Consommation : pour les femmes, c'est plus cher !

Pour un même produit, elles paient plus cher. Un collectif a mis en lumière cette « injustice » à laquelle veut s'attaquer la secrétaire d'Etat aux Droits des femmes.

Consommation : pour les femmes, c'est plus cher !

    C'est le genre de découverte perturbante dont on se demande pourquoi elle ne nous a jamais sauté aux yeux. Et si les Françaises payaient sans le savoir une « taxe invisible » sur les biens de consommation courante, juste parce qu'elles sont des femmes ? Formulé comme ça, c'est impensable. Et pourtant, l'enquête sur Internet d'un jeune collectif baptisé les Georgette Sand est en train de faire mouche jusqu'au sommet de l'Etat.

    Ces trentenaires, filles et garçons d'ailleurs, sont allés répertorier dans les rayons des commerces les tarifs des produits et services lorsqu'ils sont « sexués » : pour femme ou pour homme. Et le constat est édifiant. A de rares exceptions près, tout est toujours plus cher... pour les femmes. « On sait qu'il y a eu des enquêtes aux Etats-Unis et on savait qu'on trouverait des différences... Mais pas autant et pas si rapidement », avoue Géraldine Franck, la première à avoir dégainé son smartphone dans les rayons. « En trois heures de balade dans mon quartier, j'avais déjà pris une quinzaine de photos éloquentes... »

    Une taxe rose invisible

    Le déodorant (rose) efficacité quarante-huit heures pour femme d'une marque réputée : 4,15 â?¬ Le même (en noir) pour homme, 4,11 â?¬. Différence, 4 centimes... Bon, pas de quoi faire un scandale. Sauf que chez le coiffeur mixte en face du magasin, le shampoing-coupe-brush homme est à 8 â?¬, et à 13 â?¬ pour les femmes. Chez le teinturier, le chemisier femme à 5 â?¬, la chemise homme à 4 â?¬. Et ainsi de suite... Mis bout à bout, toutes ces différences, ces conditionnements roses moins avantageux, finissent par former « une injustice injustifiable », résume Géraldine Franck.

    « C'est une taxe femme, une taxe rose... Tous les gens à qui on met les exemples sous le nez sont sidérés. Ils nous disent : Je n'y avais jamais pensé, mais bon sang, c'est vrai. » A commencer par la secrétaire d'Etat aux Droits des femmes, Pascale Boistard (lire interview page 3), qui a posté sur Tweeter la photo d'un sachet de cinq rasoirs roses à 1,80 â?¬, à côté d'un sachet identique de 10 rasoirs bleus à... 1,72 â?¬. « Moi aussi j'y pense en me rasant », a lancé avec humour la ministre. Elle nous annonce avoir relayé cette « injustice » au ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, qui doit lancer une enquête sur ces écarts tarifaires. Mais même si les experts en marketing expliquent que « les femmes sont prêtes à payer plus », une pétition adressée à Monoprix frôle les 20 000 signatures. « Notre prochaine étape, ce sont les grandes chaînes de coiffure, assure Géraldine Franck. Qui peut encore croire que toutes les femmes ont les cheveux longs et tous les hommes la boule à zéro ? »

    QUESTION DU JOUR. Constatez-vous des écarts de prix anormaux entre les produits pour femmes et pour hommes ?