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EDF interpelle l'Etat sur son équation financière

¤ L'Etat devrait donner un coup de pouce à l'électricien public en prenant le solde de son dividende en titres. ¤ EDF plaide pour une nouvelle régulation de ses investissements de long terme.

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Par Véronique Le Billon

Publié le 16 févr. 2016 à 01:01

EDF tente d'améliorer son équation financière. Lundi, le conseil d'administration de l'électricien public a validé les comptes 2015, mais « c'est une des dernières années où on peut être en ligne avec les attentes », estime un administrateur. Car, depuis l'adoption en conseil, début décembre, du budget 2016 et du plan à moyen terme 2017-2019 du groupe, la baisse des prix de marché a encore dégradé les perspectives de l'électricien public, qui met désormais la pression sur l'Etat, son premier actionnaires (84,9 %).

A court terme, l'Etat devrait donner un coup de pouce en prenant le solde de son dividende en titres et non en « cash ». En prenant l'acompte sous forme d'actions nouvelles en novembre, l'Etat a déjà procédé à une forme d'augmentation de capital et laissé 900 millions d'euros en cash dans l'entreprise. Mais, désormais, l'enjeu est plus vaste. « Le sujet, c'est comment va vivre EDF avec un prix à 30 euros par mégawattheure qui rebrasse les cartes complètement », explique-t-on au sein d'EDF. La semaine dernière, Moody's a d'ailleurs placé la notation d'EDF sous surveillance négative, compte tenu de l'évolution des prix de marché. « Plutôt que de traiter les sujets les uns après les autres, Jean-Bernard Lévy organise une solution globale sur le financement », observe une source interne.

Le mois dernier, EDF a différé la décision finale d'investissement du projet à 18 milliards de livres de construction des deux EPR en Grande-Bretagne, notamment pour sécuriser son plan de financement. Car le projet, estime-t-on en interne, va modifier en profondeur le profil de risque d'EDF et donc son « business model ». Pour en boucler le financement, EDF plaide depuis quelques semaines auprès de l'Etat pour que l'engagement d'Areva, qui était de prendre 10 % du projet Hinkley Point, soit respecté d'une manière ou d'une autre.

Augmentation de capital

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Mais, pour assurer son financement de long terme, EDF s'attelle aussi à convaincre l'Etat de travailler sur une nouvelle régulation. L'électricien, qui plaide pour l'instauration d'un prix plancher du CO2, veut surtout ouvrir le débat sur la sécurisation des revenus pour les investissements nucléaires de long terme, à l'instar de ce qu'a fait la Grande-Bretagne pour le nucléaire. « On ne finance pas un grand carénage [le programme de maintenance lourde du parc français, NDLR] avec un prix de marché à 26 euros par mégawattheure », indique-t-on au sein du groupe. Un débat qu'appelle aussi de ses voeux l'Autorité de la concurrence (lire ci-dessous). EDF entend, enfin, que l'Etat enclenche la cession partielle de RTE, la filiale autonome chargée du réseau de transport d'électricité, et qui fait partie de son plan de cession. Selon « Le Figaro », à défaut de solutions permettant de respecter les engagements financiers pris vis-à-vis des marchés (un cash-flow positif en 2018 après dividende), EDF aurait besoin d'une augmentation de capital de 5 milliards.

La fixation des tarifs de l'électricité, quant à elle, est désormais moins à la main du politique. Depuis le début de l'année, c'est la Commission de régulation de l'énergie qui transmet au ministre de l'Energie le résultat de ses calculs, sans que celui-ci ne puisse plus, en théorie, interférer. « Cela a pour vocation de dépolitiser l'évolution des tarifs », a récemment rappelé son président, Philippe de Ladoucette.

Pour refléter sa stratégie, EDF plaide aussi depuis plusieurs années pour allonger la durée d'amortissement de 40 à 50 ans de ses 34 réacteurs 900 mégawatts, les plus anciens. Mais la mesure n'a pas été présentée en conseil. « On n'est pas dans une séquence politique qui permette une décision claire », estime un connaisseur du dossier.

Véronique Le Billon

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