L'hôpital privé coûte moins cher à la Sécu que le secteur public

Santé. Selon des chiffres publiés hier par un syndicat de chirurgiens, d'anesthésistes et d'obstétriciens, les actes prodigués dans les cliniques sont moins coûteux pour l'Assurance maladie qu'à l'Assistance publique.

L'hôpital privé coûte moins cher à la Sécu que le secteur public

    C'est une petite bombe qui ne ne va pas manquer d'alimenter la polémique sur les dépassements d'honoraires des médecins des cliniques et celle sur le vrai coût des soins dans le secteur privé. Après trois ans de travail avec des universitaires et après l'analyse croisée de quatre bases de données nationales confidentielles, une étude portant sur les actes de chirurgie, d'anesthésie et d'obstétrique l'affirme : les actes pratiqués dans le secteur privé coûtent moins cher à l'Assurance maladie, et les dépassements d'honoraires ne sont pas si importants que le disent les autorités publiques. Cette étude a été réalisée pour le syndicat le Bloc, représentant les chirurgiens, les anesthésistes et les obstétriciens de blocs opératoires qui réclament une revalorisation des tarifs de leurs actes, bloqués de longue date. Entre les consultations et les interventions, leurs dépassements représentent 1,2 Mdsâ?¬ par an, que le Bloc aimerait voir pris en charge par les complémentaires santé (lire encadré ci-contre), dont certains remboursements ont chuté grâce aux nouvelles techniques d'opération.

    Les actes en secteur privé meilleur marché que le public. Si l'on prend tout en compte -- hospitalisation plus honoraires et supplément d'honoraires du médecin --, les interventions réalisées dans le privé sont facturées 7,8 % moins cher que lorsqu'elles sont pratiquées dans un hôpital public, selon les chiffres révélés hier par le syndicat. La différence est encore plus importante pour l'Assurance maladie : un acte réalisé dans le public coûte 15,8 % de plus selon l'étude. Motif : les tarifs des actes (fixés par le ministère de la Santé) sont moins élevés dans le privé, et les dépassements d'honoraires ne sont pas si élevés. « L'étude porte sur 48 actes les plus fréquents et les plus intéressants à comparer », précise Jean Marty, gynécologue obstétricien et coprésident du Bloc. On peut ainsi constater que, sur ces 48 actes, le secteur public est moins cher dans 15 cas, le privé dans 33. Par exemple, le public est bien plus compétitif sur les pontages coronariens (- 42,5 %), mais il est 56 % plus cher pour traiter une fracture inférieure de l'avant-bras, 12,6 % plus cher pour une césarienne, et encore 18,2 % plus coûteux pour une hernie discale lombaire... Si l'on observe les montants remboursés par la seule Assurance maladie, sur les 48 interventions étudiées, il n'y a que 3 cas où le secteur public est moins coûteux.

    Des chiffres qui démontent l'importance des dépassements d'honoraires. C'est ainsi que le docteur Philippe Cuq, président du Bloc, résume le volet de l'étude consacré aux compléments d'honoraires. Toujours analysés au travers des 48 interventions, ces suppléments réclamés au patient pour une consultation ou une opération sont en moyenne de 38,27 % du tarif Sécurité sociale. Mis à part les interventions dans le domaine de l'esthétique, les dépassements sont -- en moyenne -- plutôt modérés. Par ailleurs, l'analyse montre que plus la pathologie est grave, plus les dépassements sont faibles.