VIDEOS. Quand Manuel Valls soutenait le principe des statistiques ethniques

 

VIDEOS. Quand Manuel Valls soutenait le principe des statistiques ethniques

    Vent debout contre le fichage d'élèves musulmans à Béziers par le maire Robert Ménard, le Premier ministre Manuel Valls n'a pas toujours été opposé au principe d'un recours aux statistiques ethniques notamment afin de mieux identifier dans les études publiques les personnes victimes de discriminations. En l'état actuel la loi «informatique et libertés» de 1978 interdit formellement la création de fichiers sur critères ethniques sauf rares exceptions.

    Lorsqu'il était dans l'opposition, Manuel Valls avait signé dès décembre 2008 une proposition de loi socialiste «visant à lutter contre les discriminations liées à l'origine, réelle ou supposée». A l'époque député-maire d'Evry (Essonne), il souhaitait à travers l'article 16 compléter la loi de 1978 en introduisant des «questions relatives au â??ressenti d'appartenanceâ? des personnes» dans les études spécialisées relatives à la discrimination.

    L'objectif était d'avoir des statistiques anonymisées grâce à une collaboration avec les sondés : «Le consentement exprès des personnes doit être recueilli. La réponse à ces études doit être facultative, au moyen de questions ouvertes et sur un mode auto-déclaratif. La présentation des résultats du traitement de données ne peut en aucun cas permettre l'identification directe ou indirecte des personnes concernées.»

    Fin 2009, celui qui était alors maire d'Evry (Essonne) avait été au coeur d'une polémique après avoir souligné l'absence d'habitants «blancs» sur un marché d'Evry. Robert Ménard n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler cet épisode médiatique pour souligner ce qu'il appelle «l'hypocrisie de la gauche».

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    A la sortie d'un colloque sur la diversité organisé avec le Cran (Conseil représentatif des associations noires de France), Manuel Valls avait annoncé le dépôt début 2010 d'une proposition de loi pour relancer le débat sur les données ethniques. «Pour certains, les statistiques ethniques mettraient en cause les valeurs de la République, alors qu'au contraire, c'est l'absence de mesures concrètes qui est à craindre» déclarait-il à l'époque. Le député de l'Essonne ne préconisait pas pour autant la création de fichiers ethniques.

    Sa ligne politique n'avait pas bougé à l'approche des primaires socialistes en 2011. Dans son livre-programme «Sécurité, la gauche peut tout changer», le candidat à la primaire ne reniait pas sa déclaration du marché d'Evry car «elle décrit une réalité». Il plaidait une nouvelle fois pour la mise en place de statistiques plus précises : «On doit pouvoir évaluer les discriminations pour mieux les combattre».

    Après les attentats de Paris, en janvier dernier, le locataire de Matignon avait évoqué début mars «un apartheid territorial, social, ethnique», sans justifier son propos avec des chiffres à l'appui, mais en en se disant «prêt à avancer sur une réflexion» sur les statistiques ethniques dans «un cadre constitutionnel».