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Collège : la grogne contre les nouveaux programmes s'étend

La ministre de l'Éducation, Najat Vallaud-Belkacem. MIGUEL MEDINA/AFP

Malgré les remous et les critiques, la ministre de l'Éducation, Najat Vallaud-Belkacem défend pied à pied sa réforme du collège.

Les critiques sur les programmes et la réforme du collège continuent à s'additionner. Proposés par le Conseil supérieur des programmes, les contenus entreront en vigueur, pour tous les niveaux, en septembre 2016. Si la crainte d'un affaiblissement du latin a rapidement fait son apparition, ce sont aujourd'hui les professeurs des langues vivantes qui s'inquiètent, ceux d'allemand en premier lieu, une préoccupation relayée par l'ex-premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien professeur d'allemand.

Face aux remous suscités par la suppression des classes bilangues et européennes, jugées trop élitistes par le ministère, Najat Vallaud-Belkacem n'a pu faire l'économie de recevoir l'ambassadrice d'Allemagne lundi soir. Sans réussir à convaincre cette dernière du bien-fondé de ses choix.

« Je souhaite et je demande que les programmes soient lisibles par tous et donc écrits dans une langue que tout le monde peut comprendre »

Même Jack Lang s'est inquiété de la disparition des classes européennes, mercredi sur France Info. Mais la ministre défend pied à pied sa réforme, évoquant «une politique volontariste pour que l'allemand soit appris en langue vivante 1». Elle assume la philosophie de sa réforme, rejetant les critiques comme venant des défenseurs d'un système éducatif de reproduction sociale, dénoncé par Pierre Bourdieu: «Ce qui est frappant, c'est que ce débat sérieux et profond - élitisme dynastique versus élitisme républicain, qui suppose qu'on rebatte vraiment les cartes en offrant de mêmes chances de réussite à chacun - n'est jamais mené de façon franche, en tombant les masques. Les défenseurs d'un système inégalitaire et de reproduction sociale ne vous le diront jamais frontalement, sans doute parce qu'ils perçoivent ce que leur position peut avoir d'intenable dans un pays amoureux d'égalité», insiste-t-elle dans Le Point.

Une approche ludique

De quoi faire s'étrangler les professeurs de latin ou d'allemand qui enseignent en ZEP. L'interdisciplinarité conçue comme une manière de tromper «l'ennui» des collégiens est également très critiquée par les multiples associations de professeurs qui craignent un appauvrissement des programmes au profit d'une approche ludique. La ministre répond par la nécessité de travailler davantage en équipe et à l'oral.

Plus anecdotique, les multiples expressions jargonnesques qui parsèment les programmes lui ont été reprochées. On parle de «traverser l'eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête» dans un «milieu aquatique profond standardisé» ou de «produire des messages à l'oral et à l'écrit». «Les enseignants, comme tous les professionnels, utilisent un vocabulaire expert. Toutefois, je souhaite et je demande que les programmes soient lisibles par tous et donc écrits dans une langue que tout le monde peut comprendre», répond-elle. Une consultation des enseignants est organisée du 11 mai au 12 juin sur ces projets de programmes. Elle permettra de les améliorer et de les rendre plus clairs, affirme-t-elle.

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