Macron à Bayrou : "C'est le clapotis de la décadence"

Emmanuel Macron n'est pas tombé dans l'invective après les attaques brutales de François Bayrou contre sa personne. Mais il rafale sec...

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François Bayrou, président du MoDem, répond à la tentative d'OPA d'Emmanuel Macron sur son électorat.
François Bayrou, président du MoDem, répond à la tentative d'OPA d'Emmanuel Macron sur son électorat. © HAMILTON/REA

Temps de lecture : 3 min

François Bayrou n'avait pas mâché ses mots en traitant Emmanuel Macron de « bulle de savon », d'« hologramme » aux mains des « puissances de l'argent », d'homme sans « densité »... Emmanuel Macron a découvert ses propos virulents, mais n'a pas répondu par l'invective. Pour lui, la colère de Bayrou est « normale », confie-t-il au Point.fr. « C'est le clapotis de la décadence. Ils se tiennent les uns les autres, car, au fond, leur intérêt est le même : perpétuer un système qui ne fonctionne plus, quoi qu'il advienne de la France. »

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Sur le papier, les deux hommes avaient pourtant tout pour s'entendre : Bayrou professe depuis des années le rapprochement des hommes de bonne volonté dans un élan vers des réformes structurelles et l'équilibre des comptes. Macron, qui se dit « de gauche », affirme être prêt à travailler avec la « droite progressiste » et n'a cessé, d'abord à l'Élysée, puis à Bercy, de pousser François Hollande à engager des réformes profondes (il voulait aller plus loin sur les retraites) et à rétablir les comptes publics (les socialistes lui reprochaient une vision trop financiariste des problèmes)

Entre Bayrou et Macron, 28 ans d'écart

Certes, il y a des différences, mais sont-elles infranchissables ? Macron se dit favorable à une « dose de proportionnelle » dans le scrutin majoritaire afin que le Parlement soit plus représentatif du pays, quand Bayrou, de son côté, souhaite la proportionnelle précisément pour que les partis de sensibilité différente s'accordent sur un programme de gouvernement.

Le vrai problème, c'est précisément qu'ils pensent souvent la même chose, qu'ils s'adressent au même électorat et que la différence d'âge – 66 ans pour Bayrou, 38 ans pour Macron – crée une concurrence qui, biologiquement, pousse le Béarnais vers la sortie... Charmé par Macron, Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, qui fut le porte-parole de Bayrou en 2007, enfonce le clou : « Bayrou devrait comprendre qu'après trois tentatives infructueuses à la présidentielle, il est peut-être temps d'en tirer des conclusions... Pourquoi craindre le dialogue avec Macron quand on l'a professé aussi longtemps ? »

Sarkozy récupère un bout du centre

Le maire de Pau est également attaqué par l'un des leaders du Nouveau Centre (l'une des composantes de l'UDI). Pour justifier son ralliement à Nicolas Sarkozy, le député Maurice Leroy estime que, depuis le retrait de Jean-Louis Borloo, le centre n'a pas de candidat crédible pour la primaire. Et de cogner sur Bayrou en préambule du meeting de Sarkozy à Vendôme (Loir-et-Cher) : « Le centrisme, ce n'est pas l'égocentrisme. » « Comme l'analyse si justement mon ami Jean-Louis Bourlanges, « François n'a plus les moyens de ses ambitions, car il a détruit son parti en 2007 et son image en 2012 », lâche-t-il en référence à l'appel au vote de Bayrou en faveur de François Hollande.

Dans ce discours, Maurice Leroy peint Nicolas Sarkozy en homme respectueux de la sensibilité centriste et dénonce l'entreprise ancienne d'Alain Juppé de créer l'UMP comme une OPA sur le centre. « Ce n'est pas Nicolas Sarkozy qui ne voulait voir qu'une seule tête ! Ce n'est pas Nicolas Sarkozy qui a voulu imposer l'uniformité et caporaliser la droite et le centre ! » scande-t-il pour mieux dénoncer l'alliance, à ses yeux incongrue, de Juppé et Bayrou.

Le Bayrou-bashing a moins de succès

Lancé dans l'opération « séduction du centre », Sarkozy a renchéri en se posant en rassembleur de la famille de la droite et du centre. Mais qu'on ne s'y méprenne pas, du « vrai centre », « pas celui qui godille entre la gauche et la droite. Pas celui qui a choisi François Hollande comme monsieur Bayrou. » Quelques huées se font entendre à ce moment-là dans la salle Minotaure de Vendôme. Le Bayrou-bashing a un peu moins de succès qu'auparavant... Le temps a passé et les critiques impitoyables du président du MoDem à l'égard de François Hollande ont effacé en partie cette ardoise avec les électeurs de droite.

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Commentaires (54)

  • bobnaro3737

    On ne peut oublier que lorsque Hollande a été élu ce brave Bayrou est allé pleurer pour que Hollande le prenne dans son équipe mais il n'a pas été retenu et depuis ce temps il cherche par tous moyens à y entrer coute que coute, ou à se faire de nouveaux amis mais personne ne veut plus de lui! Il est grand temps qu'il prenne sa retraite !

  • VIVE 2022

    Après un flirt public avec Juppé, il s'est laissé draguer par Fillon. Ce dernier n'a qu'un adversaire pour 2017, c'est Macron. Si Bayrou s'en était rapproché, cela pouvait créer
    le début d'une vraie gêne pour Fillon. Ce vieux routier de la politique politicienne - qui en a vu d'autres - a tout de suite réagi.
    Le''deal" est passé avec Bayrou. Contre des circonscriptions gagnables (jusqu'à de quoi faire un groupe ? 20 députés ?), il pourra se présenter au premier tour pour faire
    baisser Macron, en le privant des centristes affolés par Fillon.
    Au second tour, notre girouette de Pau, s'est engagé à soutenir Fillon, sans l'"approbation" de Sarkozy - qui n'a pas oublié ce''hollandais''- mais avec celle de Mgr
    Barbarin.
    (Cf. Le Canard de mercredi, p. 2)

  • Levosgienadit

    Peut-être, mais ils sont bon tout les deux à mettre dans le même sac !