FISCALITÉ Impôts : les ménages seront plus taxés en 2018

Il n’y aura pas de baisse des impôts en 2018 pour les ménages. Selon l’Insee, les Français paieront au moins 4,5 milliards en plus en 2018. Mais c’est une minorité qui déboursera cette somme. Explications.
Le Dauphiné Libéré - 21 déc. 2017 à 06:08 | mis à jour le 21 déc. 2017 à 07:56 - Temps de lecture :
 | 
Visactu-fiscalite-des-menages-4-5-milliards-deuros-en-plus-lan-prochain-1607548a3b7.pdf
Visactu-fiscalite-des-menages-4-5-milliards-deuros-en-plus-lan-prochain-1607548a3b7.pdf

Globalement, les Français vont perdre 0.3% de leur pouvoir d’achat en 2018 parce que les prélèvements sociaux et fiscaux vont augmenter. Les ménages vont débourser environ 4,5 milliards d’euros de plus selon l’Insee qui a calculé avec précision l’impact des mesures fiscales. Les baisses d’impôts promises par le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, ne seront donc pas au rendez-vous. Promesse aventureuse ? Évidemment, c’est plus compliqué comme toujours avec les impôts. Mais le chiffrage de l’Insee est basique donc implacable.

Un décalage en cause

Côté hausses d’impôts, les augmentations de la CSG de 1,7 point, de la fiscalité sur le tabac (+5 %) et sur l’énergie (+10 % pour le diesel soit environ 7,6 centimes le litre, moitié moins pour l’essence sans plomb) entrent en vigueur dès le 1er janvier.

Côté baisses, l’allégement de cotisations sociales des salariés se déroulera en deux temps (-2,2 % en janvier et -0,9 % en octobre), la baisse de la taxe d’habitation interviendra en novembre, la généralisation du crédit d’impôt pour l’emploi à domicile et l’instauration du prélèvement forfaitaire unique sur les revenus de l’épargne s’étaleront au fil des paiements. Du fait de ce décalage, la différence entre les hausses et les baisses représente 4,5 milliards d’impôts supplémentaires sur l’année pour l’ensemble des ménages. À supposer que leur consommation de diesel, de tabac reste équivalente aux bases 2016 qui ont servi de calcul à l’Insee.

Mais plus de pouvoir d‘achat pour 70 % des ménages

La quasi-totalité de ces 4,5 milliards vont peser sur une minorité de ménages. Et pas tout à fait les plus riches. Le Trésor Public les a même désignés lors de la préparation du budget : « Les Français du neuvième décile ». Dans la vraie vie, il s’agit des 10 % de foyers plus riches que 80 % de leurs compatriotes et moins nantis que les 10 % au dessus. Les gens « aisés » comme on dit. L’Insee classe dans ce décile les ménages qui perçoivent entre 2 700 et 3 600 euros net par part fiscale. Ceux-là vont perdre sèchement tout au long du quinquennat 0,2 % de pouvoir d’achat. Ce sera donc beaucoup plus en 2018 compte tenu du décalage évoqué plus haut. Du coup, l’année prochaine les 10 % situés dans le huitième décile (2 230 à 2 700 euros net par part fiscale) mettront aussi au pot de ces 4,5 milliards. En 2019, leur situation devrait pratiquement s’équilibrer.

Quelques ménages du sommet du 7e décile (1 940 à 2 230 euros par part) risquent aussi de subir une perte (légère) de pouvoir d’achat en 2018 ou d’aboutir à un résultat neutre. On peut donc considérer que les 70 % restants verront leur pouvoir d’achat progresser à des degrés divers.

Les gagnants : les plus modestes et les plus riches

En fait, deux grandes catégories de population profiteront de l’application de la politique fiscale 2018. Ainsi les 40 % de retraités aux pensions modestes (14 404 euros de revenu fiscal de référence pour une part, 22 051 pour un couple) ne seront pas du tout touchés par la hausse de la CSG et bénéficieront des allégements de fin d’année. Le trésor évalue leurs gains à 200 € par an.

Au contraire, les 15 % de retraités situés dans les fameux déciles 8 et 9 seront les plus affectés de tous les Français car ils ne bénéficieront pas au dernier trimestre de la baisse des cotisations salariales.

Enfin, l’autre catégorie de gros gagnants se situe au sommet de l’échelle des revenus. Les 10 % de ménages les plus riches parmi lesquels figurent les 350 000 assujettis à l’ISF vont bénéficier de la transformation de celui-ci en impôt sur la fortune immobilière (sauf si leur fortune est strictement foncière) et aussi de la « flat tax » qui s’applique dès le 1er janvier.

Cet anglicisme désigne l’instauration d’une taxe unique de 30 % sur l’ensemble des revenus de placements financiers (hors livrets A et PEL). Pratiquement tous les bénéficiaires de la « flat tax » se situent dans cette tranche supérieure de revenus. Elle devrait en moyenne leur rapporter 700 € par an.