Candidats d'En marche! aux législatives : ce qu'il faut retenir
Des ténors du Parti socialiste ou des Républicains ménagés, des personnalités en vue de la société civile investies... Les 428 premiers candidats du mouvement d'En Marche! pour les législatives du mois de prochain ont été dévoilés jeudi.
Le secrétaire général du parti d'Emmanuel Macron, Richard Ferrand , a annoncé jeudi l'investiture de 428 candidats de la République en marche pour les législatives, sur 577 circonscriptions. La parité - 214 hommes, 214 femmes - est ici respectée, a ajouté le député PS sortant. Il y a "52% de candidates et candidats issus de la société civile au sens qu'ils n'ont jamais exercé de mandat électif", a-t-il précisé, au cours d'une conférence de presse, alors qu'Emmanuel Macron avait fait du renouvellement en politique l'un des principaux axes de sa campagne. Reconnaissant qu'il manquait environ 150 candidats, Richard Ferrand a dit que les derniers candidats seraient investis d'ici à mercredi prochain, afin que "puisse être maintenu vivant un espace permettant à la recomposition du paysage politique français de se concrétiser encore".
Des poids lourds du PS et des élus LR ménagés
Bruno Le Maire (Reuters)
Officiellement, il y a donc de le place pour des nouveaux partenaires de la majorité qu'entend construire Emmanuel Macron. Et ça tombe bien : les circonscriptions laissées libres sont celles à la fois de responsables socialistes et d'élus LR "macrono-compatibles". Citons notamment côté PS, le hollandais Stéphane Le Foll dans la Sarthe, le vallsiste Jean-Marie Le Guen et la ministre du Travail Myriam El Khomri à Paris ou la secrétaire d'Etat au Numérique Axelle Lemaire (Français d'Europe du Nord). Chez Les Républicains, c'est également le cas pour Bruno Le Maire dans l'Eure, Thierry Solère et le juppéiste Gilles Boyer dans les Hauts-de-Seine, le lemairiste Franck Riester et l'UDI Yves Jégo en Seine-et-Marne, et le borlooiste Laurent Degallaix dans le Nord... Sans oublier les circonscriptions laissées par Edouard Philippe (pressenti à Matignon), Xavier Bertrand, Benoist Apparu ou Arnaud Robinet. La nomination du nouveau gouvernement, attendue en début de semaine prochaine, va donc probablement débloquer les choses.
Dans la soirée, Gilles Boyer a toutefois précisé que l'absence de candidat En Marche! face à lui ne changeait rien.
Quel que soit le Premier ministre nommé lundi, je serai le candidat de @lesRepublicains et de l'@UDI_off dans la circo #9208
— Gilles Boyer (@GillesBoyer) May 11, 2017
A noter que Nathalie Kosciusko-Morizet, à Paris, aura bien un adversaire En Marche! face à elle, contrairement à ce qu'indiquait la première liste communiquée dans l'après-midi.
L'exception Manuel Valls
Manuel Valls (Reuters)
Parmi les poids lourds socialistes, Manuel Valls est également ménagé, dans sa circonscription de l'Essonne à Evry, puisqu'il n'aura aucun candidat face à lui. A la différence d'autres de sa famille politique, l'ancien Premier ministre avait lui-même demandé l'investiture d'En marche!, ce qu'il n'a pas obtenu au motif qu'il avait déjà effectué trois mandats parlementaires. "Nous ne bougerons pas nos critères, pas de passe-droits. Mais nous prenons acte de cette singularité d'un ancien Premier ministre et nous ne cherchons pas à mener querelle", a expliqué le secrétaire général Richard Ferrand. Ce n'est toutefois pas encore gagné pour le député PS, puisque c'est Jean-Luc Mélenchon qui avait terminé en tête du premier tour dans sa circonscription...
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Le reste des ténors socialistes devront affronter un candidat d'En marche!
Najat Vallaud-Belkacem (Reuters)
Au-delà des circonscriptions laissées libres, de nombreux autres candidats PS auront un adversaire d'En marche! face à eux. C'est le cas des cadres de Solférino, à commencer par Jean-Christophe Cambadélis ou Christophe Borgel, du président des députés PS Olivier Faure, des ministres qui soutenaient Benoît Hamon tels que Najat Vallaud-Belkacem (Education), Jean-Jacques Urvoas (Justice) et Matthias Fekl (Intérieur), de Benoît Hamon lui-même et ses proches, des vallsistes comme Malek Boutih, Olivier Dussopt et Juliette Méadel ou encore de l'aubryste François Lamy.
