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Pour Alain Juppé, l’extension de la déchéance de la nationalité est « inutile »

Le candidat à la primaire à droite dénonce un « acte de mauvais gouvernement » même s’il affirme qu’il voterait, en l’état, le projet de loi de l’exécutif.

Le Monde avec AFP

Publié le 03 janvier 2016 à 06h34, modifié le 03 janvier 2016 à 20h57

Temps de Lecture 3 min.

Alain Juppé lors d'une visite à Mamoudzou, à Mayotte, le 20 décembre 2015.

Expulsion des déboutés du droit d’asile, lutte contre les « abus scandaleux » liés à l’aide médicale d’Etat, construction de 10 000 nouvelles places de prison, suppression des réductions de peine automatiques, critique de l’extension de la déchéance de la nationalité, création d’un « délit d’entrave à la laïcité », dénonciation du « laxisme budgétaire » du gouvernement… Trois jours avant la publication de son nouveau livre, Pour un Etat fort (Ed. JC Lattès, 205 p., 12 euros), Alain Juppé revient sur ces thèmes dans une interview au Journal du dimanche du dimanche 3 janvier.

L’ancien premier ministre et candidat à la primaire de la droite pour l’élection présidentielle de 2017 y détaille ses positions, clairement ancrées à droite, et fustige la politique gouvernementale.

Une mesure inefficace

S’il ne se dit pas hostile « par principe » à la prolongation de l’état d’urgence au-delà de février, il estime que l’extension de la déchéance de la nationalité aux binationaux nés Français est une mesure inefficace et inutile. « Elle ne permettra pas de prévenir de nouveaux actes terroristes, elle ne dissuadera aucun djihadiste de se faire sauter, dit-il. C’est un coup politique de François Hollande pour semer de la confusion dans le débat. Mais dans un moment où notre pays a besoin d’unité et d’apaisement, c’est un acte de mauvais gouvernement », critique-t-il.

S’il était parlementaire, il dit pourtant qu’il voterait en faveur de la mesure, « à condition que le texte définitif se limite aux incriminations déjà prévues dans le code civil pour la déchéance des Français binationaux naturalisés », ce qui est le cas dans le projet de loi préparé par l’exécutif. Il s’interroge, en revanche, sur la nécessité d’une révision constitutionnelle.

Interrogé par Le Monde, Europe 1 et iTélé dimanche matin, Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe, a dénoncé les « contradictions » d’Alain Juppé. « Dans son livre, il se dit, page 223, favorable à ce que l’on prononce davantage de déchéance de la nationalité pour les binationaux auteurs d’actes terroristes, affirme-t-il. Il dit le contraire dans le JDD. Un peu de cohérence ! »

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Alain Juppé plaide pour un « Etat fort »

« Tour de passe-passe » budgétaire

Pour assurer la sécurité des Français, Alain Juppé prône un « redéploiement » des forces de l’ordre en parallèle d’une simplification des procédures, « voire d’un recrutement de personnels administratifs », pour que celles-ci puissent retourner « sur le terrain ». Il faut aussi, dit-il, faire appel aux réservistes de la police et de la gendarmerie.

L’ancien premier ministre fustige la politique pénale du gouvernement et se prononce pour la création de 10 000 places supplémentaires dans les prisons, la suppression des réductions de peine automatiques et le rétablissement des peines plancher mises en place par l’ancien président Nicolas Sarkozy.

Concernant la politique économique de la France, Alain Juppé dénonce le « tour de passe-passe de François Hollande ». « Comme il n’arrive pas à faire d’économies sur le budget de l’Etat, il nous dit : la lutte contre le terrorisme d’abord, les économies on verra plus tard. Il faut continuer à faire les deux ! »

Sur le sujet de l’immigration, Alain Juppé plaide en faveur d’une reconduite des déboutés du droit d’asile à la frontière et de la reprise d’une politique de réadmission dans les pays d’origine. Il préconise aussi d’autoriser le placement des familles, donc y compris des enfants, dans des centres de rétention et souhaite restreindre l’application de l’aide médicale d’Etat (AME), qui donne lieu, selon lui, à des « abus scandaleux ».

« Nous avons des racines chrétiennes »

Dans son livre, il propose la création d’un « délit d’entrave à la laïcité ». La laïcité, fait-il valoir, offre la « garantie de la liberté de religion » mais exige en retour « le respect des principes fondamentaux de la République, qui priment sur tous les principes religieux ». Et ce « combat » conduit dans le passé avec la religion catholique ne doit pas renaître à présent « avec la religion musulmane, qui doit s’inclure dans le moule de la laïcité », prévient le candidat à la primaire de la droite.

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« Nous avons des racines chrétiennes et nous devons l’assumer », estime par ailleurs le maire de Bordeaux, qui défend ainsi la présence de crèches de Noël dans les mairies. Soulignant que les valeurs chrétiennes sont « le respect de l’autre, l’accueil de l’étranger, l’amour du prochain » et non « l’exclusion », il conteste ainsi tenir le même langage que l’extrême droite. Alain Juppé prône plutôt une « identité heureuse », un « patriotisme moderne » autour « des valeurs et du sentiment national, incarné par le drapeau et l’hymne national, La Marseillaise ».

Avec ce nouvel opus programmatique et ses propositions, dont de nombreuses sont en ligne avec l’aile droite des Républicains, Alain Juppé répond aux accusations de laxisme qui lui sont fréquemment opposées par ses adversaires de droite, et en premier lieu par son principal rival en vue de la primaire, Nicolas Sarkozy.

Le Monde avec AFP

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