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La chute du pétrole accroît les difficultés de l’économie russe

Inflation et récession menacent une Russie frappée par les sanctions occidentales et le repli des prix du pétrole.Le rouble a atteint un nouveau plancher historique hier.

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Le premier ministre russe, Dmitry Medvedev et son homologue chinois, Li Keqiang se congratulent à Moscou lors de la signature d’un important accord gazier censé illustrer le basculement vers la Chine des intérêts russes, après il est vrai dix ans de négociations difficiles

Par Yves Bourdillon

Publié le 13 oct. 2014 à 18:43

L’économie russe traverse vraiment une mauvaise passe. Pas seulement à cause de la crise ukrainienne, qui a conduit les pays occidentaux à couper les grandes entreprises russes des marchés financiers. C’est surtout le repli des cours de l’or noir qui affecte l’économie En raison de la faible demande internationale pour cause de ralentissement des pays émergents et de la zone euro, le prix du baril de brent recule régulièrement, pour tomber hier à 88 dollars, au plus bas depuis avril 2012, contre 106 dollars au printemps. Un désastre pour la Russie qui tire du pétrole le tiers de ses revenus à l’exportation. Ce qu’a résumé récemment le ministre russe des finances, Anton Siluanov, « les risques politiques ont amputé de 2 % nos prévisions de croissance, mais la chute des cours du pétrole va affecter notre balance des paiements ».

Conséquence de cette défiance accrue, qui se traduit notamment par une fuite de capitaux projetée à 120 milliards de dollars sur l'ensemble de l’année, un niveau sans précédent depuis 2008, le rouble est sous pression. Il a cédé 18 % depuis le début de l’année face au dollar, pour tomber à un nouveau plus bas historique hier, à 40.42 roubles pour un dollar et 50.2 pour un euro. « La chute des cours de l’or noir, des nouvelles inquiétantes de l’Ukraine et la crainte de nouvelles sanctions font pression sur le rouble », souligne Natalia Orlova, économiste en chef d'Alfa Bank à Moscou. Avec pour conséquence mécanique un regain d'inflation, qui atteint déjà 8% depuis le début de l’année. Regain d'autant plus douloureux que les étals de magasins sont clairsemés en produits alimentaires, puisque le Kremlin a interdit l’importation de ces produits en provenance d’Europe en représailles aux sanctions occidentales. En outre, les entreprises russes endettées en devises risquent d’être étranglées par cet affaiblissement de leur monnaie. Leurs échéances sont estimées à 55 milliards de dollars d’ici la fin de l’année.

En théorie, la chute du rouble devrait toutefois doper la compétitivité des industries russes, mais pour l'instant rien n’indique qu’elles se substituent massivement aux importations. Seule bonne nouvelle, les recettes de l’Etat indexées sur les ventes d’hydrocarbures étant libellées... en dollars, le budget de l’Etat devrait dégager un excédent confortable cette année, ce dont le président russe, Valdimir Poutine s'est d’ailleurs félicité la semaine dernière. Mais le budget plongera très probablement dans le rouge sur la période 2015-2017, de l'aveu même des autorités.

Pour ralentir la glissade du rouble, la banque centrale a dû dépenser près de 6 milliards de dollars en dix jours, a reconnu hier sa gouverneur, Elivra Nabiullina. Rien de vertigineux, puisqu’elle détient les troisièmes réserves de change de la planète, à 457 milliards de dollars. Mais un élément préoccupant, puisque la firme de courtage Uralsib évalue à 30 milliards de dollars les munitions que la banque centrale va devoir dépenser d’ici la fin de l’année avant de laisser le rouble flotter librement l’année prochaine. Il s’avère donc très probable que la banque centrale augmente plutôt son taux directeur pour rendre les placements en rouble plus attractifs. Un taux supérieur actuellement à 8  %. Au risque de pénaliser encore d’avantage l’investissement privé et donc la croissance. Cette dernière étant tombée à seulement 0,5  % en rythme annuel actuellement, la Russie semble vraiment menacée de récession.

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