Les cinémomètres radars automatiques flashent moins, mais plus efficacement. En 2015, ils ont déclenché l’envoi de 13,31 millions de contraventions à des conducteurs pris en faute, contre 12,56 millions en 2014. C’est un nouveau record, selon le rapport annuel de l’Agence nationale du traitement automatisé des infractions (Antai), publié jeudi 25 février.
Ces radars ont pourtant un peu moins flashé que l’année précédente (20,24 millions de fois contre 20,37 millions en 2014). Mais ils ont abouti à des procès-verbaux (PV) dans 65,7 % des cas. Le « taux de conversion » poursuit donc son amélioration constante depuis 2004.
Cette hausse s’explique par des clichés de meilleure qualité et par de nouveaux partenariats signés cette année avec l’Italie, l’Espagne et la Pologne, qui permettent de sanctionner les automobilistes étrangers flashés en France. En 2015, 2,3 millions d’avis de contravention ont ainsi été envoyés hors des frontières (1,53 million en 2014).
Le nombre de morts sur les routes a augmenté
Malgré cela, le nombre de morts sur les routes a augmenté pour la deuxième année consécutive en 2015, avec 3 464 tués (+ 2,4 % par rapport à 2014). Ces quinze derniers mois, la vitesse était en cause dans 32 % des accidents mortels, selon des données de la Sécurité routière. Et « les vitesses pratiquées augmentent significativement sur les autoroutes et routes à deux fois deux voies, là où l’on observe également une augmentation des accidents corporels et mortels », soulignait également la Sécurité routière en janvier.
Les radars automatiques, installés depuis 2003, seraient-ils devenus inefficaces ? Cette baisse du nombre de flashes a des causes conjoncturelles, comme le moindre nombre d’infractions (- 4 %) relevées par les radars non fixes (radars mobiles, embarqués et autonomes) « qui s’explique par la mobilisation des forces de l’ordre sur d’autres missions dans les périodes qui ont suivi les attentats de janvier et novembre » selon l’Antai.
Mais certains y voient une tendance de fond, comme le remarque Emmanuel Barbe, le délégué interministériel à la sécurité routière.
« C’est un peu comme pour les médicaments ou les régimes : la première fois, ça marche très bien et puis ensuite ça marche moins bien parce que des anticorps se créent. Aujourd’hui, les gens connaissent les emplacements des radars. (...) Nous sommes en train de mettre en œuvre une stratégie de multiplication des risques de contrôle et ces chiffres confirment notre analyse : il faut renouveler l’exercice, faire en sorte que nos radars soient plus craints. »
« Peut-être que la réponse radar n’est plus adaptée »
Le gouvernement a annoncé le 2 octobre sa volonté de multiplier par quatre les « zones radars » en France, avec 500 nouveaux radars installés d’ici à trois ans, pour porter leur nombre à 4 700, et 10 000 à 12 000 « leurres » destinés à susciter la méfiance — et le ralentissement — des conducteurs. De premiers « leurres » ont été installés au début de février dans le Pas-de-Calais.
« Peut-être que la réponse radar n’est plus adaptée aux nouveaux comportements », s’interroge Anne Lavaud, la déléguée générale de l’association Prévention routière. Elle pointe l’usage généralisé des smartphones.
« Le taux d’équipement des Français en smartphones est de 84 %. Les applications d’accompagnement à la circulation signalent les radars fixes, mobiles et les contrôles policiers. Quand on voit leur multiplication et leur efficacité grandissante, ça n’est certainement pas innocent par rapport à ce qu’on observe sur les augmentations de la vitesse et de la mortalité. »
Difficiles à réguler, ces outils collaboratifs sont régulièrement au cœur de querelles juridiques. « Le principe des radars est que les gens lèvent le pied aux endroits dangereux. Avec un avertisseur, les gens ralentissent, où est le problème ? », rétorque Pierre Chasseray de l’association 40 millions d’automobilistes, pour qui « on ne peut pas faire de corrélation entre le nombre de flashes et le nombre de morts sur les routes ».
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