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Delphine Ernotte réclame toujours «fromage et dessert»

Delphine Ernotte a pris ses fonctions à la tête de France Télévisions fin août 2015. BENJAMIN CREMEL/AFP

La présidente de France Télévisions persiste et signe en demandant plus de moyens via une réforme de la redevance TV et un retour de la publicité après 20 heures. Ces moyens supplémentaires n'ont pas vocation à alimenter la «structure France Télévisions. Ils doivent permettre de faire grossir le secteur dans son ensemble.

Après deux ans passés à la tête de France Télévisions, Delphine Ernotte garde le cap. Au moment de sa prise de fonctions, fin août 2015, la présidente du groupe audiovisuel public réclamait «fromage et dessert». Comprendre: plus de moyens via une refonte de la redevance TV et un retour de la publicité après 20 heures sur ses antennes. Invitée ce jeudi par l'Association des journalistes médias, elle persiste et signe. «La redevance est obsolète. Elle est assise sur un objet, le poste de télévision, qui va petit à petit décliner au profit d'autres supports. Douze pays l'ont déjà réformée en Europe. Qu'est-ce qu'on attend? Je ne sais pas! On sait que l'on aura un problème un jour ou l'autre et que ce n'est plus adapté», fustige la dirigeante.

La redevance TV est obsolète. Douze pays l'ont déjà réformée en Europe. Qu'est-ce qu'on attend?

Delphine Ernotte, présidente de France TV

Concernant la méthode, Delphine Ernotte estime que la solution ne consiste pas à étendre cet impôt aux ordinateurs, smartphones et tablettes. «Ce serait contre-productif», tranche la présidente qui prône une réforme à l'allemande. Partant du principe que l'ensemble des foyers dispose aujourd'hui d'un moyen de regarder la télé ou d'écouter la radio, tout le monde paye la redevance, actuellement de 137 euros. Cette «taxe universelle» pourrait «être indexée sur le niveau des revenus, par exemple».

Sur le front publicitaire, Delphine Ernotte ne lâche rien non plus. «Faut-il mettre de la publicité partout? Oui. Chez nous comme chez les autres. TF1 est aussi un contributeur à la création, on a donc intérêt à ce qu'il se porte bien. La question, c'est de savoir s'il vaut mieux prendre notre part au maximum, ou la laisser aux Gafa. Nous pourrions introduire de la publicité après 20 heures, les téléspectateurs ne seraient pas gênés. En revanche, il ne faut pas couper les œuvres. Il y a un terrain de croissance de ce côté-là, et comme nous avons besoin d'argent, je ne vois par pourquoi nous devrions le négliger», martèle Delphine Ernotte.

Pour pouvoir exister au niveau européen et international, il faut investir plus. L'audiovisuel français est petit, tout petit par rapport à nos voisins.

Delphine Ernotte, présidente de France TV

Si la dirigeante réclame davantage de moyens, «ce n'est pas pour la structure France Télévisions» mais pour faire grossir le secteur dans son ensemble. «Le marché de l'audiovisuel pèse 15 milliards d'euros au Royaume-Uni, 13 milliards en Allemagne et moins de 10 milliards en France. Et ce n'est pas parce que SFR va rajouter 20 millions d'euros pour du cinéma et de la fiction que ça changera la donne», tacle Delphine Ernotte, en rappelant au passage que France Télévisions investit chaque année un peu plus de 480 millions d'euros dans la création, dont 60 millions dans le cinéma. «Le service public représente plus de 50% des sommes investies par les éditeurs dans la production audiovisuelle hexagonale», insiste-t-elle.

Redonner du souffle économique et faire rayonner la création française hors de nos frontières passera sans doute aussi par un dépoussiérage en règle du cadre réglementaire qui régit le secteur depuis 1986. «Il faut complètement revoir la réglementation, estime Delphine Ernotte. Elle a été instaurée à un moment où les enjeux étaient totalement franco-français. Depuis, le monde s'est ouvert. Si elle avait sa logique à l'époque, ce n'est plus du tout le cas».

En attendant que les lignes bougent, la présidente de France Télévisions assure que son groupe sera bien à l'équilibre à la fin de l'exercice 2017. «On s'y est engagé, et on respectera cet engagement. Nous avons très peu de marge de manœuvre, cela se joue à 50 000 euros près. C'est un pilotage difficile mais nous le tiendrons».

Par ailleurs, Delphine Ernotte a annoncé que l'audience de sa chaîne d'info Franceinfo sera enfin mesurée par Médiamétrie «dans les semaines qui viennent» et qu'un projet de vaste plateforme culturelle en collaboration avec Radio France était dans les tuyaux. «Nous avons décidé, et j'en ai parlé cette semaine avec Mathieu Gallet, le patron de Radio France, de faire ensemble la première plateforme d'offre culturelle en France», a-t-elle déclaré. Un dossier conduit par Michel Field côté France Télévisions et la directrice de France Culture, Sandrine Treiner, pour Radio France. Pour l'heure, aucun calendrier n'a été dévoilé concernant le lancement de cette nouvelle offre.

Delphine Ernotte réclame toujours «fromage et dessert»

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7 commentaires
  • muhammad Durand

    le

    "....«être indexée sur le niveau des revenus, " ... ben voyons : pour un mème service DISCRIMINONS !!!
    Les revenus moyens en ont marre d'etre les discriminés tous azimuts de la ponction !

  • donarno

    le

    Peut-être arrêter de faire tourner les boites de production privées aiderait à récupérer des millions ?
    Quant au service public, pourquoi tous les citoyens doivent ils payer un dû pour un service qu'ils n'utilisent pas ? Je prends le métro je paie... or si je ne le prends pas je ne le paie pas

  • pck

    le

    De l'argent, de l'argent, toujours de l'argent. Et peu importe la situation financière de ceux à qui on le prend, tant qu'on peu payer des salaires mirobolants aux "stars" du PAF. Rien n'est trop beau pour elle. Pendant ce temps là, les groupes TF1 et M6 font mieux sans rien demander au contribuable.

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