Najat Vallaud-Belkacem : "Mon objectif, c'est de voir la prostitution disparaître"

La ministre des Droits des femmes souhaite organiser "une conférence de consensus" sur le sujet.

Source AFP

Najat Vallaud-Belkacem.
Najat Vallaud-Belkacem. © AFP

Temps de lecture : 3 min

La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, relance dans Le Journal du dimanche le débat sur le statut pénal de la prostitution qui, selon elle, doit "disparaître", appelant le gouvernement à "se donner les moyens" de l'abolir. "La question n'est pas de savoir si nous voulons abolir la prostitution - la réponse est oui -, mais de nous donner les moyens de le faire", déclare la ministre. "Mon objectif, comme celui du PS, c'est de voir la prostitution disparaître."

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Actuellement, recourir à une personne prostituée n'est pas un délit en France. Depuis 2003, la loi française punit le racolage passif, c'est-à-dire celui exercé par la personne prostituée sur la voie publique, de deux mois d'emprisonnement et de 3 750 euros d'amende. Ce texte est dans les faits peu appliqué et ne prévoit rien contre les clients. D'après une récente enquête du Mouvement du nid, un homme sur huit a déjà eu recours à une prestation sexuelle tarifée.

Durant la campagne, François Hollande avait dit son intention de supprimer ce délit de racolage passif qui "conduit à repousser la prostitution dans des zones peu accessibles pour les associations". Quant à la pénalisation des clients, "la réflexion doit être ouverte", avait-il ajouté, expliquant que "disposer librement du corps d'une autre personne" contre paiement était "dans les textes internationaux (...) une atteinte aux droits humains".

L'abolitionnisme en débat

Selon diverses estimations, environ 20 000 personnes se prostituent en France, dont 70 et 80 % de femmes et 80 % d'étrangers (Balkans, Afrique, Amérique du Sud, Chine). Plusieurs associations pensent toutefois que ce chiffre est sous-évalué. Cette semaine, le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, a déclaré que le nombre de personnes faisant commerce de leur corps avait doublé en 2011 dans le bois de Boulogne, haut lieu de la prostitution parisienne. Cette augmentation s'explique notamment par l'afflux de jeunes femmes roumaines ou bulgares, exploitées par des réseaux de proxénétisme, selon les associations.

"Je ne suis pas naïve, je sais que ce sera un chantier de long terme", précise Najat Vallaud-Belkacem en expliquant que la "position abolitionniste" du PS est "le fruit d'une réflexion tirant les leçons des insuffisances des dispositifs actuels".

L'abolitionnisme divise les associations et se heurte à l'opposition des prostitué(e)s indépendants, qui manifestent régulièrement à Paris, jugeant que cela mettrait en danger leur subsistance et leur sécurité en les poussant vers plus de clandestinité. Mais, selon Guy Geoffroy, le député UMP à l'origine d'une résolution parlementaire de 2011 préconisant de pénaliser les clients, "neuf personnes prostituées sur dix sont victimes de la traite des êtres humains". Rappelant le vote de la résolution, Mme Vallaud-Belkacem assure dans le JDD que le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, et elle "ne resteront pas inactifs sur cette question". "Pour tirer toutes les conséquences de la résolution de l'Assemblée nationale, nous organiserons une conférence de consensus", ajoute-t-elle sans plus de précision.

La pénalisation des clients sur le modèle de ce qui se pratique en Suède depuis 1999 avait également été défendue l'an passé par Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, pour qui "il n'existe pas de prostitution libre, choisie ou consentie".


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Commentaires (280)

  • elisha

    "Les politiques de prohibition – de l’alcool, de la drogue comme de la prostitution – n’ont jamais eu d’autres conséquences que de nourrir le crime organisé aux dépens du reste de la société. ".

  • danger

    Cette notion intervient à tous les niveaux et pas seulement pour la prostitution et ce genre de notion ne se décrète pas au parlement. Quand on paye une personne homme ou femme pour des salaires de misère en échange de leur liberté presque complète sauf congés payés, on touche aussi à la dignité humaine etc. J'ai lu une interview d'une femme de haut niveau qui se prostituait et qui justement expliquait qu'elle se sentait bien mieux et justement plus respectée et digne avec son niveau de vie élevé et son argent que caissière dans un super marché. Alors difficile de parler de dignité humaine dans un monde où tout se mesure en argent et à en croire cette femme, c'est le cas.

  • Toutis

    Tout à fait d'accord avec vous. On voudrait nous faire croire que se prostituer est une liberté fondamentale. Quant à ceux qui parlent de taxer les maisons closes, donc la misère humaine... No comment.