Grève SNCF : «Je vais être plus efficace en travaillant chez moi plutôt qu’au bureau»

Karim Mokrane, 39 ans, cadre chez l’assureur Aviva à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine), fera du télétravail les jours de grève.

 Karim Mokrane, qui passe près de 3 heures dans les transports en commun chaque jour, a prévu, en accord avec son entreprise, de travailler à domicile lors des grèves SNCF.
Karim Mokrane, qui passe près de 3 heures dans les transports en commun chaque jour, a prévu, en accord avec son entreprise, de travailler à domicile lors des grèves SNCF. LP/Olivier Corsan

    Il est 9 heures du matin à la gare Saint-Lazare. Mallette dans une main, téléphone dans l'autre, Karim Mokrane slalome entre les groupes de passants pour ne pas rater sa correspondance. Comme des milliers de salariés franciliens, ce cadre supérieur qui habite à Chelles (Seine-et-Marne) et travaille à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine) passe près de trois heures dans les transports publics chaque jour.

    « Quand j'ai commencé à ce rythme, je me rappelle avoir passé des heures à patienter sur le quai du RER E, les matins des jours de grève. Depuis, j'ai arrêté d'être jeune, naïf et plein d'espoir… », plaisante ce père de quatre enfants âgés d'un à douze ans. Les cheminots ont eu beau prévenir qu'ils entamaient la semaine prochaine un mouvement de grève de deux jours consécutifs, tous les trois jours et pendant trois mois, Karim ne s'inquiète pas outre mesure.

    20 % des effectifs absents lors de la grève du 22 mars

    Et pour cause. Le salarié prévoit de s'organiser en travaillant à domicile. Une solution adoptée par de nombreux collègues, au siège de son entreprise, la compagnie d'assurances Aviva, où plus de 60 % des 2 000 salariés viennent travailler chaque jour en transports en commun. Dans son immeuble de bureaux, situé à proximité d'une station de RER et d'une gare SNCF, 20 % des effectifs étaient absents dans l'open space lors de la première grève des cheminots, le 22 mars dernier.

    « En fait, je suis sûr que je serai plus efficace de chez moi qu'au bureau, dans l'open space. Parfois, je veux tellement m'avancer que je ne m'arrête même pas pour manger le midi », philosophe Karim dont les principaux outils de travail sont le téléphone et l'ordinateur.

    Voilà trois ans, grâce à un accord d'entreprise, que Karim s'arrange avec son employeur pour travailler un jour par semaine chez lui, le vendredi. Tout le monde est gagnant, selon lui. « J'ai l'impression de mieux profiter de mon temps tel que je l'entends », assure-t-il. En avril, il a donc prévu d'installer son « bureau » – à savoir son smartphone et son ordinateur portable — à domicile dès que le trafic sera perturbé. Les réunions avec les collègues éparpillés dans toute la région parisienne ? Elles se feront sur Skype.

    «Il me suffira d'envoyer un SMS à mon chef»

    « Je regarderai les prévisions sur Internet la veille au soir. Ensuite, il me suffira d'envoyer un SMS à mon chef pour le prévenir ou non de ma présence le lendemain au bureau. Il me fait confiance », assure le père de famille qui reconnaît avoir « beaucoup de chance ».

    « Contrairement à ma femme, qui est professeur des écoles, j'ai un métier qui me permet de fonctionner de manière très souple grâce aux progrès technologiques. Je ne subis pas les grèves que, au demeurant, je respecte », poursuit-il. Dans leur maison de Chelles, c'est donc également lui qui gardera à domicile les enfants en cas de grève dans les écoles primaires et élémentaires. « Ce n'est pas l'idéal pour eux mais dans ces cas-là, je suis pragmatique. Je m'installe pour travailler dans le salon et ils s'occupent dans leur chambre. On fait comme on peut ».