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Emmanuel Macron et les 120.000 euros de Bercy

Dans le livre Dans l'enfer de Bercy, l'ex-ministre de l'Economie (2014-2016) Emmanuel Macron est accusé d'avoir utilisé 80% des frais de représentation accordés à son ministère pour sa propre personne, en vue de se présidentialiser. Une accusation démentie par le candidat à la présidentielle.

Anne-Charlotte Dusseaulx , Mis à jour le
Emmanuel Macron a répondu aux accusations depuis le Liban.
Emmanuel Macron a répondu aux accusations depuis le Liban. © Sipa

 

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Emmanuel Macron a répondu aux accusations depuis le Liban. (Sipa)

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Les faits : 80% des frais de représentation "à lui seul"

Tout part du livre Dans l’enfer de Bercy des journalistes Marion L’Hour et Frédéric Says publié mercredi (JC Lattès), une enquête sur les secrets du ministère de l’Economie et des Finances. "Selon nos informations", écrivent les auteurs, "en 2016, Emmanuel Macron a utilisé à lui seul 80% de l’enveloppe annuelle des frais de représentation accordée à son ministère par le Budget". Soit au moins 120.000 euros. Et ce, en huit mois, puisque le ministre a démissionné du gouvernement le 30 août 2016. "S’il était resté, on ne sait pas comment il aurait fini l’année", affirme dans l’ouvrage une source administrative.

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Emmanuel Macron a-t-il utilisé cet argent pour des ambitions personnelles - "il multipliait les dîners, parfois deux fois par soir", dit un autre membre du gouvernement, installé à Bercy. Pour se présidentialiser? "Cela ne fait aucun doute et pourtant, les ministres présents à Bercy lors du passage Macron n’avaient pas détecté cette ambition cachée", explique Frédéric Says dans une interview à 20 minutes. "Ils avaient bien sûr constaté les nombreux déplacements de Macron, ses échanges avec la presse, son envol…", précise l’auteur. 

Les critiques : de la droite, mais aussi de Michel Sapin

Suite aux révélations de l’ouvrage, les chefs de file des députés Les Républicains et UDI, Christian Jacob et Philippe Vigier, ont dénonce mardi le "mensonge" et "l'imposture" d’Emmanuel Macron. "Franchement, celui qui nous expliquait dans une déclaration, que pas un seul euro d'argent public serait utilisé pour sa campagne, manifestement, c'est un mensonge", a taclé le second lors d’une conférence de presse. "On va demander la clarification. C'est de l'argent public, 120.000 euros, ce n'est pas une petite somme. A quoi ont servi ces 120.000 euros?", a insisté le responsable centriste, évoquant la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). "Emmanuel Macron est l'incarnation de l'imposture, l'imposture sur toute la ligne", a renchéri Christian Jacob.

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Si, dans le livre, Michel Sapin affirme s’en vouloir "de ne pas avoir vu assez vite qu’il avait une ambition cachée", rien d’illégal pour autant à ses yeux. Emmanuel Macron "n'a pas dépensé plus" d'argent qu'il n'en avait le droit en frais de représentation à Bercy, a assuré son successeur à l’Economie jeudi sur LCP. "Ce sont des mesquineries budgétaires", a ajouté Michel Sapin, qui n'en a pas moins reproché à son ancien collègue d'avoir levé le pied après l'approbation de la loi Macron en 2015. "C'est une évidence. Il n'avait plus de projet de loi à porter et il a, dès ce moment-là, peut-être l'avait-il déjà en tête, essayé de travailler à sa propre candidature", a-t-il assuré. 

 

"C'est son choix, c'est sa liberté (...)", a ajouté Michel Sapin. "Je ne partage pas ce choix. Je condamne même ce choix. Je condamne le fait qu'il ait vis-à-vis de la personne du président de la République ainsi agi, en utilisant en quelque sorte le président de la République pour se promouvoir lui-même ou en utilisant son ministère", a poursuivi le ministre, qui soutient Manuel Valls en vue de la présidentielle. Et de conclure : "Mais on n’est pas dans des mesquineries budgétaires, on est dans un débat politique."

Un démenti en deux temps

Dans un communiqué publié jeudi, le mouvement En Marche, lancé par Emmanuel Macron en avril 2016, a réagi à ces accusations. "Aucun centime du budget du ministère de l'Economie (...) n'a jamais été utilisé pour En Marche!. Toute affirmation du contraire est purement et simplement diffamatoire", affirme le mouvement dans un communiqué, publié sur Facebook.


"Nous rappelons à ceux qui semblent l'avoir oublié qu'être ministre consiste à l'être à plein temps. (...) Recevoir au ministère des acteurs extérieurs à l'administration fait bien partie du rôle et de la fonction d'un ministre qui ne saurait travailler en circuit fermé et exclusif avec son administration", souligne le mouvement, dans ce texte intitulé "Mensonges et contrevérités".

En déplacement au Liban, le candidat avait déjà lui même répondu mardi. "J'ai toujours respecté les règles de la République avec beaucoup de scrupules", avait-il déclaré, appelant "ceux qui diffament" à s'occuper "de leurs propres turpitudes". "Il faut que ces parlementaires (Vigier et Jacob, NDLR) fassent attention parce que la diffamation a un sens juridique", avait complété le candidat sur RTL et Radio France. Avant de conclure : "J'ai été un ministre engagé à temps plein, dans toutes mes missions. Et donc s'ils découvrent qu'un ministre engagé c'est un ministre qui voyage, qui va voir ses interlocuteurs, qui reçoit et qui est actif, ils découvrent peut-être ce qu'est une fonction de ministre et d'aucuns l'avaient oublié."

Source: leJDD.fr

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