En revanche, il n'y a pas encore de candidat face à l'écologiste Cécile Duflot ou l'hamoniste Pascal Cherki, à Paris. Difficile pourtant d'y voir une faveur d'En marche! à leur égard...
Le MoDem de Bayrou proteste
François Bayrou (Reuters)
La liste présentée par En Marche! n'a pas "l'assentiment" de François Bayrou, le président du MoDem, a indiqué ce dernier jeudi soir à l'AFP. Une déclaration surprise de la part de l'allié d'Emmanuel Macron. "Je convoque le bureau politique du MoDem demain (vendredi) soir en souhaitant que dans les heures qui viennent, un mouvement de raison permette des investitures communes dans toutes les circonscriptions comme Emmanuel Macron et moi en sommes convenus depuis le premier jour de notre entente", a-t-il ajouté.
Seulement 24 députés sortants reconduits
François de Rugy et Barbara Pompili (Reuters)
Selon Richard Ferrand, "5%" des 428 candidats investis à cette date sont des députés sortants. Il y en a en réalité 24, pour la plupart issus du PS et qui avaient rejoint Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle. Richard Ferrand est lui-même candidat à sa succession, dans le Finistère, ainsi que Christophe Castaner dans les Alpes-de-Haute-Provence ou Stéphane Travert dans la Manche. Les écologistes François de Rugy, Barbara Pompili et Paul Molac sont aussi dans cette situation.
Le conseiller communication de Hollande investi, mais renonce
Gaspard Gantzer (Reuters)
C'est l'une des petites surprises du jour. Gaspard Gantzer, le conseiller en communication de François Hollande depuis 2014, est candidat En marche! dans la 2e circonscription de l'Ille-et-Vilaine, où Emmanuel Macron était sorti nettement en tête du premier tour. Gantzer connait bien le nouveau président, et pour cause : il était l'un de ses camarades à l'ENA, dans la promotion Léopold Sédar Senghor (204). Proche du prochain chef de l'Etat, il avait pourtant semblé prendre ses distances au moment de sa candidature à la présidentielle, fin novembre. A Libération en janvier, il indiquait ne pas lui avoir reparlé et ne "pensait pas" retravailler avec lui.
Le trentenaire a finalement décidé de renoncer à l'investiture.
Des personnalités de la société civile candidates
Cédric Villani (Sipa)
Elles soutenaient Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle et portent désormais ses couleurs aux législatives. Plusieurs personnalités de la société civile ont reçu leur investiture. C'est le cas par exemple des anciens juges d'instruction Eric Halphen et Laurence Vichnievsky, respectivement dans le Calvados et le Puy-de-Dôme. Le mathématicien Cédric Villani, médaille Fields, sera de son côté candidat dans l'Essonne. Le sociologue Jean Viard l'est dans le Vaucluse et l'ex-patron du Raid, Jean-Michel Fauvergue, en Seine-et-Marne. A noter également la présence sur la liste des candidats de l'ancienne torera à cheval, Marie Sara, dans la 2e circonscription du Gard, face au député FN sortant Gilbert Collard. Celle-ci dit avoir été "sollicitée" par Emmanuel Macron et a accepté ce "beau combat".
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Le président du RC Toulon et deux députés refusent l'investiture
Mourad Boudjellal (Sipa)
Un couac toutefois du côté de la société civile : le nom de Mourad Boudjellal, le président du club de rugby de Toulon, apparaissait dans la liste des candidats transmis à la presse. Mais celui-ci a rapidement refusé cette investiture. "Je suis sensible à la proposition du président, mais ce n'est pas mon ambition", a-t-il expliqué à Var Matin , précisant ne pas avoir fait acte de candidature. "En ma qualité de président de club sportif, je ne peux pas être candidat aux législatives", a-t-il ajouté.
Deux autres députés ont refusé eux aussi cette candidature, le PS François Pupponi dans le Val-d'Oise et le PRG Stéphane Saint-André, alors que leurs noms étaient bien dans le document envoyé. Même chose pour Augustin Augier, secrétaire général de l'ONG humanitaire Alima : "Contrairement à la liste publiée par @enmarchefr je ne suis pas candidat dans la 9ème circonscription des français établis hors de France", a-t-il tweeté.
Le mouvement En Marche! a communiqué dans la soirée une seconde liste de candidats, avec ces personnalités en moins. Ce sont au total une dizaine d'erreurs qui avait été publiée dans le premier document.
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