Intempéries - Ciotti : "Le phénomène relevait à l'évidence d'une alerte rouge"

Le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes revient pour "Le Point" sur la catastrophe qui a endeuillé sa région ce week-end. Interview.

Propos recueillis par

24 heures après le drame, Éric Ciotti revient sur les circonstances de la catastrophe qui a endeuillé les Alpes-Maritimes.
24 heures après le drame, Éric Ciotti revient sur les circonstances de la catastrophe qui a endeuillé les Alpes-Maritimes. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes a passé le week-end le plus pénible de sa carrière politique. Dès samedi soir, il a sillonné les routes de l'ouest de son département pour évaluer l'ampleur des dégâts, mobiliser et coordonner les secours, rasséréner les centaines de familles qui ont dû être relogées. En milieu de journée dimanche, Éric Ciotti a accompagné François Hollande et Bernard Cazeneuve, qui, pendant 5 heures, se sont rendus sur les lieux du drame. Vingt-quatre heures après celui-ci, il revient sur les circonstances de la catastrophe qui endeuille la France et tire les premières leçons de cette nuit dramatique.

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Le Point.fr : Que s'est-il passé ?

Éric Ciotti : Nous avons été victimes d'un phénomène météorologique très exceptionnel, inédit ces cinquante dernières années. Il est tombé sur la ville de Biot 200 mm d'eau en à peine plus d'une heure. Du jamais-vu ! Ces précipitations n'ont concerné qu'un petit périmètre : un triangle d'une quinzaine de kilomètres de côté entre Antibes, Cannes et Mandelieu. À l'intérieur de ce périmètre, des cours d'eau comme la Brague et le Riou sont sortis soudainement et irrésistiblement de leur lit. À Cannes, ce sont des rues qui sont devenues de véritables torrents.

Pourquoi Météo-France n'avait-elle pas alerté les populations et les collectivités locales de la probabilité d'un tel phénomène ?

Je pose la question, car le phénomène relevait à l'évidence d'une alerte rouge. Était-il prévisible ? Je n'en sais rien, je ne suis pas scientifique. Nous recevons tous les deux ou trois jours des alertes orange qui finissent par ne plus être prises au sérieux par les populations. Bien entendu le risque zéro n'existe pas, mais il y a peut-être des procédures et des paliers à revoir. Mais l'heure n'est pas encore à la polémique...

Concrètement, que se serait-il passé si le département avait été placé en alerte rouge ?

La préfecture, la sécurité civile et les collectivités locales auraient pris beaucoup de précautions. Samedi soir, on a laissé se dérouler un match de foot (Nice-Nantes) et un concert de Johnny Hallyday au Nikaïa. L'un et l'autre ont dû être interrompus dans la soirée. Ce qui a jeté des milliers de personnes sur les routes. Heureusement que Nice n'était pas l'épicentre du déluge, sinon nous aurions constaté un bilan encore plus dramatique !

Les témoins de la catastrophe louent l'organisation des secours. Quels moyens ont été mis en œuvre ?

La mobilisation a été parfaite. Dans la nuit de samedi à dimanche, les pompiers ont reçu plusieurs milliers d'appels et effectué 105 hélitreuillages ! Dimanche à 17 heures, ils totalisaient 753 interventions. Quatre cent cinquante pompiers des Alpes-Maritimes ont été mobilisés, et 80 autres provenant des départements voisins.

Est-il vrai que des pillages ont eu lieu à Cannes ?

Malheureusement, oui. Des véhicules, un opticien et un magasin Lidl ont été visités et volés. Les gendarmes ont procédé à des interpellations. Cette nuit, les forces de l'ordre ont été envoyées à Mandelieu pour prévenir ce genre de dérapages. Inutile de préciser que l'on se passerait bien de ces incivilités et de ces actes de voyous.

Et maintenant, que va-t-il se passer ?

Les communes concernées seront classées en situation de catastrophe naturelle. Cette procédure est usuelle, quasi automatique et prendra quelques semaines. J'ai convoqué ce jeudi une réunion de l'assemblée départementale afin que nous votions une aide d'urgence de 5 millions d'euros. Le président de la République a promis une solidarité nationale financière. Je l'espère. La dernière fois que nous avons été touchés, c'était à Menton en 2014. Et le département et la commune n'ont rien reçu...

Le bilan peut-il encore évoluer ?

Dieu merci il a fait beau et chaud dimanche. Les secours ont pu rétablir les principaux axes routiers et se rendre sur tous les lieux touchés par les inondations. Néanmoins, le bilan peut s'aggraver. Il existe une incertitude sur les disparus. J'ai craint un instant qu'il y ait in fine plus de victimes. Il n'en reste pas moins que cette catastrophe marquera durablement notre département.

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Commentaires (36)

  • mauki

    – le phénomène relevait à l'évidence d'une alerte rouge. Était-il prévisible ? Je n'en sais rien, je ne suis pas scientifique –

    Voila, tout est dit dans cet extrait, il ne sait rien, mais il a un avis !

    Les informations que nous entendons donnent une explication :
    trop de constructions, le réseau d’écoulement n'est pas assez entretenu (air connu), les cours d'eau ont été canalisés, etc. , du grand classique comme à chaque fois que de tels événements se produisent.
    Qu’attend-on pour regarder s'il n'y a pas d'autres cas similaires en France ? Que cela recommence ?
    Les pleurnicheries de ses messieurs sont hélas classiques.

    Une alerte par sirènes serait-il nécessaire ? Encore faudra-t-il qu'il soit compris !

  • papounet04

    La typologie du phénomène météo a surpris tout le monde, jamais un orage aussi violent pendant 2 heures. De toute façon, déclencher une alerte rouge, au plus tôt vers 19 h 30 n'aurait rien changer. Si on avait su, elle aurait pu l'être vers 16 heure, un samedi, qui l'aurait entendue ? Que pense faire les candidats aux régionales pour que cela n'arrive plu ?

  • Abrraccourcix

    Les météorologistes ont été surpris par l'immobilité pendant une heure et demie du phénomène. Une alerte rouge n'aurait pas changé grand chose. Il n'y a pas de probabilité nulle en la matière.