Affaire Penelope Fillon : l'ancien Premier ministre demande à être reçu par le parquet

Son épouse est accusée par "Le Canard enchaîné" d'avoir été rémunérée 500 000 euros pour un emploi fictif. Le parquet a ouvert une enquête.

Source AFP

François Fillon a dénoncé un article misogyne.
François Fillon a dénoncé un article misogyne. © AFP

Temps de lecture : 4 min

La justice va enquêter sur la réalité de l'emploi d'attachée parlementaire de Penelope Fillon, rémunérée par son mari, après des révélations bien embarrassantes pour la campagne du candidat de la droite à la présidentielle, qui dénonce des « boules puantes ». Le parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête après que Le Canard enchaîné a révélé mercredi que Penelope Fillon, sans profession connue, a été la collaboratrice parlementaire de François Fillon, un emploi dont personne n'avait connaissance jusqu'à présent, y compris dans le milieu des collaborateurs Les Républicains.

La newsletter politique

Tous les jeudis à 7h30

Recevez en avant-première les informations et analyses politiques de la rédaction du Point.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

L'hebdomadaire satirique affirme aussi que Penelope Fillon a été salariée, entre mai 2012 et décembre 2013, de La Revue des deux mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière, PDG de Fimalac et ami de François Fillon. Aux dires de l'ancien directeur de cette revue, elle n'aurait signé que « deux ou trois notes de lecture ». Fillon a jugé mercredi soir dans un communiqué que l'enquête ouverte « permettra de faire taire une campagne de calomnie » et il a demandé à être reçu « dans les plus brefs délais » par le PNF.

« Un caillou » dans sa campagne

C'est « un caillou » dans sa campagne, estime un député, et « cela arrive à un mauvais moment, là où il va démarrer sa vraie campagne présidentielle ». Le candidat fait dimanche un grand meeting à Paris destiné à relancer sa campagne. L'enquête, confiée à l'Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales, porte sur des faits présumés de détournement de fonds publics, d'abus de biens sociaux et recel. Penelope Fillon a été rémunérée de 1998 à 2002, lorsque son mari était député de la Sarthe, puis elle est devenue la collaboratrice du suppléant de celui-ci quand il est entré au gouvernement (2002-2007), et de nouveau en 2012.

Lors de la campagne de la primaire de la droite, durant laquelle elle est très peu apparue, Penelope Fillon avait pourtant assuré au quotidien Le Bien public que, « jusqu'à présent (elle) ne s'était jamais impliquée dans la vie politique de (son) mari ». Depuis Bordeaux où, hasard du calendrier, il rencontrait dans la journée son rival à la primaire, Alain Juppé, M. Fillon s'est insurgé : « Je vois que la séquence des boules puantes est ouverte. (...) Je voudrais simplement dire que je suis scandalisé par le mépris et par la misogynie de cet article. » « Alors, parce que c'est mon épouse, elle n'aurait pas le droit de travailler ? Imaginez un seul instant qu'un homme politique dise qu'une femme, comme le dit cet article, ne sait faire que des confitures. Toutes les féministes hurleraient ! » a estimé le député de Paris.

« Dans l'ombre » ?

Dès l'information révélée mardi, l'un des porte-parole du candidat LR à la présidentielle, Thierry Solère, avait confirmé que Penelope Fillon avait travaillé pour son mari, mais « dans l'ombre, car ce n'est pas son style de se mettre en avant ». Le fait d'embaucher des membres de sa famille comme collaborateurs n'est pas illégal, à condition que ce ne soit pas un emploi fictif. C'est le cas de 10 à 15 % des 900 parlementaires français, selon des chiffres obtenus pour la première fois en juillet 2014 grâce aux déclarations d'intérêts des parlementaires.

Alors Penelope Fillon a-t-elle réellement travaillé ? Cité par Le Canard enchaîné, une collaboratrice de François Fillon de l'époque dit « n'avoir jamais travaillé avec elle ». Président de l'Assemblée de 2007 à 2012, et secrétaire général de LR, Bernard Accoyer assure « l'avoir souvent vue participer à ses travaux. Je l'ai vue dans de multiples circonstances, y compris à l'Assemblée nationale. » Patron des députés PS, Olivier Fauren estime que « ce n'est pas la même chose de l'avoir croisée comme femme de à l'Assemblée ou de savoir si elle a effectué un travail effectif ».

Menaces et pressions

« Elle a travaillé, paraît-il, pendant huit ans. Ça veut dire des milliers de gens rencontrés, ça veut dire des milliers de mails échangés, ça veut dire des milliers de courriers qui peuvent attester de sa présence auprès de son mari comme collaboratrice et non pas simplement comme épouse », a-t-il ajouté. L'ex-journaliste Christine Kelly, auteur d'une biographie de François Fillon (2007), qui a confié au Canard n'avoir « jamais entendu dire que Mme Fillon travaillait », a, elle, affirmé mercredi sur Twitter avoir reçu des « menaces » et des « pressions » par téléphone d'une « équipe politique » qu'elle n'a pas nommée.

Un collaborateur de droite, qui travaille de longue date à l'Assemblée, que « beaucoup de gens tombent des nues » parce que François Fillon s'était construit avec une image « d'homme intègre ».Le « penelopegate » a enflammé Twitter – plus de 100 000 tweets sur le sujet depuis mardi soir – et parmi eux, l'un signé... Edward Snowden.

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaires (150)

  • dojom

    Parce que c'est le parti des donneurs de leçons à la terre entière !

  • louved'arverne

    Si Fillon n'a déclaré personne d'autre que sa femme comme assistant, c'est qu'elle assumait cette fonction pour laquelle elle était bien payée. Fillon avait le droit de pratiquer ainsi et il l'a fait comme des dizaines d'autres députés. Cette histoire va suscité des jalousies et faire du tort à un candidat compétant, sincère, et honnête. Tout ce qu'on peut lui reprocher ; c'est d'avoir fait ce dont il avait le droit. Ce droit est peut-être excessif, mais pratique et ceux qui l'exercent ne sont pas blamables. Je voudrais bien que ces accusations ridicules ne fasse pas tort à Fillon qui continue à m'inspirer confiance.

  • patachon91

    C'est que quelqu'un a tuyauté le Canard Enchainé avec une telle précision sans que personne ne se demande si, par hasard, ça ne viendrait pas de son "propre" camp où les réseaux policiers ont conservé beaucoup de vigueur et où une ancienne Ministre de la Justice lui a voué récemment et publiquement sa haine vengeresse !

    Non, le Canard ne remonte pas plus loin que les infos qui lui ont été obligeamment mises dans le bec...