Coronavirus : «Réveillons-nous face à la menace chinoise», appelle Éric Ciotti

Dans une tribune au Parisien-Aujourd’hui en France, le député des Alpes-Maritimes estime que l’épidémie de coronavirus a mis en lumière « l’asservissement économique de la France et de l’Europe à la Chine ».

 « Frappés par une désindustrialisation suicidaire, nous sommes devenus dépendants de Pékin », estime Éric Ciotti.
« Frappés par une désindustrialisation suicidaire, nous sommes devenus dépendants de Pékin », estime Éric Ciotti. LP/Arnaud Journois

    Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes

    « Au-delà d'une crise sanitaire majeure, l'onde de choc planétaire provoquée par l'épidémie chinoise de coronavirus a mis brutalement en lumière l'asservissement économique de la France et de l'Europe à la Chine.

    Alors que le coronavirus a mis à l'arrêt nombre d'usines chinoises, nous sommes confrontés à un défaut de pièces détachées qui conduit à un risque de paralysie de la plupart des chaînes de production : automobile, aéronautique, textile, composants technologiques… Le manque de pièces made in China fragilise beaucoup de nos champions européens, qui ont cru habile de délocaliser leurs chaînes de production en Chine.

    Nous découvrons avec stupeur que la Chine, devenue usine du monde, a relégué l'Europe et la France au rang de simples consommateurs. Frappés par une désindustrialisation suicidaire, nous sommes devenus dépendants de Pékin.

    Plus grave encore, la Chine est devenue la pharmacie de la planète : 60 % du paracétamol et 90 % de la pénicilline y sont produits… A l'arrêt, elle provoque un risque de pénurie de médicaments. La dernière usine européenne de paracétamol a fermé en 2008 à Roussillon, en Isère. Un symbole de notre désindustrialisation au goût amer.

    Une foi aveugle dans la mondialisation et des logiques économiques à court terme, des économies d'échelle, des délocalisations et une désindustrialisation massives ont favorisé cette fragilité extrême et cette dépendance. Nous avons d'ores et déjà subi des pertes d'emplois et d'activité massives aux conséquences tragiques pour beaucoup de nos territoires : 2,5 millions d'emplois industriels perdus en trente ans en France, où le poids de l'industrie dans l'économie a été divisé par deux.

    La perte de la maîtrise de notre outil industriel met en péril notre souveraineté. Désarmés économiquement et dépendants d'une puissance étrangère, nous mettons en péril notre avenir mais aussi notre sécurité.

    Nous nous sommes volontairement placés à la merci de la Chine qui dispose d'une puissance financière menaçant nos fleurons. En témoigne notamment le rachat en 2018 du français Linxens, leader mondial des connecteurs de cartes à puce, par une société émanant de l'université publique de Pékin. Un exemple parmi un océan terrifiant d'acquisitions stratégiques.

    Le constat est grave, nous sommes devenus des proies faciles. Face à de telles menaces, la naïveté est désormais proscrite. Un tel niveau de désindustrialisation et de dépendance relève du suicide.

    Et si demain Pékin décidait de couper l'approvisionnement en médicaments et en pièces détachées à destination de l'Europe, qu'adviendrait-il de nos économies européennes ? Le régime chinois utiliserait-il notre dépendance pour nous imposer ses infrastructures de transport, de nouvelles routes de la soie ou, pis, le règlement de conflits diplomatiques ou territoriaux en sa faveur ?

    Il est grand temps pour l'Europe de réagir, de se réarmer industriellement, de rebâtir une autonomie de production, de ne plus être les spectateurs impuissants de notre servitude. D'ores et déjà, une décision urgente s'impose : ne pas ouvrir les portes européennes de la 5G à la Chine. Nous devons choisir une solution européenne pour garantir notre sécurité et protéger les données des Européens.

    Il est temps d'abandonner les dogmes sur la concurrence et les erreurs stratégiques que nous accumulons depuis trop longtemps. C'est une condition indispensable pour rattraper notre retard technologique et économique dans la révolution industrielle en cours.

    Si nous voulons que l'Europe reste au rang des grandes puissances, il faut qu'elle défende enfin sa souveraineté économique, industrielle et technologique. La France ne peut pas pour autant attendre son seul salut de Bruxelles, l'enjeu est trop grave. Elle doit prendre sans attendre des mesures similaires et se réapproprier son outil industriel. »