SNCF : un apéro, des sanctions... et une grève

Des perturbations sont attendues aujourd'hui sur les lignes J et L du Transilien. Un mouvement lancé par les syndicats pour soutenir des agents qui avaient bu du punch dans un poste d'aiguillage.

Gare SNCF Stade-de-France (Saint-Denis), hier. Une grève a perturbé le trafic de certains RER et Transilien. Un autre mouvement social est annoncé aujourd’hui.
Gare SNCF Stade-de-France (Saint-Denis), hier. Une grève a perturbé le trafic de certains RER et Transilien. Un autre mouvement social est annoncé aujourd’hui. (LP/Mathilde Vieille Grisard.)

    « Ce n'est pas une affaire très reluisante », reconnaît dans un soupir un cadre de la SNCF. Aujourd'hui, les syndicats SUD-Rail, CGT et Unsa de la gare Paris-Saint-Lazare lancent un préavis de grève de 24 heures. La SNCF annonce 1 train sur 2 sur les lignes J et L du Transilien. Des dizaines de milliers de voyageurs sont concernées. Motif de la mobilisation : soutenir deux agents qui passent cet après-midi en conseil de discipline pour avoir bu du punch un dimanche soir de février 2013 à leur poste de travail, un poste d'aiguillage très sensible du réseau Paris-Ouest.

    Une petite fête entre amis qui aurait pu passer inaperçue si une vidéo de la soirée, mise en ligne par le site Internet du « Point » en juin, n'avait fait le buzz, six mois après le drame de Brétigny-sur-Orge. On y voit pendant une minute cinquante plusieurs agents rigolards en train de boire un cocktail rhum-piment-citron dans la salle de repos. Puis l'un d'eux, à son poste d'aiguillage, de reconnaître avoir oublié de « clignoter » un train qui entre sur un quai occupé...

    Après une enquête interne, huit agents ont été sanctionnés. « Ils ont été reçus à plusieurs reprises, explique-t-on à la direction générale de Paris-Saint-Lazare. Deux d'entre eux, qui avaient consommé de l'alcool, ont été mis à pied deux jours et quatre sanctionnés par une mise à pied d'un jour avec sursis pour ne pas avoir alerté leur hiérarchie. Le conseil de discipline se prononcera demain (NDLR : aujourd'hui) sur les cas d'un cadre opérationnel et d'un agent de maîtrise. »

    Des sanctions que la CGT du secteur Saint-Lazare juge disproportionnées. Sollicité, le syndicat renvoie sur un communiqué publié sur Internet dans lequel il dénonce la « répression patronale » et critique vertement « la posture dogmatique de la direction dictée par Pepy ( NDLR : PDG de la SNCF) ». Le texte rappelle aussi que la vidéo tremblotante, qualifiée de « bidonnée », a été tournée par un agent qui a ensuite été congédié par la SNCF et donne sa version des faits.

    En fait de beuverie, tout aurait commencé par une soirée crêpes. « Et, pour la pâte, ils ont emmené du rhum, breuvage qui, une fois passé à la poêle, aura perdu sa capacité enivrante », raconte le syndicat. Là-dessus, un agent aurait voulu préparer un cocktail avec du piment. Une boisson tellement épicée « que personne n'a fini son verre ». Preuve, selon la CGT, que les agents n'étaient pas ivres, ils auraient « parfaitement gér?, trente minutes après que les images eurent été filmées, une situation dangereuse où des voyageurs se sont retrouvés sur les voies. « Mais la direction refuse d'en tenir compte », regrette le syndicat qui évoque « un sentiment d'injustice et d'irrationalit?.

    Du côté de la direction régionale de Paris-Saint-Lazare, on ne souhaite pas entrer dans les détails d'une procédure confidentielle. « On prend cette affaire très au sérieux, souligne un de ses responsables. L'alcool est prohibé sur tous les lieux de travail et a fortiori dans un poste de sécurité. Mais il faut rappeler que ce cas est marginal. Les agents SNCF ont la sécurité toujours présente à l'esprit. »

    Le trafic sur les lignes des RER B et D et des Transilien H et K a été très perturbé hier à la suite d'un autre mouvement social lancé par SUD, la CGT, FO, l'Unsa et la CFDT. Les grévistes dénonçaient les « sanctions lourdes » qui menaçaient six agents. On leur reproche notamment de s'en être pris verbalement à des conducteurs envoyés par la SNCF durant les grèves de juin contre la réforme ferroviaire.