvent le camp.

« Nous ne sommes pas responsables de leur venue, ce n'est pas à nous de leur dire de partir », a rétorqué Ben Lefetey, le porte-parole du collectif de défense du Testet, mettant en garde le gouvernement contre tout passage en force qui pourrait susciter de nouvelles solidarités à leur égard. « Les plus radicaux d'entre eux pourraient quitter les lieux d'eux-mêmes s'ils avaient la garantie que les forces de l'ordre n'y interviendront plus. »

Ben Lefetey a au demeurant pris la défense de « ces jeunes gens qui militent pour une véritable transition écologique au nom de l'intérêt général. Il faut sortir de l'image de cagoulés armés de barres de fer, ce sont des gens capables de dialogue. Nous avions d'ailleurs demandé qu'il y ait un “zadiste” autour de la table, le ministère a refusé. »

« DJIHADISTES VERTS »

Au chapitre des absences, le vice-président du conseil général du Tarn, Pierre Verdier (DVG), notait pour sa part celle des élus de Tarn-et-Garonne, alors qu'ils cofinancent la retenue d'eau de Sivens et que les agriculteurs de ce département devaient en être les principaux bénéficiaires. Il soulignait surtout l'absence de courage politique de l'Etat, « qui a déclaré le projet d'utilité publique et ne prend pas sa part de responsabilité aujourd'hui » Lui qui espérait que les porteurs du projet allaient d'abord se retrouver entre eux, semble dépité d'avoir d'emblée à ouvrir des discussions avec les opposants. Sans doute espérait-il pouvoir annoncer rapidement la reprise du chantier. Il s'est dit « frustré ».

A la sortie de la réunion, Josian Palach répétait le credo de la Confédération paysanne, dont il est le trésorier. « Le barrage, non. De l'eau pour l'agriculture, oui, mais pas pour faire n'importe quoi, insistait-il. Il faut s'interroger sur l'usage de l'argent public quand on voit que dans cette vallée les agriculteurs prélèvent moins d'eau aujourd'hui et que les surfaces irriguées diminuent. »

Quant aux représentants des chambres d'agriculture, ils ne se sont pas attardés. La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricole (FNSEA) appelait à une mobilisation nationale mercredi. L'eau est au cœur de ses revendications. Pas seulement la question du stockage, bien que l'affaire de la retenue de Sivens contrarie le président du syndicat majoritaire, Xavier Beulin, au point qu'il a qualifié les opposants au barrage de « djihadistes verts ».

Mais aussi la directive européenne sur les nitrates, véritable chiffon rouge. Les zones dites vulnérables où les rivières sont polluées s'étendent, obligeant les agriculteurs à respecter des règles plus strictes d'épandage du lisier et autres effluents d'élevage. En signe de protestation, des chargements de fumier, de paille, de pneus ont été déversés dans plusieurs villes de Midi-Pyrénées en septembre et en octobre, tandis qu'avaient lieu les échauffourées à Sivens, sans déclencher les mêmes réactions. Lundi, Ségolène Royal avait réuni les préfets et les agences de l'eau pour voir comment ne pas classer des communes entières, et amadouer les agriculteurs, sans déclencher l'ire de la Commission européenne.

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