Areva sécurise dans la douleur son financement pour l’année 2016
Le groupe a reporté à vendredi la publication de ses comptes 2015, après avoir bouclé un accord bancaire. En raison des discussions avec TVO sur l’EPR finlandais, les pertes 2015 devraient être plus lourdes que prévu.
En reportant de vingt-quatre heures, jeudi matin, la publication de ses comptes 2015, Areva a ajouté un nouvel épisode à la crise qui secoue le groupe nucléaire depuis près de deux ans. Le motif : la négociation in extremis d’un crédit-relais de 1,1 milliard d’euros pour éviter le défaut de paiement de l’équipementier, en attendant la recapitalisation de 5 milliards d’euros annoncée par l’Etat en janvier.
Depuis plusieurs semaines, Areva négociait avec ses banquiers le refinancement de la dette obligataire de 1,2 milliard d’euros arrivant à échéance cette année. Mais mardi soir, à la veille du conseil d’administration devant clôturer les comptes 2015, l’Etat, actionnaire à 87 % d’Areva, a jugé que les conditions de financement étaient trop favorables aux banquiers. Tandis que les banques justifiaient leur rémunération par la notation d’Areva (B+ selon S&P), l’Etat faisait valoir son engagement à recapitaliser Areva. Les discussions ne se sont achevées que jeudi matin, trop tard pour arrêter les comptes, les administrateurs devant s’assurer de la continuité d’exploitation du groupe cette année et donc avoir en main les engagements des banques.
Perte 2015 creusée par les discussions avec TVO
Le prêt-relais, qui va alourdir le coût moyen de la dette d’Areva, doit permettre au groupe de faire face à ses échéances jusqu’à fin janvier 2017 (les banques ont refusé de repousser le remboursement à juin), date à laquelle l’Etat devra, s’il veut éviter une nouvelle crise, avoir bouclé l’augmentation de capital. Reste à convaincre la Commission européenne, à qui sera prochainement notifiée l’opération. Les discussions avec Bruxelles ont commencé -Emmanuel Macron a déjà évoqué le dossier avec la commissaire à la Concurrence, et un représentant de l’Agence des participations de l’Etat était hier à Bruxelles. Pour convaincre qu’il agit en investisseur avisé, l’Etat va chercher avec Areva des investisseurs susceptibles de participer à la recapitalisation. Mais la conjoncture très dégradée du secteur va rendre la partie difficile.
A nouveau réuni jeudi en fin de journée, le conseil d’administration d’Areva devait cette fois arrêter les comptes. Selon plusieurs sources, la perte nette 2015 sera au final plus lourde qu’anticipé ces derniers jours, en raison, paradoxalement, de l’avancée des discussions avec le finlandais TVO pour venir à bout du contentieux qui les oppose sur la construction de l’EPR à Olkiluoto. Au-delà des nouvelles pertes à terminaison prévues, Areva devrait encore provisionner plusieurs centaines de millions d’euros au titre du règlement amiable espéré avec TVO et de ses incidences pour le rachat de la branche Réacteurs, Areva NP, par EDF.
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