Législatives : «Dans dix jours, ma voix peut s'éteindre...», assure NKM

Nathalie Kosciusko-Morizet (LR) avait hérité à Paris d'une circonscription en or. Mais elle est prise en tenaille entre des dissidents de droite et un macroniste.

Paris (Ve), hier. Nathalie Kosciusko-Morizet est candidate LR dans la deuxième circonscription de Paris.
Paris (Ve), hier. Nathalie Kosciusko-Morizet est candidate LR dans la deuxième circonscription de Paris. (LP/Philippe Lavieille).

    A cinq jours du premier tour des législatives, Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate LR dans la deuxième circonscription de Paris, celle dont le sortant était François Fillon, est à la peine. L'ex-ministre, qui dénonce un tir croisé de la droite et d'En Marche ! pour lui barrer la route, vient d'adresser un courrier aux électeurs parisiens.

    Votre circonscription semblait imperdable. Et pourtant vous êtes en mauvaise posture. Pourquoi ?

    Nathalie Kosciusko-Morizet. Une élection n'est jamais gagnée d'avance. Au niveau national, il y a une vague portée par la dynamique Macron. Et localement, j'essuie un tir croisé entre des dissidents de droite et un candidat En Marche!

    Vous êtes la seule à droite avec un positionnement moderniste à avoir un candidat En Marche ! en face de vous. Que s'est-il passé ?

    Les Parisiens me posent beaucoup la question. Dans la première liste publiée des candidats En Marche !, il n'y en avait pas. Finalement, il y en a un qui a été rajouté à la dernière minute, visiblement sur intervention personnelle de Richard Ferrand. Emmanuel Macron disait vouloir mettre fin au système des partis, mais ceux qui gèrent le sien ont malheureusement recours aux mêmes ficelles.

    Quel est l'intérêt pour Richard Ferrand ?

    Il est proche du candidat En Marche! Et puis il y a aussi une autre raison liée aux municipales de 2020 à Paris. Le porte-parole d'En Marche! souhaite être candidat pour cette élection, et il saisit l'occasion des législatives pour faire faire le sale boulot par d'autres et dégager le terrain pour sa candidature future.

    Vous aviez eu des garanties de la République en marche ?

    Non mais, comme beaucoup, j'avais été contactée durant l'entre-deux-tours, pour savoir quel serait mon positionnement. J'avais dit que je voulais donner sa chance à Emmanuel Macron, que je serais constructive, mais que je voulais garder mon autonomie et ma liberté de ton. Parce que, pour que le oui soit fort, il faut aussi pouvoir dire non.

    Aujourd'hui, vous jouez votre survie politique ?

    Oui, je sais que dans dix jours ma voix peut s'éteindre. Mais je ne renierai pas ma liberté ni ce que je porte depuis des années : une droite moderne, ouverte et européenne.

    Vous êtes aussi victime des vieilles rancœurs dans votre propre famille politique...

    Dans cette élection, il y a des hommes de main — les candidats — et des commanditaires -- des hommes politiques pas très courageux qui utilisent les candidats pour arriver à leurs fins. Depuis quinze ans, une partie des barons de la droite parisienne dépensent tout leur talent à préserver leurs situations personnelles et s'accommodent très bien des défaites collectives.

    Militez-vous, comme Thierry Solère, pour la constitution de deux groupes de droite à l'Assemblée ?

    C'est trop tôt pour le dire. Mais il y a des lignes de fracture, et certains ne vieilliront pas ensemble. Avec la vague En Marche ! qui s'annonce, il serait nécessaire qu'une droite constructive mais autonome soit représentée. Ne pas avoir de débat à l'Assemblée, c'est prendre un risque pour la démocratie. Et c'est la rue qui arbitrera.

    QUESTION DU JOUR. Trouvez-vous qu'il y a trop de candidats aux législatives?