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Interview

Pierre Gattaz : «Fillon, c’est du Schröder pas du Thatcher»

INTERVIEW - Le président du Medef réagit pour « Les Echos » à la victoire de François Fillon à la primaire de la droite et du centre. Il salue « son pragmatisme et son réformisme ».

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Pierre Gattaz, président du Medef.

Par Claire BAUCHART (Journaliste), Leïla de Comarmond, Étienne Lefebvre

Publié le 28 nov. 2016 à 17:33

François Fillon était le candidat préféré de beaucoup de chefs d’entreprises pour son programme de réformes. Comment accueillez-vous sa désignation à une large majorité ?

François Fillon a posé dès le départ un double objectif très intéressant : viser le plein-emploi à cinq ans et devenir la première puissance économique européenne à dix ans. Faisant le constat que la France va mal, il met l’entreprise au cœur de son plan de redressement. Je salue son pragmatisme et son réformisme. L’entreprise n’est ni de gauche ni de droite, le Medef ne fait pas de politique, j’aimerais que tous les candidats à l’élection présidentielle partagent les mêmes objectifs.

Nicolas Sarkozy aussi avait annoncé le plein-emploi sous cinq ans en 2007…

Le projet de François Fillon est plus détaillé, il l’a travaillé depuis trois ans, en rencontrant et en écoutant beaucoup de chefs d’entreprise, des PME aux grands groupes. A l’arrivée, son programme comporte les quatre blocs de réformes indispensables pour recréer de l’emploi : la baisse des prélèvements, le déverrouillage du marché du travail, la simplification de l’environnement réglementaire et la formation.

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Encore une fois, ce sont des réformes que nous espérons voir émerger de tous les bords politiques. La clef, c’est d’avoir la confiance des chefs d’entreprise. Sans elle, le prochain président de la République, quel qu’il soit, ne pourra pas redresser le pays. Et pour cela, il faut dire ce que l’on va faire et faire ce que l’on a dit.

Craignez-vous que le projet de François Fillon soit édulcoré d’ici à l’élection, pour élargir son audience ?

Son programme économique permettrait de recréer de l’emploi. Maintenant, il faut expliquer, expliquer et encore expliquer pour que les réformes soient comprises de tous et aient un sens. Mais il ne faut surtout pas revoir les ambitions à la baisse. Il faut faire la pédagogie que François Hollande n’a pas su faire avant son élection en 2012, montrer que c’est gagnant-gagnant et que c’est réaliste.

Un exemple : les dépenses publiques augmentent actuellement de 20 milliards par an, si on les stabilise, on arrive aux 100 milliards d’euros d’économies sans douleur et sans larmes en 5 ans. On peut aussi réduire le nombre de fonctionnaires en ne remplaçant pas tous les départs, en utilisant le numérique et en ayant enfin une vraie gestion des ressources humaines.

Le programme de Fillon, c’est Thatcher ?

Je dirais plutôt Schröder.

Certains économistes le jugent plus patronal que libéral…

Il est entrepreneurial. Il remet l’entreprise au centre du village.

Ce programme passe notamment par un allègement des charges de 40 milliards. Est-ce suffisant ?

Cela donnerait un vrai coup de fouet à l’économie française, même si l’écart avec les entreprises allemandes est plutôt de 90 milliards. On ne peut pas investir, se moderniser, embaucher sans améliorer les marges de nos entreprises.

Etes-vous favorable à la fin de toute durée légale du travail ?

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Nous devons faire un marketing de la France. Nous nous inscrivons dans un monde ouvert, de compétition. Dans ce cadre, il faut en finir avec les 35 heures. N’en parlons plus ! Et la bonne façon de ne plus en parler consiste à laisser la liberté à chaque entreprise de négocier avec leurs salariés la durée du travail appropriée.

Approuvez-vous la fin du monopole syndical au premier tour des élections professionnelles ?

Je suis favorable à un dialogue social de terrain, ce qui suppose des élus représentatifs. Le monopole syndical permet-il cela ? La question doit être posée dans le cadre de l’élection présidentielle. La question du financement public des organisations syndicales et patronales se pose aussi pour qu’elles se développent grâce à leurs cotisations et non aux subventions.

François Fillon semble vouloir faire fi du dialogue social…

Dans les entreprises, il marche remarquablement et la démarche de François Fillon va dans le sens de négociations au plus près du terrain. Au niveau national, le dialogue social est malheureusement souvent politisé. FO et la CGT prennent souvent des postures politiques ou idéologiques plus qu’économiques.

On vous entend moins parler d’Emmanuel Macron. Est-il passé de mode ?

Il faut qu’il présente son programme. Là, on était dans la période de la primaire de la droite.

Que pensez-vous de la crise qui couve au sommet de l’Etat entre Manuel Valls et François Hollande?

Il reste cinq mois avant l’élection présidentielle, la France doit être pilotée. Il faut que cette crise se dénoue très rapidement.

Avant son élection, on considérait le programme économique de Donald Trump dangereux. Aujourd’hui, les entreprises américaines paraissent rassurées…

Je ne suis pas certain que les entreprises américaines soient rassurées. Donald Trump entend faire une relance keynésienne, via un endettement massif, et prendre des mesures protectionnistes. Cela présente de gros risques pour l’Europe, où les taux d’intérêt pourraient aussi augmenter. Cette menace doit nous inciter à réformer plus rapidement.

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