Le Venezuela supprime cinq zéros sur ses nouveaux billets

Le « bolivar souverain » doit être le point de départ d'un « grand changement », assure Nicolas Maduro, alors que le pays est plongé dans une grave crise économique.

Source AFP

Nicolas Maduro a également annoncé que l'État assumerait une partie du « différentiel » de l'augmentation du salaire minimum.

Nicolas Maduro a également annoncé que l'État assumerait une partie du « différentiel » de l'augmentation du salaire minimum.

© YAMIL LAGE / AFP

Temps de lecture : 4 min

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Avec cinq zéros en moins, les nouveaux billets vénézuéliens entrent en vigueur lundi, première étape d'un plan de relance du président Nicolas Maduro, qui tente de faire face à une profonde crise économique qui pousse des millions de personnes à fuir le pays. Lundi, jour férié décrété par le chef de l'État, les rues de la capitale étaient désertes, la plupart des commerces et des administrations fermées et les transports en commun à l'arrêt, a constaté l'Agence France-Presse. Ces derniers jours, les Vénézuéliens ont été pris d'une frénésie d'achats et ont formé de longues files d'attente dans les stations-essence dans l'attente de ce changement.

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Le dirigeant socialiste assure que les nouveaux billets, dont la plus grosse coupure sera de 500 bolivars (50 millions de bolivars actuels, soit environ 7 dollars au marché noir, la référence de facto), seront le point de départ d'un « grand changement ». Mais les analystes et économistes ne jugent pas viable, voire « surréaliste », le programme du gouvernement, qui prévoit aussi une hausse du salaire minimum de plus de 3 300 % (celui-ci étant multiplié par 34), l'assouplissement du rigide contrôle des changes ainsi qu'un nouveau système pour le prix de l'essence. Une conférence de presse du syndicat patronal Fedecamaras était prévue à la mi-journée. Nicolas Maduro a également annoncé que l'État assumerait pendant 90 jours le « différentiel » de l'augmentation du salaire minimum pour toutes « les petites et moyennes industries », sans en préciser les modalités. « C'est un truc de dingue », déclare à l'Agence France-Presse Henkel Garcia, directeur du cabinet Econometrica, alors qu'une hyperinflation attendue à 1 000 000 % fin 2018 sévit au Venezuela.

Lire aussi - Venezuela : au bout du chavisme, la famine

Chute de la production de pétrole

Dans ce pays autrefois très riche, qui détient les plus grandes réserves pétrolières de la planète, le panorama économique s'est considérablement assombri. La production d'or noir, qui apporte 96 % des revenus de l'État, a été divisée par deux en dix ans, passant de 3,2 millions de barils par jour (mbj) en 2008 à 1,4 mbj en juillet. Le déficit s'élève à 20 % du PIB et la dette externe à 150 milliards de dollars, alors que les réserves ne sont que de 9 milliards. « Si tu maintiens le déficit et l'émission désordonnée d'argent [pour tenter d'y faire face], la crise va continuer de s'approfondir », déclare à l'Agence France-Presse l'économiste Jean Paul Leidenz.

Les nouveaux billets arrivent 20 mois à peine après l'introduction progressive par le gouvernement de coupures de plus en plus grosses, de 500, 20 000 puis 100 000 bolivars. Dix ans auparavant, en 2008, l'État vénézuélien avait déjà éliminé trois zéros en lançant le « bolivar fort ». Cette fois-ci, il s'agit du « bolivar souverain ». Ce lancement coïncide avec de graves tensions migratoires dans la région : les Nations unies estiment que 2,3 millions de Vénézuéliens ont fui leur pays à cause de la crise.

Lire aussi : À la frontière colombienne, des Vénézuéliens désenchantés

Tensions migratoires

Le Brésil va envoyer des troupes à sa frontière avec le Venezuela après que des habitants de la ville limitrophe de Pacaraima ont brûlé les camps de fortune de migrants vénézuéliens. À l'origine des tensions : le vol et l'agression samedi d'un commerçant de Pacaraima attribués à des Vénézuéliens. Caracas a appelé le Brésil à « assurer la sécurité des ressortissants et de leurs biens ». En Équateur, des migrants vénézuéliens sont bloqués à la frontière, où on leur demande désormais un passeport, que la plupart n'ont pas, au lieu d'une simple carte d'identité. Le secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA) Luis Almagro a demandé sur Twitter aux pays de la région de « maintenir les portes ouvertes au peuple du Venezuela, victime de la pire crise humanitaire que le continent ait connue ».

Trois des principaux partis d'opposition du Venezuela ont appelé à une grève de 24 heures mardi contre « des mesures désordonnées et irrationnelles, contradictoires et non viables, qui ne feront qu'accroître le chaos et la crise économique que subit le Venezuela ». « C'est un premier pas », a déclaré dimanche l'ex-syndicaliste Andrés Velasquez, dont la formation Causa R participe au mouvement. L'objectif, a-t-il assuré, est d'articuler « les protestations sociales », alors que des manifestations isolées contre les pénuries ou la faillite des services publics se multiplient. La coalition de l'opposition Plateforme de l'unité démocratique (MUD) étant inexistante, le camp anti-Maduro est affaibli et divisé.

Lire aussi : Nicolas Baverez - Amérique latine, le poison Maduro

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Commentaires (3)

  • Djidji-amore

    ... Dont la politique économique, inspirée de celle de Chavez, vaut 5 zeros aujourd'hui.

    En résumé, 5 ans d'illusions et 15 ans de galère.

  • sergio46

    Il a déjà divisé tous les prix par 100 000 !

    Le seul problème pour lui c'est que les prix doublent chaque semaine, mais le petit chauffeur de bus a du mal à comprendre l'économie et les imprimeurs de billets se frottent les mains !

  • Alain (Paris)

    Maduro aurait dû tirer la carte Chance aux élections :
    "Allez directement en prison. Ne passez pas par la case Départ et ne gagnez pas 5000 Bolivars".

    Il devrait imprimer sur ses nouveaux billets de Monopoly les effigies des Héros de la révolution chavézienne :
    Hugo Chávez et Jean-Luc Mélanchon. Ca aurait eu de la gueule.