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«Sécurité pour tous» : la communauté chinoise manifeste à Paris

Le 21 août, la communauté chinoise avait déjà rassemblé plus de 2000 manifestants dans les rues d'Aubervilliers. FRANCOIS GUILLOT/AFP

Plusieurs milliers de personnes ont défilé dans les rues de la capitale dimanche pour protester contre les violences et le «racisme anti-asiatique». Un homme de 49 ans avait été mortellement agressé en août à Aubervilliers.

«Faut-il se faire justice soi-même?»: cela fait partie des mots d'ordre qui résonnaient dimanche à Paris, à l'occasion de la manifestation à l'appel du collectif «Sécurité pour tous» dont le rendez-vous avait été donné à 14h place de la République. Plusieurs milliers de membres de la communauté chinoise s'étaient ainsi réunis pour dénoncer le «racisme anti-asiatique». Quasiment tous vêtus d'un t-shirt blanc frappé du slogan «sécurité pour tous», les manifestants brandissaient des drapeaux français, en scandant «sécurité, sécurité, sécurité». Sur un grand écran était projetée la photo d'un couturier de 49 ans, Zhang Chaolin, décédé après avoir été agressé par trois jeunes à Aubervilliers en août. Le montage faisait apparaître une tache de sang sur laquelle on pouvait lire: «Zang Chaolin, mort pour rien. Qui sera le prochain?»

» À Aubervilliers, la révolte des Chinois

Parmi la foule, plusieurs élus comme Bruno Julliard, premier adjoint à la maire de Paris, Stéphane Troussel, le président PS du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, ou encore la présidente du conseil régional d'Ile-de-France Valérie Pécresse (Les Républicains). Sun-Lay Tan, la trentaine, de Mitry-Mory, lanceur d'une pétition sur change.org, a rappelé que les manifestants étaient là pour réclamer des «mesures fortes pour assurer la sécurité des asiatiques».

«Sécurité pour tous» dénonce le climat de peur et d'insécurité qui règne à Aubervilliers et met en cause les «autorités» qui «ont préféré fermer les yeux sur cette délinquance grandissante» parce que les «Asiatiques constituent la cible principales de ces agresseurs». Le collectif réclame notamment des effectifs policiers supplémentaires, des caméras de surveillance et la reconnaissance du racisme anti-asiatique.

Les plaintes pour vols multipliées par trois

Les plaintes pour vols avec violence visant la communauté chinoise, bien implantée dans cette commune populaire, première plateforme d'import-export de textile d'Europe, ont triplé en un an, passant de 35 à 105. Autorités comme habitants estiment que ces agressions sont alimentées par un «préjugé raciste» selon lequel les personnes d'origine chinoise transportent des espèces sur elles. Dans le cas de l'agression de Zhang Chaolin et de son ami, les voleurs sont repartis avec un butin dérisoire: «des bonbons, un paquet de cigarettes et des lunettes de soleil», d'après une source proche du dossier.

Tandis que la communauté s'organise, notamment par un système d'alerte par la messagerie WeChat ou Weibo, le Twitter chinois, les autorités s'efforcent de répondre au sentiment d'insécurité. Lors d'une rencontre avec la famille de Zhang Chaolin et la maire d'Aubervilliers, Meriem Derkaoui (PCF), le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait promis «de renforcer davantage les effectifs de police à Aubervilliers». Il s'est dit prêt à «cofinancer sur les fonds de l'Etat l'installation de caméras de vidéo-protection».

Au commissariat d'Aubervilliers, une stagiaire parlant chinois accompagne depuis plusieurs mois les plaignants. Le parquet de Bobigny confie systématiquement les affaires significatives aux services rodés aux enquêtes. Dans le cas de l'agression de Zhang Chaolin, l'enquête de la Sûreté départementale a abouti lundi dernier à l'arrestation des trois suspects, mis en examen et écroués mercredi soir.

Pourtant, la communauté maintient la pression et semble douter de la capacité de l'État à la protéger. Sur le site de la manifestation, une vidéo mentionne les soutiens d'élus municipaux d'Île de France. Le site mentionne aussi les informations à connaître pour suivre le mouvement.

Une première manifestation conséquente le 21 août

Près de 2000 Chinois avaient afflué de toute l'Ile-de-France pour défiler à Aubervilliers le 21 août. Du jamais vu depuis la mobilisation de 2010-2011, déclenchée par une agression lors d'un banquet de mariage dans le quartier parisien de Belleville et marquée par des échauffourées.

Lundi, la maire d'Aubervilliers a mis en garde contre la «tentation de rendre la justice dans son coin». «Je n'accepterai pas la moindre division» entre les habitants, a affirmé Meriem Derkaoui. Preuve que les esprits sont chauffés à blanc, sept jeunes Chinois, suspectés d'avoir roué de coups un homme qu'ils soupçonnaient de vouloir s'en prendre à l'un d'eux, seront prochainement jugés à Bobigny.

François Ormillien, l'un des avocats de la communauté, redoute la constitution de «ligues de défense» si les agressions continuent au même rythme. «Il y a des jeunes de 17-19 ans qui sont plus virulents que leurs aînés et veulent en découdre, mais ils sont extrêmement minoritaires», dit-il. Surtout, «les choses sont en train de changer car la réponse pénale a été beaucoup plus ferme ces derniers mois», ajoute le défenseur, citant le cas d'un lycéen sans casier qui «a pris deux ans ferme pour un vol avec violence» sur un ressortissant chinois.

«Sécurité pour tous» : la communauté chinoise manifeste à Paris

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688 commentaires
  • anonyme

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  • Sam Gratte

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    Ce n'est pas avec Cazeneuve et des élus pareils que ça va s'arranger...

  • Abitmuch

    le

    Merci au figaro de faire en sorte, par esprit d'équité, de laisser aux personnes un droit de réponse !

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