Harcèlement à l'école - Vallaud-Belkacem : "Inciter les enfants à parler"

La ministre de l'Éducation nationale a proposé de nouvelles mesures contre un fléau qui toucherait près de 400 000 enfants du CE2 au lycée.

Source AFP

La ministre de l'Éducation veut une journée contre le harcèlement à l'école, avec les médias, pour briser le silence.
La ministre de l'Éducation veut une journée contre le harcèlement à l'école, avec les médias, pour briser le silence. © AFP PHOTO / POOL / ETIENNE LAURENT

Temps de lecture : 3 min

Mieux prévenir le harcèlement, mieux prendre en charge les victimes : si une "prise de conscience" a eu lieu à l'école ces dernières années, il faut aller "plus loin" selon Najat Vallaud-Belkacem. "L'école, pendant longtemps, ne l'a peut-être pas pris à la mesure de sa gravité. Depuis trois ans, les choses bougent", a souligné la ministre de l'Éducation nationale vendredi, lors d'un déplacement au collège parisien Pierre-de-Ronsard. La lutte contre le harcèlement scolaire, lancée par la précédente majorité de droite, a été amplifiée par le gouvernement socialiste avec la création d'une délégation chargée de la prévention et de la lutte contre les violences scolaires. Elle est dirigée par le professeur Éric Debarbieux, pour qui il faut "une mobilisation constante" et davantage de personnel spécialisé dans la prise en charge des cas très lourds. "Depuis trois ans, j'ai le sentiment que les choses ont évolué, les familles sont écoutées", même si ce n'est pas parfait, a acquiescé lors d'une table ronde Valérie Marty, présidente de la fédération de parents d'élèves Peep.

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Le ministère estime à 383 830 le nombre de victimes de harcèlement sévère du CE2 au lycée, et à 700 600 si l'on inclut les victimes de harcèlement modéré, tandis que 4,5 % des collégiens subissent du cyberharcèlement. Najat Vallaud-Belkacem adressera un courrier au personnel enseignant pour leur signaler des outils à leur disposition pour travailler autour du harcèlement, que tous ne connaissent pas. Un effort sera fait pour la formation du personnel du primaire, avec un parcours de formation continue dédié sur la plateforme M@gistère.

Mobilisation des médias

Alors que deux numéros verts contre le harcèlement avaient été lancés fin 2013, le ministère souhaite passer à un numéro à quatre chiffres, plus facile à retenir. "Il ne faut pas laisser la loi du silence, la loi du tabou s'installer", a insisté la ministre, mais "inciter les enfants à parler, à sortir de leur souffrance, à ne pas considérer qu'ils sont dans une impasse, surtout quand ce harcèlement passe par Internet et qu'ils ont l'impression d'être seuls face à leur écran". Dans les établissements scolaires, "nous faisons intervenir des spécialistes pour leur expliquer comment mieux se protéger sur Internet, comment parler de ce qu'ils vivent, qu'ils ont des droits, que la loi est de leur côté, que ça ira toujours beaucoup mieux quand ils auront dénoncé les faits de harcèlement que quand ils les taisent".

"Nous sommes dans un établissement dit favorisé, ce qui n'empêche pas que des problèmes de harcèlement existent", a souligné Anne Provost, principale de Pierre-de-Ronsard, où l'association e-enfance a animé un atelier sur le cyberharcèlement. Après avoir projeté une vidéo, l'intervenant demande aux élèves de sixième ce qu'ils en pensent. "C'est horrible", "injuste". Et l'élève harcelé, que ressent-il ? "Il est mal dans sa peau", peut faire "une dépression", voire se suicider, "ses résultats scolaires peuvent baisser". On est "du côté du harceleur si on ne fait rien pour aider la victime", précise l'intervenant, soulignant que la loi peut sévir à partir de 13 ans. "Ce n'est pas parce que j'ai un pseudo et que je suis seul dans ma chambre à 4 heures du matin que je ne suis pas repérable", relève-t-il.

L'association Paris Aide aux victimes a, elle, sensibilisé des tout-petits. "Au début de l'année, le fort, c'est celui qui harcèle. À la fin, c'est celui qui parle" aux adultes, explique la psychologue Carole Damiani.

La ministre voudrait aussi sensibiliser le grand public, car le harcèlement peut se produire dans d'autres lieux où sont réunis les enfants (centres de loisirs, activités sportives, colonies de vacances). Elle proposera aussi aux médias de participer à la mobilisation autour d'une journée ad hoc en 2016. France 2 a programmé une journée spéciale sur le harcèlement le 10 février.

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Commentaires (17)

  • issartier

    Dans leur refus de la minute de silence, les enfants ont parlé, n'en déplaise à NVK.

  • issartier

    Najat Vallaud Belkacem est-elle passible d’islamophobie ? On la dit de confession musulmane et on lui impose en même temps de promouvoir la laïcité dans l’école de la république ?. Or la religion musulmane exclut et condamne violement toute forme de laïcité, comme l’ont bien affirmé les nombreux refus de la minute de silence par les élèves et professeurs musulmans ? Hollande s’est-il posé cette question avant de l’imposer à ce poste, avec cette mission impossible ? Cela rappelle l’urgence de subordonner tout séjour ou naturalisation français à une renonciation écrite de conserver en France, sous peine d’expulsion, toute pratique relevant de la charia et du djihad en contradiction formelle avec les devoirs imposés dans la déclaration des droits de l’homme à tout citoyen résident. Le débat sur l’identité nationale ne peut être repoussé indéfiniment comme mes petits cochons.

  • Aphroditechild

    Ce problème d'harcèlement à l'école existe depuis longtemps et jamais personne dans l'Education Nationale ou même les politiques n''ont dénoncé ces maltraitances, sachant que des suicides et des traumatismes ont eu lieu. Pourquoi maintenant en parler lorsque tant d'enfants ont perdu la vie par laxisme des adultes non concernés par ces tragédies. Comment alors demander à un enfant d'exprimer sa douleur par peur de représailles ou par crainte de ne pas être entendu ? Si l'éducation commence au berceau, elle doit impérativement continuer à l'école et les enseignants ont pour obligation d'être vigilants et de réprimander les perturbateurs qui commencent très jeunes à s'attaquer aux plus faibles, dans l'indifférence totale des élèves et des adultes, obligeant souvent les parents de changer leur enfant d'établissement. Comme quoi, il n'est pas utile d'embaucher des instituteurs et des institutrices non qualifiés en nombre. Il y a des professeurs qui ont le mérite d'avoir de la conscience professionnelle tant en pédagogie qu'en psychologie mais ceux-là, on les compte sur les doigts. Que l'Etat les rémunère à juste titre pour les encourager de continuer cette profession qui ressemble à un véritable sacerdoce et non un moyen de profiter des avantages qu'offre cette profession sans se soucier de sa véritable fonction.