Publicité

Séance houleuse à l'Assemblée : Jacqueline Gourault s'accroche avec Christian Jacob

Jacqeline Gourault à l'Assemblée nationale. BERTRAND GUAY/AFP

LE SCAN POLITIQUE - La ministre s'est emportée contre le président du groupe LR, reprochant aux députés de droite de bloquer l'avancée des débats.

Les séances de nuit à l'Assemblée nationale peuvent s'avérer électriques. Dans la nuit de mercredi à jeudi, les députés Républicains se sont opposés au gouvernement sur le texte en discussion asile et immigration, au point de faire sortir de gonds Jacqueline Gourault, la ministre auprès de Gérard Collomb, le ministre de l'intérieur, absent de l'hémicycle. Pourtant grande habituée des débats parlementaires houleux, dotée d'un calme légendaire, Jacqueline Gourault s'est tout de même emportée contre Christian Jacob, le président du groupe LR, reprochant aux députés de droite de bloquer l'avancée des débats.

Si l'incident est survenu après minuit, il couvait depuis le début d'une soirée électrique sur tous les bancs. Pendant toute la soirée, les députés LR, notamment Fabien Di Philippo et Pierre-Henri Dumont, sont revenus à la charge contre le ministre de l'Intérieur, relayé ensuite par la ministre Jacqueline Gourault, pour savoir si le gouvernement avait un «plan caché de 40.000 régularisations» de sans-papiers, un chiffre évoqué par un élu de la majorité dans un article du Monde.

«C'est le gouvernement qui est responsable devant le Parlement, pas l'inverse»

En commission, Collomb avait juste indiqué que «lorsque nous aurons examiné l'ensemble des articles de cette loi, nous pourrons débattre de ce qu'il convient de faire au sujet des personnes qui se trouvent sans statut». Mais cette insistance a fini par faire réagir Jacqueline Gourault en fin de séance. «M. Jacob, vous allez laisser continuer ces méthodes pendant longtemps? obliger un ministre à répondre? Ce sont des méthodes autoritaires qui ne sont pas acceptables en démocratie. Qu'est-ce que c'est que ces méthodes?», a tonné la ministre.

Christian Jacob a répondu en jugeant que son interlocutrice «perdait son sang-froid». «C'est le gouvernement qui est responsable devant le Parlement, pas l'inverse», a-t-il répliqué. «Je regrette que la ministre ait décidé délibérément de ne pas répondre à nos questions», a-t-il ajouté.

La réponse de Jacqueline Gourault a été également jugée «déplacée» par la socialiste Laurence Dumont. Un élu de la majorité reconnaissait après les débats que, même si un ministre «n'a pas à répondre à des injonctions», Jacqueline Gourault, ancienne sénatrice, avait été «extrêmement maladroite» face à des LR «privés de Collomb». Quelques minutes auparavant, la présidente de la commission des Lois, Yaël Braun-Pivet (LaREM), était passée dans les rangs LR pour essayer, en vain, de pouvoir terminer dans le calme une séance qui dégénérait. Cet incident n'était en effet que la conclusion d'une soirée tendue dans un hémicycle empli de près de 200 députés, démarrée avec de multiples rappels au règlement de LR et de la gauche.

Réunification familiale

Ces différentes oppositions demandaient qu'on revoit l'organisation des débats, prévus pour s'achever dans la nuit de vendredi à samedi avec un vote immédiat, alors qu'on en est encore qu'à l'article 3 (sur 40) du texte. Cet article, qui prévoit que les mineurs reconnus réfugiés pourront désormais faire venir leurs «frères et soeurs», et non plus seulement leurs parents, a déchaîné l'opposition de LR et du FN qui s'en sont pris aux «belles âmes» de la majorité et de la gauche.

Cette réunification familiale - à différencier du «regroupement familial» qui concerne les étrangers venus légalement et est soumis à des conditions financières et de logement - ne devrait pourtant concerner que quelques centaines de personnes (357 mineurs réfugiés en 2016 selon Gérard Collomb).

Mais élus LR et FN ont dénoncé un «appel d'air», l'ouverture «des vannes de l'immigration» depuis des pays «où les fratries peuvent être importantes» (Patrice Verchère, LR). «Vous allez ouvrir une filière de mort depuis l'Afrique vers la France», a lancé Pierre-Henri Dumont (LR). À ces arguments, majorité et gauche ont défendu, comme Coralie Dubost (LREM), «une avancée humaine et juste». «C'est une question d'humanité de demander aux parents de ne pas choisir entre le mineur protégé et celui qui restera dans le pays d'origine», a répondu la rapporteure Elise Fajgeles (LaREM) déplorant que LR et FN fassent «valoir absolument les mêmes arguments». Au final, seuls 27 amendements ont été étudiés et l'article 3 n'a pu être soumis au vote. «Une soirée de gaspillée», déplorait une élue LREM.

Les débats sur le texte doivent reprendre jeudi à 9h30 avec encore 972 amendements en discussion et le retour attendu du ministre de l'Intérieur.

Séance houleuse à l'Assemblée : Jacqueline Gourault s'accroche avec Christian Jacob

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
435 commentaires
  • marioncobretti

    le

    Jacqueline Gourault c'est pas le sosie "français" de Viviane Reding ?. Comptez pas trop avoir des résultats cette escarmouche n'est qu'un duel de théâtre pour faire de l'enfumage.

  • DIEGO-ARMANDO

    le

    Regularisations, regroupement familial.. Mais on va ou là ? Ils sont inconscients ou quoi ? Vous voulez la guerre civile ? Et bien vous allez l'avoir..