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Climat : Macron et l'Europe peuvent-ils vraiment compenser le retrait américain?

Emmanuel Macron a annoncé que le retrait américain du financement du Giec (Groupe d'experts du climat de l'ONU) serait compensé. Mais cela ne représente qu'une infime partie du vide laissé par Washington.

Thomas Liabot , Mis à jour le
Emmanuel Macron mercredi à  Bonn pour la COP23.
Emmanuel Macron mercredi à Bonn pour la COP23. © Reuters

Emmanuel Macron a appelé mercredi l'Europe à compenser le manque de financements du Groupe d'experts du climat de l'ONU (Giec) après le retrait américain. "Je souhaite que le maximum d'Etats européens puissent, à nos côtés, tous ensemble, compenser la perte de financements américains, mais je peux vous garantir qu'à partir de 2018, pas un centime ne manquera au Giec pour fonctionner et continuer à éclairer nos décisions", a-t-il déclaré, applaudi par les participants à la COP23 réunis à Bonn en Allemagne . Si cet objectif semble atteignable, compenser le retrait total des Etats-Unis de l'accord de Paris sera bien plus difficile.

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Moins de 2 millions d'euros à trouver

Le Giec, chargé de produire une synthèse régulière des connaissances sur le climat, "est aujourd'hui menacé par la décision des Etats-Unis de ne pas garantir les financements", a dit Emmanuel Macron à la tribune de la COP23 mercredi. "Je souhaite donc que l'Europe se substitue aux Américains et je veux vous dire que la France sera au rendez-vous". Selon l'Union of concerned scientists, les Etats-Unis, qui ont toujours largement contribué à financer le Giec, sont passés d'un financement de près de 2 millions de dollars (environ 1,6 millions d'euros) en 2016 à zéro cette année (sur un budget total d'environ 5 millions).

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La participation américaine s'élevait à près de 2 millions de dollars en 2016.

(DR)

Compenser cette somme, qui représente une partie extrêmement infime du budget français et européen, ne semble pas problématique à première vue. Mais cela implique une participation bien plus importante des Européens. En 2015 par exemple, la France ne participait qu'à hauteur de 200.000 euros environ, l'Allemagne autour de 300.000 euros, des montants qui devront être sérieusement réévalués pour combler le retrait américain. Emmanuel Macron est néanmoins en mesure de convaincre ses partenaires européens sur ces sommes et la France pourrait même théoriquement la prendre à sa charge sans grandes difficultés.

C'est pour compenser le reste des engagements américains sur le climat que la tâche s'annonce beaucoup plus compliquée.

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La question du fond vert bien plus problématique

La large contribution des Etats-Unis au Fond vert pour le climat, qui doit réaliser un transfert de fonds de 100 milliards des pays les plus avancés aux plus vulnérables, sera très difficile à compenser. En 2014, Barack Obama s'était engagé pour son pays à verser 3 milliards de dollars d'ici à la fin 2018. Mais Donald Trump a depuis fermé les vannes après le versement d'un tiers de cette somme sous le mandat de son prédécesseur. "Si l’on veut doter l’enveloppe à hauteur de 100 milliards de dollars, il faudra trouver d’autres sources de financement et que les autres pays complètent", écrivait en juin le chercheur à l'Iris Bastien Alex.

"En général, les Etats-Unis représentent entre 18 et 20% des financements internationaux. C'est un gros manque à gagner qu'on ne peut pas remplacer en tant que tel. Donc, il va falloir imaginer de nouveaux mécanismes financiers pour pallier à cette absence américaine", expliquait en juin Laurence Tubiana, ancienne ambassadrice française des négociations climatiques, citée par France info. La question de la compensation de ces sommes n'a pas pour le moment été publiquement abordée. Emmanuel Macron s'est bien gardé de l'évoquer mercredi.

A Bonn, la délégation américaine est beaucoup plus réduite qu'elle ne l'était lors des précédentes COP. Cette année, le mouvement "We Are Still In" (Nous sommes toujours dans l'accord), est néanmoins représenté. Lancé début juin après l'annonce du retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris, ce groupe mené par le milliardaire Michael Bloomberg espère parvenir à respecter les engagements de Barack Obama pour le climat en s'appuyant sur des efforts plus soutenus de près de 1.800 entreprises et investisseurs, 252 municipalités et comtés ainsi que neuf Etats (dont la Californie). Mais leur action ne compensera pas le vide financier laissé par les Etats-Unis.

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