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L’amende de trop pour Deutsche Bank  ?

Deutsche Bank n’est qu’au début des négociations avec la justice américaine, mais la facture risque d’être salée et de compliquer sérieusement la tâche de son patron, John Cryan.

Par Thibaut Madelin

Publié le 18 sept. 2016 à 10:11

Deutsche Bank ne payera pas 14 milliards de dollars pour solder le litige des « subprimes ». Il n’est qu’au début des négociations avec la justice américaine et peut compter sur une amende moins sévère . Mais la facture risque d’être salée et de compliquer sérieusement la tâche de son patron, John Cryan. « Si, à la fin des négociations, l’amende finale devait ne serait-ce que s’approcher de cette somme, cela pourrait briser la nuque de Deutsche Bank », juge la « Frankfurter Allgemeine Zeitung ». « Qui sauve la Deutsche Bank  ? », s’interroge de son côté le « Handelsblatt », se demandant si l’Etat sera contraint d’intervenir.

Le groupe, qui a affiché une perte historique l’an dernier, a mis de côté 5,5 milliards d’euros de provisions au titre des milliers de litiges en cours. Il ne précise pas quel montant est réservé pour le scandale des « subprimes » mais les analystes l’estiment proche de la moitié. Vendredi, ils ont refait leurs calculs. Le titre a dévissé de 8,6 %. Leur inquiétude : Deutsche Bank aura-t-il les moyens de payer lui-même la future amende ou devra-t-il faire appel à ses actionnaires ? A Francfort, on juge être capable de faire face à une pénalité d’environ 5 milliards sans avoir besoin d’une augmentation de capital.

Les exigences du régulateur pèseront lourd

Le régulateur sera-t-il d'acord ? Deutsche Bank est arrivé en queue de peloton des tests de résistance publiés en juillet par l’Agence bancaire européenne (ABE). Celle-ci n’a pas identifié de « besoin aigu » de capitaux propres, mais la Banque centrale européenne, qui surveille les banques de la zone euro, doit émettre sa propre recommandation d’ici la fin de l’année. Dans le cadre du processus de contrôle et d’évaluation prudentiels (SREP), celle-ci fait une ébauche que les instituts peuvent contester. Ce processus a lieu en ce moment. Si le régulateur prend son rôle au sérieux, il tiendra compte de la demande de la justice américaine.

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En août, plusieurs instituts de recherche, dont le ZEW de Mannheim, avaient calculé que, si le régulateur européen appliquait la méthode de la Réserve fédérale américaine, Deutsche Bank aurait besoin de 19 milliards d’euros de capitaux supplémentaires (et Société Générale, 13 milliards). Le groupe rejette cette analyse.

Les scénarios et les rumeurs se multiplient

L’ancien pilier de la Deutschland AG veut mettre derrière lui d’ici la fin de l’année ses principaux litiges, qui comprennent aussi une affaire de blanchiment d’argent (de clients) en Russie et pourrait également lui coûter cher. Les analystes estiment qu’une fois ces questions clarifiées, Deutsche Bank pourrait vouloir faire appel au marché.

Le groupe a levé 8,5 milliards d’euros en 2014, ce qui représente un montant inférieur aux provisions de 12 milliards qu’il a mis de côté depuis 2011 pour couvrir les affaires dans lesquelles il a trempé. Depuis un an, il a perdu la moitié de sa valeur et ne vaut plus que 16,5 milliards. Quels investisseurs lui feront confiance ? D’où les scénarios alternatifs qui circulent dans la presse : fusion avec Commerzbank, que Deutsche Bank reconnaît avoir étudié , scission (et non plus cession) de Postbank, vente de son activité de gestion d’actifs, nouveau programme de réduction des coûts... Voir un sauvetage par l’Etat. Autant dire un cauchemar pour Angela Merkel.

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