Une amende de 2 000 euros avec sursis a été requise, mercredi 27 janvier, contre Bernard Mezzadri, maître de conférences à l’université d’Avignon et des pays de Vaucluse (UAPV), pour un mail interne dans lequel il paraphrasait notamment des propos de Manuel Valls sur les « blancos ». Le jugement sera rendu le mercredi 10 février.
La mise en cause à l’égard de ce spécialiste de la Grèce antique est grave : avoir « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ». La raison ? Dans un mail posté le 27 mai 2015 sur le forum des enseignants-chercheurs et des personnels de l’UAPV, M. Mezzadri avait ainsi réagi à l’annonce de la visite du premier ministre Manuel Valls : « J’espère qu’en cette grande occasion la délégation de l’UAPV comptera suffisamment de « blancos » (et pas trop de basanés), afin de ne pas donner une trop mauvaise image de notre établissement. » Il faisait allusion aux propos polémiques tenus par M. Valls en 2009 sur un marché de la cité dont il était alors maire : « Belle image de la ville d’Evry. Tu me mets quelques Blancs, quelque white, quelque blancos… »
« Absurdement incriminé »
« Ma phrase, qui citait les propos de M. Valls pour les dénoncer, est évidemment et visiblement ironique. Je vois mal comment elle peut être retenue pour me reprocher une provocation à la haine raciale », a expliqué M. Mezzadri au Monde, avant l’audience. Dans son mail, l’enseignant poursuivait en effet : « Et s’il faut vraiment serrer la main du chasseur de Roms (qui naguère prônait la livraison des résistants basques aux tortionnaires franquistes), il existe des anti-émétiques moins dangereux que le Motilium… »
Selon l’université, ce message « semblait tomber sous le coup de l’outrage à personne dépositaire de l’autorité publique », et son président d’alors, Emmanuel Ethis – aujourd’hui recteur à Nice –, « s’est conformé à son obligation d’en informer le procureur de la République ». Une pétition ayant recueilli près de 10 000 signatures proteste contre le chef d’inculpation « délibérément infamant, puisqu’il attribue calomnieusement au prévenu des idées et intentions contraires à ce qu’il a toujours défendu », y compris dans son mail, et une collecte a été lancée pour l’aider à payer les frais d’avocat. L’intersyndicale de l’UAPV soutient aussi l’enseignant « absurdement incriminé ». Et demande que soit précisé « le statut » des listes de discussions internes.
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