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Climat : Hollande lance l'appel de Manille

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EN IMAGES - Depuis les Philippines, le président de la République a invité les chefs d'État à trouver un accord lors de la conférence sur le climat de Paris, en décembre prochain. «La lutte contre le réchauffement climatique est un enjeu de paix», a-t-il clamé.

Il fait une chaleur moite dans la nuit de Manille qui enveloppe les jardins luxuriants du palais présidentiel de Malacanang. La voix de François Hollande, debout devant une fine pluie de luminaires, des drapeaux français et philippins claquant au vent et un parterre d'invités sur leur trente et un, se fait plus solennelle: «J'appelle les chefs d'État et de gouvernement à tout mettre en œuvre pour la conclusion d'un accord en décembre (à la conférence mondiale sur le climat, NDLR). J'appelle les forces de la jeunesse, les artistes, les universitaires à s'organiser pour porter une cause qui peut tous nous rassembler. Face à l'Histoire, il y a ceux qui la regardent, ceux qui la font. Aujourd'hui, il nous faut l'écrire. Ce sera à Paris, dans trois cents jours.»

Il y tenait, c'est fait. François Hollande, qui veut éviter un camouflet sur le climat après celui de Copenhague en 2009, a lancé jeudi soir cet «appel de Manille» avec le président philippin, Benigno Aquino. Cet appel vise à préparer les esprits avant la COP21 de Paris, fin 2015. Ambitieux, le pari n'est pas gagné d'avance: contenir le réchauffement de la Terre en deçà de 2 °C d'ici à la fin du siècle. «Nous ne lâcherons rien, jusqu'au bout», a assuré le président français, qui espère obtenir dans moins d'un an un accord «global», «contraignant», «pays par pays», obligeant chacun à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Un accord qui assurerait que «le monde ne connaîtra pas un réchauffement qui l'exposerait à des catastrophes encore bien plus considérables que celles que nous avons connues», a-t-il ajouté.

Pour Hollande, il est impératif de mobiliser les «pays pauvres, fragiles, en voie de développement», qui ne sont pas responsables des dégâts causés sur la planète et n'ont pas les moyens non plus de négocier une transition énergétique. D'où la nécessité de trouver des «financements innovants» destinés à un «fonds vert», pour lequel la France a déjà promis de verser 1 milliard de dollars. «Cet appel est un appel à la justice, entre pays riches et pays pauvres, entre les générations», a encore indiqué le chef de l'État, qui n'a pas hésité à dramatiser les enjeux: «La lutte contre le réchauffement climatique est un enjeu de paix. Sinon, ce n'est pas seulement les catastrophes, c'est la guerre.»

Avant lui, la comédienne Marion Cotillard, oscarisée pour son rôle dans La Môme, et une sénatrice des Philippines, spécialiste du climat, ont lu sobrement le texte de l'appel. «Nous appelons la communauté internationale à conclure un accord ambitieux, équitable et universel sur le climat», ont-elles lancé. L'actrice, qui a dîné avec Hollande dans l'Airbus présidentiel, entre Paris et Manille, dans la nuit de mercredi à jeudi, a joué son rôle d'ambassadrice, notamment auprès des médias, tentant de faire partager ses convictions pour la nécessaire «survie de la maison». Une autre comédienne, Mélanie Laurent, qui arrivait d'un tournage en Inde et rentrera à Paris vendredi dans l'avion du président, a lu une brève allocution à l'invitation de Nicolas Hulot, ambassadeur pour la planète, devant la société civile philippine, mais a refusé de s'exposer davantage.

«Ça colorera le quinquennat»

Pour Hollande, ce casting - imaginé par Hulot - était à l'image de «l'alliance de Paris», censée rassembler toutes les bonnes volontés, chefs d'entreprise, citoyens, personnalités religieuses ou issues du monde de la culture. Dans la foulée du 11 janvier, le chef de l'État rêve de susciter un élan qui «rassemble» autour des enjeux climatiques. «Personne n'aura un autre avenir que sur la Terre, a-t-il rappelé. Nous sommes tous concernés puisque nous n'avons qu'une seule Terre et, jusqu'à nouvel ordre, qu'une seule vie.» «Le mot d'ordre, a-t-il ajouté, c'est changer le monde pour préserver la planète.»

Hollande, qui visitera vendredi la ville de Guiuan, au sud-est du pays, qui fut durement touchée par le spectaculaire typhon Haiyan en 2013, a choisi les Philippines, l'un des pays au monde les plus affectés par les dérèglements climatiques, pour servir cette nouvelle cause. Arracher un «accord historique sur le climat» serait pour lui un moyen de se forger une aura internationale, et d'en tirer un bénéfice politique. «Ça colorera le quinquennat», n'hésitait-il pas à confier en novembre dernier dans le Pacifique.

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76 commentaires
  • kalinas

    le

    Voilà qu'il se prend pour feu le Général. Le grand homme avait lancé l'appel de Londres, Hollande lance l'appel de Manille. Mort de rire ! ! !

  • raynald gouvernant

    le

    par contre, pas un mot sur la pollution de plastiques et déchets en millions de tonnes qui gisent au fond de l'océan pacifique : un appel coalisé à nettoyer cette pollution que nous laissons dériver pour les générations futures.

  • alain du 77

    le

    et l'appel a sa démission, il ne le lance pas ? pourtant les français le lui font bien savoir

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