Réchauffement climatique : Macron au secours de Saint-Louis du Sénégal

    Le président français a annoncé une aide de 15 M€ pour lutter contre l'érosion côtière qui menace l'ancienne capitale du Sénégal.

    Saint-Louis (Sénégal), hier. Emmanuel Macron, entouré du président Sénégalais (à g.) et du maire de la ville, a fait une visite éclair pour constater les dégâts liés au changement climatique.
    Saint-Louis (Sénégal), hier. Emmanuel Macron, entouré du président Sénégalais (à g.) et du maire de la ville, a fait une visite éclair pour constater les dégâts liés au changement climatique. AFP/LUDOVIC MARIN

      Vues du ciel, les langues de terre sont cernées par les eaux. Au bord du quai de pêche de Guet Ndar, le ressac frappe sur le béton et la tôle. Une partie du marché s'est effondrée. Un pan de mur joue les équilibristes. Il tient comme par magie. Avant, se souvient un mareyeur, Adlary, en pointant les eaux, « il y avait une plage, les enfants jouaient ici ».

      A Saint-Louis du Sénégal, chaque vague grignote un peu plus l'ultra-peuplée langue de Barbarie. Et menace dangereusement les 55 000 habitants — pour la plupart des pêcheurs — confrontés à la raréfaction de leurs ressources. L'ensablement, l'enrochement n'ont pas suffi. Ecoles et maisons sont peu à peu détruites. Selon un élu local, 500 à 600 familles ont déjà été déplacées, 900 sont en attente de relogement. C'est ce qu'Emmanuel Macron est venu voir, hier. A son arrivée devant l'école Abdoulaye Mben Khali, au côté du président sénégalais, Macky Sall, il lève les bras en V pour saluer la foule, dans un geste très chiraquien. Sa visite est brève. Le temps d'une présentation de la situation, d'un tour sur la plage. Pas plus.

      Lutte à armes inégales

      Les eaux bleu-vert déferlent. Les blocs de béton armé déposés au bout de la plage rappellent que se joue là une lutte à armes inégales. Autrefois, il y avait ici huit salles de classe. Sur la place Faidherbe, entre palmiers et bâtiments de l'époque coloniale, le président de la République s'adresse directement à la population. Il évoque « l'érosion côtière, la peur, les murs qui tombent, l'activité économique détruite et la ville qui, peu à peu, recule devant ce que certains parfois veulent encore nier : les effets du changement climatique ».

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      Lui qui se pose en leader du combat climatique mondial, tandis que des réserves s'expriment sur la politique qu'il mène en la matière dans l'Hexagone, trouve là une nouvelle occasion d'afficher sa conversion écolo. Et de soigner ses relations avec le Sénégal.

      Des milliers d'habitants se sont massés sur le parcours des chefs d'Etat. L'espoir suscité par la visite présidentielle est à la hauteur de la désolation. « Les communautés sont désemparées, témoigne Aïssatou Diouf, de l'ONG Enda Energie. Faire face au réchauffement climatique demande des financements additionnels que nos Etats ne peuvent prendre en charge. »

      Comme en écho, place Faidherbe, Emmanuel Macron endosse le costume du père protecteur. « Nous sommes là ! Je suis là, avec vous ! » lance-t-il, annonçant à la foule que la France apportera une aide de 15 M€ pour la construction de murs. « Des rochers pour protéger », dit-il.

      Voilà qui donnera du temps aux familles. « Vous êtes venu, vous avez vu, et vous avez apporté une réponse concrète », remercie Macky Sall à l'issue du discours. Il ne peut ajouter « et vous avez vaincu ». Car, reconnaît Laurence Hart, directrice Sénégal de l'AFD, « on ne pourra pas arrêter la mer ».

      Les souvenirs de Latyr Fall, adjoint au maire, parlent d'eux-mêmes : « Entre le mur de protection et les vagues, il y avait 2 à 3 km, il y a cinquante ans. Aujourd'hui, les vagues dépassent le mur. »

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