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Couacs franco-russes sur la fin du différend des Mistral

François Hollande renvoie aux prochaines semaines ­l’annonce de la clôture du dossier des Mistral.

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L’un des Mistral destinés à la marine russe, sur le chantier naval de Saint-Nazaire.

Par Massimo Prandi

Publié le 2 août 2015 à 16:20

L’annonce de l’accord entre la France et la Russie sur le dédommagement par Paris de la non-livraison des navires Mistral n’est pas imminente. En déplacement dans le Lot, le président français, François Hollande, a déclaré que, « pour l’instant », il n’y avait « pas d’accord ». « Des discussions sont engagées. Je prendrai la décision dans les prochaines semaines », a-t-il ajouté.

Après huit mois de négociations, menées par le vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine, et le secrétaire général français pour la défense, Louis Gautier, « un accord a été trouvé, mais des détails doivent être affinés », a précisé à l’AFP une source française proche du dossier. Des propos qui contredisent ceux du conseiller pour la coopération militaire et technique du président russe, Vladimir Kojine. Ce dernier avait assuré jeudi soir à l’agence de presse russe Novosti que « les négociations sont déjà entièrement achevées, tout a déjà été décidé – et les délais, et la somme ».

Un premier point épineux est celui de la somme que la France doit verser. D’après des sources qualifiées citées par le quotidien économique russe « Kommersant », Paris devra rembourser à la Russie 1,16 milliard d’euros. Une somme qui correspond, aux dires de Moscou, aux dépenses de formation des 400 marins qui devaient constituer l’équipage, à la construction des infrastructures à Vladivostok (Extrême-Orient russe), où devait être basé le premier Mistral, et à la fabrication de quatre hélicoptères de combat. De son côté, Paris avait proposé de restituer à la Russie l’intégralité des 785 millions d’euros d’avances déjà perçues de Moscou.

Trouver un repreneur

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Mais, plus que le montant de la transaction, c’est la question du devenir des deux navires qui est importante.  La marine française en a trois en service, elle n’en a pas besoin d’autres, et encore moins les moyens financiers. La solution, c’est de les revendre, et vite, quitte à les brader. Plus ils attendront à quai, moins bien ils vieilliront, assure un bon connaisseur du dossier. L’entretien courant pour les maintenir à flot coûte entre 1 et 2 millions d’euros par mois à DCNS, qui ne se fait pas d’illusion : l’Etat ne lui remboursera pas tout… Mais pour les revendre, encore faut-il trouver un repreneur. Le Canada est cité régulièrement, mais Toronto ne passe pas pour être un pays très simple en matière d’achat d’armement. L’Inde aussi est citée et quelques autres marines, attirées par l’aubaine, ont sûrement manifesté un intérêt.

Dernière question, et pas des moindres : qui supportera les frais de « dérussification » des navires ? Les BPC (bâtiments de projection et de commandement) achetés par Moscou sont taillés pour le grand froid avec notamment un pont chauffant. Parfait pour croiser dans la Baltique, mais un peu luxueux dans l’océan Indien… Quid de la propulsion ? Des tracteurs pour hélicoptères ? Ou des interfaces pour l’électronique de bord ? Et puis il y a toutes ces étiquettes en russe qu’il faudra bien changer !

Bref, selon l’ampleur des travaux à réaliser, la facture peut vite s’envoler et les prospects savent que Paris est pressé de vendre. Dans ces ­conditions pas vraiment idéales pour une négociation, le contribuable français a de grandes chances d’en régler une partie…

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