Procès de Viry-Chatillon : le récit poignant des policiers et l’indifférence des accusés

Treize jeunes sont jugés depuis le 15 octobre par la cour d’assises de l’Essonne pour l’attaque au cocktail Molotov de deux patrouilles de police le 8 octobre 2016 à l’entrée du quartier de la Grande-Borne.

 Viry-Chatillon, le 8 octobre 2016. Les policiers ont été attaqués alors qu’ils surveillaient une caméra régulièrement dégradée car elle dérangeait les délinquants.
Viry-Chatillon, le 8 octobre 2016. Les policiers ont été attaqués alors qu’ils surveillaient une caméra régulièrement dégradée car elle dérangeait les délinquants. LP/ARNAUD JOURNOIS

    Le procès se déroule à l'abri des regards. Derrière les portes closes de la salle où siège la cour d'assises de l'Essonne à Evry-Courcouronnes, depuis un peu plus de deux semaines, l'horreur, la peur mais aussi l'indifférence font partie des débats au quotidien.

    Le 15 octobre s'est ouvert le procès de l'attaque au cocktail Molotov des deux patrouilles de police, le 8 octobre 2016. Ce jour là, les policiers surveillaient une caméra régulièrement dégradée en face du quartier de la Grande Borne, à Viry-Chatillon. Bilan : quatre policiers blessés dont Vincent, adjoint sécurité, grièvement brûlé sur près de 30% du corps. Depuis le début du procès, Vincent, aujourd'hui âgé de 31 ans, se cache sous sa casquette et se met toujours un peu en retrait.

    En fin de semaine dernière, au moment de témoigner devant la cour, il a enlevé cette casquette. « Les jurés ont vu l'horreur », confie une des parties, évoquant les blessures encore visibles du policier. « Il était important qu'ils voient Vincent », estime de son côté Me Laurent-Franck Liénard, l'avocat de deux des policiers.

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    «Ils ont été victimes d'un acte d'une sauvagerie incroyable»

    L'une après l'autre, les quatre victimes qui sont toujours dans la police ont raconté cette journée. Vincent et Jenny, 42 ans, ont expliqué qu'avant cette date, ils ne pouvaient pas imaginer qu'on puisse vouloir volontairement brûler d'autres personnes. En flammes, les deux agents se sont retrouvé bloqués par les assaillants à l'intérieur de la voiture. Ils ont ensuite été frappés en sortant. « Ils ont été victimes d'un acte d'une sauvagerie incroyable », note Me Thibault de Montbrial, l'avocat de Jenny. Sa cliente vient dans son uniforme. « Elle avait 19 ans de police derrière elle au moment des faits, poursuit Me de Montbrial. Et elle a toujours été fière d'être policière. Elle avait une vie stable tant sur le plan professionnel que personnel. Cette agression a tout impacté ».

    Les deux autres victimes ont déposé en visioconférence. Si Virginie n'a pas eu la force de venir à l'ouverture des débats, Sébastien n'a pas eu la force de revenir. « Après la première journée, il m'a dit que c'était trop dur pour lui, relate Me Liénard. Il a depuis repris le traitement qu'il avait pourtant interrompu. »

    Un des accusés insulte un policier

    En face, les parties civiles se heurtent à l'indifférence des treize accusés. Selon nos informations, certains souriaient en écoutant leur récit. D'autres baissaient les yeux. L'un d'eux a aussi été repris parce qu'il avait enlevé ses chaussures pour être plus à l'aise.

    Un autre, qui comparaît libre, a été placé en garde à vue vendredi pour un outrage sur un policier assurant la sécurité dans l'enceinte du palais de justice d'Evry-Courcouronnes. Pour ces faits, il a hérité d'une convocation devant le tribunal correctionnel. Un témoin a justifié l'agression, à la barre de la cour d'assises, en évoquant les violences policières. « Nous sommes face à un vrai problème d'empathie dans ce dossier », juge Me de Montbrial. Les accusés auront la parole en fin de semaine prochaine. Ce procès doit prendre fin le 6 décembre.